Patrice Scanu, le représentant des patients au sein de l’association Santé respiratoire France, atteint de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), est fier de vous présenter son recueil de poésies intitulé « Second souffle, poèmes pour mieux vivre« , créé en collaboration avec son fils, Arthur. Ils ont entrepris de poser des mots sur les émotions qui les traversent au quotidien. Ému et persuadé de l’impact émotionnel que ces poèmes peuvent produire sur les lecteurs, Patrice souligne la capacité de ce recueil à traduire aussi les ressentis des personnes souffrant de problèmes respiratoires. Ces poèmes peuvent les aider à vivre plus sereinement, se sentant comprises et entendues.
Retrouvez ici l’intégralité de son interview.
A qui s’adresse ce recueil de poésies ?
Ce recueil de poésies est une première. Il est destiné en premier lieu aux personnes souffrant de maladies respiratoires, mais aussi aux aidants, aux soignants, etc. En collaboration avec mon fils Arthur Scanu, professionnel dans le domaine de l’édition, nous avons travaillé avec rigueur pour créer un objet littéraire sur papier glacé sous l’égide de mon association personnelle, Respiracteurs. Le format poche permet de le transporter facilement partout, pour le lire, et le relire. Ce premier tirage compte 4000 exemplaires.
Quelle fut la genèse de cet ouvrage, qui est finalement un modèle d’art-thérapie ?
Patrice Scanu : Trois moments forts ont marqué la genèse de ce recueil de poèmes. Le premier a eu lieu dans le Nord de la France, en compagnie du pneumologue Jean-Marie Grosbois, lors d’une journée consacrée aux patients. Une femme, épouse d’un homme souffrant d’insuffisance respiratoire, lui fait part de ses inquiétudes : « Mon mari ne fait plus aucun effort et je ne sais plus comment le motiver ». En réponse, il lui a parlé de l’importance de l’action mentale dans la motivation, soulignant que « mettre en mouvement » la tête est plus complexe que les jambes, à court terme et surtout à long terme.
Le deuxième moment marquant est survenu lorsque j’ai reçu la lettre émouvante d’une femme ayant perdu son mari – lequel souffrait d’insuffisance respiratoire – des complications de la Covid-19. Sa plume a renforcé ma conviction quant à la puissance de l’expression écrite pour apaiser des douleurs. La dame soulignait que l’acte d’écrire lui procurait un soulagement.
Le troisième élément tire son origine du début de ma propre maladie, période où mon livre de chevet était « Le Manuel du Guerrier de la Lumière » de Paolo Coelho [l’ouvrage énonce l’ensemble des règles de vie et propose un mode d’emploi à ceux qui cherchent une harmonie dans leur vie, ndlr]. Ce manuel se présente sous la forme d’un livret renfermant de petits proverbes et adages, rappelant parfois les enseignements de Confucius ou de Lao Tseu (un sage chinois), empreints de simplicité et de sagesse. L’idée fondamentale de ce manuel réside dans le fait que les chevaliers de la lumière, face aux épreuves, ne se plaignent jamais. Ils préfèrent s’asseoir autour du feu avec leurs compagnons de guerre pour partager, échanger. C’est à travers ces expériences que j’ai puisé de l’énergie lors de moments où je me trouvais au plus bas. C’est dans ces instants que l’idée de ces poésies a germé.
Quelle est la philosophie de cet ouvrage ?
Patrice Scanu : L’idée sous-jacente était de concevoir une cinquantaine de poèmes capables de toucher divers publics : soignants, aidants, patients, et professionnels de la santé. Certains préféreront le poème numéro un, d’autres le numéro 17, et ainsi de suite. L’objectif ultime était d’atteindre ne serait-ce qu’une personne avec chaque poème, chez qui il résonnera, et de l’inscrire dans son parcours émotionnel. Chacun y trouvera tour à tour des expériences vécues, des désirs et des réflexions, des joies et des peines, des déceptions, des difficultés, des incertitudes, ressenties dans sa vie de malade.
Comment a été élaboré le projet ?
Patrice Scanu : La légitimité de mon fils Arthur Scanu pour écrire ces poèmes repose sur ses études littéraires et la création d’une entreprise d’événements à Paris axée sur la poésie, ainsi que d’un groupe de poètes. De plus, il a grandi dans un environnement où l’écriture a été un moyen d’expression dès son plus jeune âge, et cela aux côtés d’une personne souffrant d’insuffisance respiratoire.
Tout cela a conduit à la constitution d’une équipe d’écriture dirigée par Arthur, composée d’un professionnel de santé, d’un patient, d’un aidant. Leur mission était d’évaluer les poèmes, un processus de notation enrichi par des retours variés, provenant de malades, de proches, de soignants, etc. C’est une initiative novatrice.
Je précise que nous ne tirons aucun profit financier de cet ouvrage. Le laboratoire GSK a accepté de financer l’impression et la distribution. Pour ceux qui souhaitent obtenir le recueil, je dispose de mon propre stock. Bien que nous offrions les livres, nous demandons aux intéressés de prendre en charge les frais de livraison (environ 3,50€). Le lien ici.
Dans quel état d’esprit faut-il se trouver pour se plonger dans ce recueil de poésies ?
Patrice Scanu : Une maladie respiratoire se vit dans sa chair et dans sa tête. Nous ne sommes pas les seuls à partager nos émotions, nos difficultés, nos incertitudes, nos épreuves. Ainsi, que vous soyez malade, aidant, triste ou optimiste, notre intention est de toucher un public varié. Notre objectif est d’agir en tant que réveilleurs de conscience, quel que soit le contexte dans lequel vous vous trouvez. Récemment, j’ai reçu un message émouvant de la femme du Monsieur décédé dont je viens de parler, à qui j’avais offert le livret. Son retour, une lettre de 25 pages, reflète un grand émoi, avec des éloges sincères vis-à-vis de l’impact émotionnel du recueil.
Il suffit d’avoir l’envie d’ouvrir un livre de poèmes, car ici, il se déroule, se reprend, se repose. C’est véritablement un livre que l’on peut découvrir à n’importe quelle page. A chaque lecture, une expérience unique s’offre à vous. Ce n’est peut-être pas poétique, mais c’est authentique.
Ces poèmes se savourent ?
Patrice Scanu : C’est exactement ce que je ressens, c’est une délectation à chaque lecture. Parfois, lorsque je relis les poèmes écrits par mon fils, il en est un où il exprime le souhait d’être une fenêtre ouverte aux quatre vents, afin que le vent puisse s’y engouffrer. J’aspire à être cette fenêtre ouverte au Mistral, afin que le vent puisse s’engouffrer dans mes poumons.
| Poème Je te souhaite Un matin sans fatigue Une main ouverte pour t’y abriter Une bouche Pour y partager l’air que l’on n’a plus Et le temps Qui nous manque Et qu’on doit Conquérir |
📘 Second souffle est un recueil de textes écrits pour les patients atteints de pathologies respiratoires chroniques dans l’espoir qu’ils y trouvent du réconfort. Ce livre est une initiative de l’association Respiracteurs. Il est produit et diffusé gratuitement par le groupe GSK. ISBN 978- 2- 9590861- 9- 9 octobre 2023.
Interview réalisée par Hélène Joubert, journaliste.