Santé respiratoire France soutient activement le don d’organes. Face aux polémiques récentes, elle relaie les messages de l’Agence de la biomédecine, qui rassure la population : le certificat de décès est établi avant même d’envisager un don d’organes et de tissus. Le taux d’opposition au don d’organes est en hausse, il faut inverser cette tendance. C’est pourquoi Santé respiratoire France encourage chacun à exprimer clairement son opinion sur le don d’organes à ses proches, car ce sont eux qui, en l’absence de directives précises, pourraient manifester une opposition au moment du décès.
L’actualité n’est malheureusement pas en faveur du don d’organes. Un récent cas aux États-Unis (divulgué le 17 octobre dernier), impliquant un patient (Anthony Thomas Hoover) qui se serait réveillé in extremis alors que ses organes allaient être prélevés — bien que ce fait divers macabre issu du témoignage d’une employée de l’établissement n’ait pas été authentifié, une enquête est en cours — a suscité un écho défavorable, non seulement outre-Atlantique mais aussi en France.
L’Agence de la biomédecine a d’ailleurs signalé une hausse de 10 % des inscriptions sur la liste des refus de don d’organes dans les 24 heures suivant cette vague médiatique. « De 100 refus de dons par jour, nous sommes passés à 1 000. Ces chiffres illustrent le climat de suspicion et de peur qui s’est installé », s’inquiète l’institution. Tout en rappelant que les conditions encadrant le don d’organes dans les hôpitaux français rendent absolument impossible une telle situation. L’information rapportée par la radio publique américaine NPR est jugée « hautement suspecte du point de vue des anesthésistes français ». Car si aux États-Unis, le diagnostic de « mort cérébrale » peut être établi sur la base d’un seul examen clinique, en France un médecin senior doit effectuer ce premier examen, complété par des examens « paracliniques », tels qu’un électroencéphalogramme (pour objectiver l’absence d’activité cérébrale) ou une imagerie cérébrale pour vérifier l’absence d’irrigation du cerveau. Ce n’est qu’après cette procédure stricte que le certificat de décès peut être signé, autorisant le prélèvement d’organes.
Un bond de l’inscription au registre national du refus de 1 à 10 %
Ce chiffre reflète sans doute une méconnaissance des circonstances strictement encadrées qui entourent le don d’organes. Par exemple, selon l’Agence de la biomédecine, dans une enquête récente, 26 % des Français pensent que le donneur n’est pas encore décédé au moment du prélèvement d’organes.
Santé respiratoire France soutient le don d’organes, en l’occurrence la transplantation pulmonaire (lire le témoignage d’une personnes greffée pulmonaire « DITES-NOUS DANY PIANO, « SI VOUS ÉTIEZ… » ?), et dénonce les coups médiatiques, qu’ils soient volontaires ou non, qui nuisent à ce geste solidaire. En France, en 2023, 5 634 greffes ont été réalisées, soit une quinzaine de vies sauvées chaque jour, grâce à la coordination des équipes de transplantation. Chaque jour, deux à trois personnes inscrites sur liste d’attente décèdent faute de greffons disponibles. Avec l’augmentation du taux d’opposition au don, ce nombre de décès ne pourrait qu’augmenter.
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L’opposition au don d’organes constitue la première cause de non-prélèvement
Depuis 1976, tous les Français sont automatiquement considérés comme des donneurs potentiels, sauf s’ils s’y opposent de leur vivant en s’inscrivant sur le registre national des refus. Il est aussi possible de s’opposer verbalement auprès de ses proches ou de l’écrire sur un papier à conserver sur soi.
Lors d’un colloque organisé par l’association de patients Renaloo le 28 octobre 2024, Marine Jeantet, directrice de l’Agence de la biomédecine, a expliqué que l’opposition au don d’organes constitue la première cause de non-prélèvement, représentant plus des deux tiers des cas, bien devant les raison médicales. Le taux de refus moyen de 37 % masque des disparités locales : dans certaines agglomérations, il peut atteindre jusqu’à 50 %.
Pourquoi alors cette discordance avec les sondages, qui estiment à 80 % le nombre de Français favorables au don de leurs organes après leur décès ? En réalité, ce refus provient souvent des proches de la personne décédée, qui ne connaissent pas l’intention du défunt vis-à-vis du don d’organes, et, dans une moindre mesure les circonstances du décès ou un dialogue difficile avec le personnel hospitalier. C’est pourquoi Santé respiratoire France invite chacun à partager clairement sa position sur le don d’organes avec ses proches, car, sans directives explicites, ce sont eux qui pourraient s’y opposer. Selon les enquêtes, plus de la moitié des Français n’ont jamais abordé ce sujet avec leur entourage.
Pour faciliter ce choix délicat, il est recommandé de confier son accord ou son refus au don d’organes à un proche ou à une personne de confiance. Et, idéalement, consigner ses volontés dans ses directives anticipées.
« Le don d’organes est l’une des très rares occasions que l’on a de sauver jusqu’à 7 vies – voire plus encore avec le don de tissus – juste avec un mot, une conversation avec ses proches », précise Marine Jeantet.
👉 Lire notre dossier TOUT SAVOIR SUR LA TRANSPLANTATION PULMONAIRE, réalisé avec Dr Antoine Roux, médecin transplanteur à l’Hôpital Foch (Suresnes, 92)
👉 « NE PAS CRAINDRE LA TRANSPLANTATION PULMONAIRE », Serge, 61 ans (Aubagne, Bouches-du-Rhône), greffé des poumons en janvier 2022
Références :
Communiqué de l’Agence de la biomédecine « Le 22 juin, la journée pour parler du don d’organes et continuer à sauver des vies » (2024) ; Communiqué Renaloo d’octobre 2024 « Faire reculer l’opposition au don d’organes : Une urgence éthique »
Article rédigé par Hélène Joubert ; Validé par le Dr Laurent Nguyen, médecin pneumologue