La poursuite et la bonne observance de la PPC dans...
Que sont les apnées du sommeil ?
Les apnées du sommeil – ou plus exactement le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) – sont une maladie chronique très fréquente qui se caractérise par la survenue de pauses respiratoires de plus de dix secondes pendant le sommeil, avec des épisodes d’interruption de la respiration ou ventilation (apnées) ou de réduction de celle-ci (hypopnées). Concrètement, la baisse du tonus de la langue, du pharynx et de l’ensemble des muscles postérieurs de la gorge induit une obstruction complète des voies aériennes supérieures. Le cerveau est alors temporairement privé d’oxygène. Cette situation de stress provoque soit un micro-réveil, brutal ou non, soit une diminution de l’intensité du sommeil ce qui va permettre une reprise inspiratoire bruyante : le pharynx retrouve automatiquement sa tonicité et laisse à nouveau passer l’air.
Le degré de sévérité dépend à la fois des symptômes et de l’ « index d’apnées hypopnées » (IAH) par heure de sommeil :
Plus le nombre d’évènements respiratoires nocturnes est important, plus la baisse d’oxygène dans le sang (désaturation nocturne) et la fragmentation du sommeil le sont aussi.
Toutes les tranches d’âges sont concernées.
Les enfants aussi !
Entre 1 à 4 % des enfants seraient concernés, le plus souvent entre 2 et 8 ans, puis entre 12 et 16 ans, même si toutes les tranches d’âge sont concernées.
Plusieurs facteurs peuvent conduire à des apnées du sommeil. Les repérer permet de limiter la sévérité des apnées et de prévenir leurs conséquences.
➡ Le surpoids : L’obésité est la cause principale des apnées du sommeil chez les adultes, à l’origine de troubles de la mécanique respiratoire, de la diminution du calibre des voies aériennes et de la constitution d’un amas graisseux autour du pharynx. Environ 40 % des personnes en surpoids et 77 % présentant une obésité morbide souffrent d’apnées du sommeil (6).
Néanmoins, si le profil type de l’ « apnéique » est la personne obèse, il faut se méfier car parfois, il n’y a même pas de surpoids.
🔍 A savoir : Chez les personnes à risque d’apnées du sommeil, le principal facteur, devant la prise de poids, est l’alcoolisation aiguë (c’est-à-dire une surconsommation occasionnelle de boissons alcooliques entraînant un degré d’alcoolisation très élevé).
➡ Ces apnées sont également rencontrées chez les personnes souffrant de diabète de type 2 (le diabète « sucré »). Mais les diabétiques de type 1 en souffrent aussi, pour 20 % d’entre eux, pourtant rarement en surpoids.
➡ Des anomalies faciales : On diagnostique également des apnées du sommeil chez des personnes ayant une dysmorphie faciale avec rétrognathie (menton en arrière/ mandibule décalée vers l’arrière par rapport à la mâchoire supérieure).
➡ Les femmes aussi ! Souvent perçue comme une maladie touchant essentiellement l’homme, les apnées du sommeil sont pourtant un trouble fréquent chez la femme, surtout après la ménopause du fait de la prise de poids et des modifications hormonales. Il existe quelques particularités de la maladie chez la femme :
Des signes banalisés et souvent inconstants
Ronflements, sommeil agité, somnolence dans la journée, fatigue, difficultés à se réveiller, maux de tête matinaux, sont des symptômes évocateurs d’apnée du sommeil. Mais il n’est pas si facile de se rendre compte de ses propres apnées. Ce sont souvent les remarques du conjoint sur le problème de ronflement que rencontre la personne apnéique qui attirent l’attention. Mais tous les ronfleurs ne sont pas des apnéiques…
Les signes de cette maladie ne sont pas spécifiques. Souvent banalisés et inconstants, ils rendent la prise de conscience de la maladie difficile. De plus, les symptômes progressent sur plusieurs années, ce qui facilite l’ « adaptation » du patient à ses symptômes, qu’il a alors tendance à sous-estimer.
Attention aux signes trompeurs chez les femmes !
Dans les formes légères et modérées, les femmes se plaignent surtout de symptômes généraux (fatigue, manque de dynamisme, dépression, insomnie) mais peu décrivent une somnolence. Elles ont tendance à ressentir des palpitations intenses et des malaises récurrents, des douleurs thoraciques voire des syncopes vagales. Elles pourraient aussi ronfler plus discrètement que les hommes. Ces signes trompeurs, surtout après la ménopause, cachent pourtant des apnées. De la fatigue, des maux de tête au réveil, des insomnies, etc. doivent faire consulter.
🔍 A savoir : 25 % des femmes enceintes seraient concernées par les apnées du sommeil.
Les signes qui doivent alerter chez l’enfant : des ronflements bruyants (l’arrêt temporaire du ronflement signe la pause respiratoire caractéristique des apnées du sommeil) et/ou une respiration difficile et bouche ouverte (pendant le sommeil ou au cours de la journée), un sommeil agité et/ou avec de fréquents éveils, de la fatigue et/ou de la somnolence en journée, des troubles du comportement (une hyperactivité, un manque d’attention et de concentration, des variations de l’humeur dont l’irritabilité), des troubles des apprentissages, des problèmes de prise de poids, des troubles de croissance, un asthme déséquilibré et difficile à traiter… Il faut s’inquiéter de la qualité du sommeil de l’enfant, et consulter un pneumologue (voire un spécialiste du sommeil, un ORL, un pneumopédiatre, ou son médecin généraliste qui saura orienter les parents vers le bon praticien) pour que celui-ci évoque, dépiste et traite d’éventuelles apnées du sommeil.
Comment est posé le diagnostic ?
En plus de rechercher les symptômes habituels (ronflement, fatigue chronique, somnolence…), le risque d’apnées du sommeil peut être évalué par le biais de questionnaires, dont l’échelle de somnolence d’Epworth.
En complément, un enregistrement du sommeil (polygraphie ventilatoire nocturne ou polysomnographie) permet de poser le diagnostic.
A savoir : On estime que sept personnes apnéiques sur dix ne sont pas diagnostiquées. Les apnées sont encore plus souvent ignorées chez les femmes en comparaison aux hommes.
🔍 Pour aller plus loin
Certaines applications permettent d’enregistrer les ronflements (telle iRonfle….).
Un test d’apnées du sommeil médical certifié dispositif médical est disponible (Sunrise) : des capteurs placés sur le menton enregistrent des mouvements caractéristiques des apnées, qui sont ensuite analysés, permettant de dépister un éventuel syndrome. Cette recherche est soutenue par l’Institut Européen d’Innovation et de Technologie, l’Imperial College London et l’université de Grenoble Alpes.
Plusieurs traitements peuvent améliorer le flux respiratoire et les risques liés à la maladie, sans pour autant la guérir. Ils sont prescrits par le médecin ayant une compétence particulière dans la prise en charge des troubles du sommeil ou le pneumologue.
Dans les apnées légères, ces petits appareils amovibles – sortes de gouttières – dégagent le pharynx en avançant la mâchoire inférieure pour maintenir un filet d’air dans la bouche. Cela peut parfois suffire.
Avec le traitement par pression positive continue (PPC), le malade dort avec un masque narinaire, nasal ou naso-buccal où la pression de l’air inspiré est augmentée (d’à peine quelques millimètres de mercure), levant ainsi le barrage mécanique qui empêche l’air de passer.
En théorie, la PPC doit être proposée dans les apnées sévères et modérées lorsque ces dernières s’accompagnent d’au moins dix micro-éveils par heure de sommeil ou en présence d’une maladie cardiovasculaire grave associée.
Le bénéfice de ce traitement est formellement démontré, comme le consigne la Haute autorité de santé (HAS), tant pour améliorer la qualité de vie du patient que pour corriger les symptômes (somnolence, fatigue…), l’hypertension et le risque cardiovasculaire associés aux apnées du sommeil. Ceci à la condition que la machine soit utilisée un minimum de 4 heures par nuit.
Utilisée pendant plusieurs mois, la PPC réduit de manière significative plusieurs composantes du syndrome métabolique et améliore la pression artérielle, corrige la variabilité de la glycémie (taux de sucre dans le sang) la nuit chez les diabétiques voire la sensibilité à l’insuline.
La PPC est considérée comme le traitement de référence du SAHOS sévère depuis 1981. Elle est d’ailleurs prise en charge à 60 % par la Caisse d’assurance maladie et à 40 % par la mutuelle, voire à 100 % au titre d’une affection de longue durée (ALD). Néanmoins, en pratique, de nombreux spécialistes estiment que la PPC devrait être plus couramment prescrite et proposée également dans des formes modérées voire légères, avec un traitement le plus précoce possible dans l’optique d’éviter le développement de complications éventuelles.
🔍 Plus d’un million et demi de personnes sont appareillées par PPC en France. On estime que 3 à 4 millions devraient l’être.
En parallèle du traitement prescrit, la chasse est faite aux médicaments qui favorisent les apnées. De même, des conseils personnalisés d’hygiène de vie, relatifs à l’activité physique et à une alimentation équilibrée (afin d’agir sur certains facteurs de risque comme le diabète, le surpoids, la sédentarité…), peuvent être délivrés. Enfin, l’arrêt du tabac et la limitation de la consommation d’alcool, surtout le soir, sont préconisés.
Un accompagnement avec un kinésithérapeute et/ou un orthophoniste peut être mis en place, afin de redonner du tonus à la langue.
La chirurgie peut être proposée en cas d’anomalies anatomiques de la sphère ORL (obstruction nasale, grosse base de langue) ou maxillo-faciales.
Un accompagnement en éducation thérapeutique adapté aux besoins du patient est bénéfique pour mieux comprendre sa maladie et la gérer au quotidien. Pour vous renseigner sur les programmes proches de chez vous, votre médecin est votre premier interlocuteur.
Une prise en charge multidisciplinaire et adaptée à l’enfant est nécessaire : chirurgie des amygdales, orthodontie, traitement des allergies, rééducation de la langue, recours éventuel à la pression positive continue (PPC)… L’objectif est de permettre à l’enfant de respirer normalement la nuit (par le nez !) et de retrouver ainsi un sommeil et une qualité de vie de qualité. Traiter jeune permet aussi de diminuer le risque d’apnées à l’âge adulte, et ainsi de limiter les conséquences des apnées sur la santé.
Un sommeil de Marmotte : une application mobile, ludique et pédagogique, conçue par des médecins pour vous aider à comprendre les troubles respiratoires du sommeil de vos enfants et les aider à mieux respirer, pour mieux dormir et bien grandir.