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Actualités santé respiratoire

Les news de la santé respiratoire de la rentrée 2024

Le poids de la BPCO dans le monde à l’horizon 2050

Dans une étude fondée sur un modèle mathématique, au niveau mondial le nombre de personnes âgées de 25 ans et plus touchées par la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) devrait approcher les 600 millions de cas d’ici à 2050, soit une augmentation de 23 % par rapport à 2020. La plus forte augmentation est projetée chez les femmes et dans les pays et régions à revenus faible ou intermédiaire. Le nombre de cas chez les femmes devrait bondir de 47,1 % (+ 9,4 % chez les hommes).

Références : Global Burden of Chronic Obstructive Pulmonary Disease Through 2050 (dicember 2023). JAMA Netw Open. 2023;6(12):e2346598. doi:10.1001/jamanetworkopen.2023.46598

Apnées du sommeil, un argument en faveur de l’observance

Apnées du sommeil : une maladie respiratoire très largement sous-diagnostiquée !

Une méta-analyse regroupant les données de trois essais cliniques, incluant au total 4 186 patients, a examiné l’association entre le traitement par pression positive continue (PPC) du syndrome des apnées obstructives du sommeil et le risque de faire des événements cardiovasculaires récurrents, ceci chez les participants présentant à la fois des apnées et une maladie cardiovasculaire. L’utilisation assidue du traitement par PPC pendant 4 heures/jour ou plus est associée à une réduction du risque de récurrence d’événements cardiaques majeurs ou cérébrovasculaires.

Références : Adherence to CPAP Treatment and the Risk of Recurrent Cardiovascular Events (oct. 2023) JAMA. 2023;330(13):1255-1265. doi:10.1001/jama.2023.17465

Covid-19, le virus se cache parfois dans les poumons

Une étude menée par l’Institut Pasteur (Paris) a exploré la persistance du virus de la Covid-19 – le SARS-CoV-2 – dans les poumons et le rôle de l’immunité innée. Alors que le contrôle immunitaire rend le virus indétectable dans les voies respiratoires supérieures une à deux semaines après avoir contracté la Covid-19, les résultats des chercheurs révèlent que le virus persiste dans les poumons de certains individus jusqu’à 18 mois après l’infection. La quantité de virus persistants était plus faible pour la souche Omicron que pour la souche originale du SARS-CoV-2. Cette persistance semble liée à une défaillance de l’immunité innée, la première ligne de défense de l’organisme contre les infections. L’étude met en effet en lumière le rôle des cellules NK (Natural Killer) de l’immunité innée dans le contrôle des réservoirs viraux. Chez certains individus, ces cellules NK (dites « adaptatives » car elles peuvent développer des réponses spécifiques en fonction du type d’agression, comme celle provoquée par des agents infectieux) détruisent les cellules infectées par le virus, tandis que chez d’autres, elles perdent leur capacité de destruction, contribuant à la persistance virale. Ce mécanisme pourrait expliquer au moins en partie la présence de « réservoirs viraux ». L’immunité innée semble jouer un rôle crucial dans le contrôle des virus SARS-CoV-2 persistants.

Ces résultats invitent les chercheurs à conduire d’autres études approfondies, en particulier sur de grandes populations de personnes (cohortes) ayant été infectées par le SARS-CoV-2 au début de l’épidémie, afin de comprendre les implications de cette découverte, notamment dans les cas de « covid long ».

Référence : SARS-CoV-2 viral persistence in lung alveolar macrophages is controlled by IFN-γ and NK cells, Nature Immunology, 2 novembre 2023

Dépister le cancer du poumon, un argument supplémentaire

Journée mondiale de lutte contre le cancer. Faut-il dépister le cancer du poumon ?

Une étude menée dans le département de la Somme a évalué la faisabilité d’un dépistage organisé du cancer du poumon par scanner du thorax faiblement irradiant chez les personnes à risque, tels que les gros fumeurs et/ou anciens fumeurs, âgés de 55 à 74 ans. Les résultats finaux, présentés par le Dr Olivier Leleu (pneumologie, Centre hospitalier d’Abbeville) au congrès européen de pneumologie 2023, démontrent le bénéfice du scanner thoracique faiblement irradiant pour dépister le cancer du poumon, avec une réduction de la mortalité d’environ 20 %. L’étude, amorcée en 2016, a concerné 1 369 patients sur la période allant de mars 2016 à février 2020. Les participants ont été soumis à des scanners thoraciques à différentes étapes. Le résultat du scanner était positif chez 5,3 % des participants à l’inclusion dans l’étude, chez 4,5 % à un an et chez 1,3 % à deux ans. Au total, 43 cancers pulmonaires ont été diagnostiqués. Les stades précoces du cancer représentaient la majorité des cas, avec 72,1 % des patients de stade 1 ou 2 traités par chirurgie seule ou associée à d’autres traitements.

L’étude démontre la faisabilité et l’efficacité du dépistage du cancer pulmonaire en vie réelle par scanner thoracique faiblement irradiant. Cependant, des efforts sont nécessaires pour améliorer la participation des personnes au dépistage, qui diminue au fil du temps, malgré les avantages démontrés. Au niveau international, trois grands essais randomisés positifs ont montré eux-aussi une réduction de la mortalité par cancer du poumon, de l’ordre de 20 %.

Apnées du sommeil, le traitement intéressant en cas d’hypertension résistante

Le syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) est une maladie associée (comorbidité) très fréquente dans l’hypertension artérielle (HTA) résistante au traitement habituel. Il y a donc un réel intérêt à rechercher un SAHOS chez ces patients. Une étude française présentée au Congrès du sommeil en novembre 2023 met en lumière l’importance du dépistage du SAHOS chez les patients souffrant d’hypertension artérielle résistante. Un seuil d’indice d’apnées hypopnées (IAH) de 20 par heure est retrouvé chez 38 % des patients. Chez ceux présentant une HTA résistante, cette proportion est encore plus élevée : 83 % ont un seuil d’IAH de 10/h. La ventilation par pression positive continue (PPC) montre des résultats modestes sur la pression artérielle chez les patients hypertendus non résistants. Cependant, une méta-analyse récente, en 2021, conduite chez les patients souffrant d’HTA résistante, a trouvé une diminution un peu plus importante. Toute diminution de la pression artérielle est bénéfique sur le plan cardiovasculaire.

Référence : Session « Faut-il dépister le SAS dans les pathologies cardiovasculaires ? » /communication de Benoît Lequeux (CHU de Poitiers) « Dans l’hypertension artérielle ? » 23 novembre, Congrès du sommeil 2023

Diabète, prédiabète et risque de BPCO à long terme

Diabète, prédiabète et risque de BPCO à long terme

La BPCO est souvent liée à d’autres problèmes de santé comme l’hypertension artérielle, les problèmes cardiaques et le diabète. À un stade avancé de la BPCO, environ 14 % des personnes peuvent avoir du diabète. Une légère hausse du taux de sucre dans le sang (hyperglycémie) semble déjà être liée à des problèmes pulmonaires, avant que le diabète ne se déclare complètement. Les troubles du taux de sucre dans le sang peuvent aggraver la BPCO en augmentant le risque d’épisodes respiratoires graves. De plus, cela peut directement endommager les poumons, avec des lésions des petits vaisseaux sanguins, une inflammation des muscles des voies respiratoires, ou même des dommages au niveau des nerfs des muscles respiratoires.

Une étude menée à partir de la vaste base de données anglaise de l’UK Biobank, portant sur 452 680 participants sans bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) initiale, a exploré la relation entre le diabète, le prédiabète et le risque de développer une BPCO. Après un suivi médian de 12,3 années, les résultats indiquent que le prédiabète et le diabète sont associés à un risque accru de BPCO de 18 % et 35 % respectivement, par rapport à un groupe de personnes de référence non diabétique. L’analyse révèle également une relation dose-effet, où la durée du diabète est corrélée à un surrisque modéré de BPCO. Cette analyse renforce l’association significative entre le diabète ou le prédiabète et le risque de BPCO à long terme. L’ancienneté du diabète pourrait augmenter la mortalité liée à cette maladie respiratoire chronique.

Référence : Jian Su MM et coll. Associations of diabetes, prediabetes and diabetes duration with the risk of chronic obstructive pulmonary disease: A prospective UK Biobank study. Diabetes Obes Metab 2023;25(9):2575-2585. doi: 10.1111/dom.15142.

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La Covid-19, troisième cause de décès en 2021

En 2021, la France a enregistré 660 168 décès, marquant une diminution par rapport à 2020, mais dépassant les années précédentes. Les principales causes de décès étaient les pathologies cardiovasculaires, suivies des tumeurs. La Covid-19 occupait la troisième place, représentant 9,2 % de l’ensemble des décès, avec 60 895 décès, principalement chez les personnes âgées (âge médian de 84 ans). Les décès liés à la Covid-19 ont majoritairement eu lieu dans les établissements publics de santé.

Référence : Grandes causes de mortalité en France en 2021 et tendances récentes. Bull Épidémiol Hebd. 2023;(26):554-69

La cuisson au gaz, une menace silencieuse 

Une récente étude européenne indépendante dévoilée fin 2023 met en lumière les dangers de la cuisson au gaz sur la qualité de l’air intérieur en France. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les enfants vivant dans des foyers utilisant des cuisinières à gaz ont 20 % de chances supplémentaires de développer des maladies respiratoires en raison du dioxyde d’azote (NO2) émis par ce type de cuisson.

Plus de la moitié (53 %) des foyers français utilisant la cuisson au gaz dépassent le seuil quotidien recommandé par l’OMS pour l’exposition au NO2. Les concentrations de dioxyde d’azote sont près de deux fois plus élevées dans les foyers utilisant des appareils de cuisson au gaz par rapport à ceux utilisant des appareils électriques.

Le dépassement des limites de l’OMS expose à des risques significatifs pour la santé, provoquant une inflammation des voies respiratoires, une réduction de la fonction pulmonaire, des crises d’asthme et d’autres complications respiratoires, en particulier chez les enfants. L’étude souligne également que la pollution au NO2 ne se limite pas à la cuisine mais se propage dans l’ensemble du foyer.

En extrapolant les résultats sur une année, les chercheurs constatent que plus d’un quart (29 %) des foyers français ne respectent pas la valeur limite de l’Union Européenne pour l’exposition au NO2. L’absence de régulation de la qualité de l’air intérieur accroît les niveaux de dioxyde d’azote dans les foyers, qui sont parfois supérieurs à ceux mesurés en extérieur.

Les chercheurs recommandent un passage à la cuisson électrique, combiné à l’utilisation de hottes de ventilation conçues pour réduire l’exposition aux particules émises pendant la cuisson. Les chercheurs appellent à une prise de conscience publique et à des mesures gouvernementales pour promouvoir des alternatives plus propres et plus saines.

Référence : Clearing the Air: Gas Cooking and Pollution in European Homes, November 2023. https://www.clasp.ngo/cook-cleaner-europe/

Lobbying de l’industrie du tabac : plus d’un million d’euros pour entraver les mesures de santé publique

Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) vient d’être adopté et que le Programme national de lutte contre le tabac 2023-2027 (PNLT) a été récemment dévoilé, l’ACT-Alliance contre le tabac a rendu public son rapport sur le lobby de l’industrie du tabac. Malgré l’opacité des déclarations, entravant une évaluation précise des montants, l’association estime qu’au minimum plus de 1 150 000 euros sont dépensés annuellement pour entraver les politiques de santé publique. Ces fonds proviennent tant des géants du tabac (Philip Morris France, British American Tobacco, etc.) que de leurs alliés, tels que la Confédération des buralistes.

Malgré la ratification d’un traité international visant à limiter l’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques de santé publique (Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac), de telles activités d’influence persistent dans notre pays. À plusieurs reprises, le gouvernement a fait marche arrière sur certaines mesures, notamment fiscales. Pour contrer ce lobby, l’ACT réclame l’obligation pour les parlementaires de spécifier la source de leurs amendements (obligation de « sourcing ») et demande une transparence totale sur les rencontres entre les industriels du tabac et les parlementaires.

L’influence de l’industrie du tabac sur les politiques publiques ne se restreint pas aux grands fabricants de cigarettes, connus sous le nom de « Big Four » (Philip Morris France, Japan Tobacco International, Seita et British American Tobacco). Outre ces acteurs majeurs, d’autres parties ont des intérêts financiers à protéger. Parmi eux figurent les fournisseurs de produits du tabac, en particulier Logista France, les organisations ou associations d’entreprises telles que l’AFIT (Association française des industriels du tabac) ou l’UNIFAB (union des fabricants), les sociétés de conseil comme Thomas Marko & Associés, Ernest & Young, Publicis, etc., ainsi que les débitants de tabac, représentés par la Confédération des buralistes.

Avec son réseau étendu, ce groupe d’intérêt dispose également des ressources financières nécessaires pour influencer les décisions politiques. Selon les données de la Haute autorité pour la Transparence de la vie publique (HATVP), ce lobby dépense au minimum entre 1 150 000 et 1 700 000 euros chaque année pour ses activités d’influence, hors prestations des cabinets de conseil. En comparaison, les activités de lobbying en faveur de la viande, déjà très puissantes, sont estimées entre 550 000 et 1,1 million d’euros.

Ces montants considérables s’accompagnent d’un réseau étendu de lobbyistes. À ce jour, cinq lobbyistes travaillent pour les intérêts de l’industrie du tabac après avoir occupé des postes auprès de décideurs politiques. Ancien collaborateur parlementaire de Catherine Procaccia, Kevin Reva a rejoint Philip Morris en 2022 en tant que « Public Affairs Manager ». La même année, sa sénatrice posait une question parlementaire sur la promotion des « alternatives » à la cigarette, dont le tabac chauffé, un nouveau produit phare du cigarettier. Une situation similaire concerne Marine Sauce, actuellement chez Japan Tobacco International après avoir été assistante parlementaire pour François Bonhomme pendant quatre ans, un député bien connu pour son soutien fréquent aux industriels, notamment sur la question de la taxation des produits du tabac.

Les liens d’intérêt s’étendent encore plus loin, avec certains parlementaires détenant des participations au capital des cigarettiers. Selon ses déclarations de 2021, le sénateur Claude Malhuret, médecin et ancien président de Médecins sans frontières, possède plus de 16 000 euros d’actions dans l’industrie du tabac.

Lire le rapport : ici.

Des brèves issues du congrès européen de pneumologie (ERS) 2023

  • Une étude pilote nationale menée au Royaume-Uni a révélé des diagnostics précoces de pneumopathies interstitielles diffuses grâce à un dépistage par scanner thoracique à faible dose chez des fumeurs.
  • Un essai clinique randomisé a révélé l’effet bénéfique de la morphine LP (5 mg deux fois par jour pendant 14 jours) sur la toux chronique chez des patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique, avec une réduction d’environ 40 % par rapport au placebo.
  • On comprend mieux la fibrose pulmonaire (une maladie où les tissus du poumon deviennent cicatriciels et rigides), en ce qui concerne son développement. De nouveaux médicaments sont à l’étude. Parmi eux, le BMS-986278, un médicament pris par voie orale, agit en bloquant un récepteur spécifique (le récepteur 1 de l’acide lysophosphatidique). Ce médicament vise à influencer les processus cellulaires impliqués dans la fibrose pulmonaire pour atténuer les symptômes ou ralentir la progression de la maladie. Une étude de phase 2, randomisée, a comparé ce médicament à un placebo chez 125 patients présentant une fibrose pulmonaire progressive malgré un traitement initial bien suivi pendant deux ans. Après 26 semaines de traitement, une amélioration de la fonction pulmonaire a été constatée.  

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