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Se protéger des feux de forêt et de leurs fumées

Incendies… Protéger sa santé respiratoire

Deux incendies de grande ampleur ont éclaté les 7 et 8 juillet, l’un dans l’Aude près de Narbonne, l’autre dans les Bouches-du-Rhône, à proximité de Marseille puis a gagné la ville. D’autres feux ont ravagé des centaines d’hectares dans l’Hérault et le Gard. Le risque d’incendie affecte fortement la santé respiratoire, principalement à cause de l’exposition à la fumée et aux particules toxiques émises lors de la combustion. Qu’est-ce qui explique la fragilité accrue des personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques, et comment se protéger efficacement face à ce type d’exposition ?

Pr Chantal Raherison, pneumologue

Ces épisodes de pollution que représentent les incendies, bien que brefs, sont particulièrement intenses et peuvent aggraver l’état des personnes atteintes de maladies respiratoires. D’après le Pr Chantal Raherison-Semjen (Service de pneumologie CHU de la Guadeloupe), « les feux de forêt entraînent des pics de pollution nocifs pour les patients asthmatiques, ceux atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), mais aussi pour l’ensemble des personnes souffrant de pathologies respiratoires chroniques ». Depuis le début des années 2000, plusieurs études scientifiques ont documenté les effets de ces incendies sur la santé.

Par exemple, même chez des personnes non asthmatiques, une exposition de deux à cinq jours à la fumée issue des feux de forêt ou du brûlage agricole (comme celui de la canne à sucre) augmente le risque de symptômes respiratoires irritatifs (toux, sifflements), tout en majorant les risques d’exacerbation et de dyspnée chez les patients asthmatiques ou BPCO.

Cette pollution liée aux incendies est connue de longue date. La combustion de biomasse – comme le bois lors des incendies de forêt – libère des particules fines et des hydrocarbures aromatiques polycycliques, substances nocives également émises lors de la combustion de matières organiques ou fossiles. On observe ce même phénomène, à moindre échelle, lors de l’enfumage des vignes et des vergers pour protéger les bourgeons du gel, ou encore avec les émissions liées au trafic routier.

Comment les fumées affectent-elles les systèmes respiratoire et cardiovasculaire ?

Précisément, la fumée dégagée par les incendies, qu’il s’agisse de feux de forêts, d’habitations ou de bâtiments industriels, renferme un mélange toxique de particules fines (PM2,5), de gaz comme le monoxyde de carbone, le dioxyde d’azote, ainsi que des composés organiques volatils (acroléine, formaldéhyde et le benzène…), des composés semi-volatils dont les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des métaux lourds et des oxydes d’azote (NOx). Une fois inhalés, ces polluants pénètrent profondément dans les poumons. Ils provoquent alors rapidement des irritations et un cortège de symptômes tels que toux, picotements dans la gorge, yeux larmoyants. Chez certaines personnes, notamment les plus fragiles, ils peuvent déclencher des troubles respiratoires aigus, comme un essoufflement marqué, des crises d’asthme ou des bronchites.

Lorsqu’elles se répètent ou se prolongent, ces expositions augmentent le risque de développer des maladies respiratoires chroniques, telles qu’une broncho-pneumopathie obstructive ou un cancer du poumon.

Fumées noires, fumées blanches

« Les fumées noires contiennent du benzène, du cyanure et du monoxyde de carbone, détaille le Dr Frédéric le Guillou, pneumologue et président de Santé respiratoire France. Quant aux fumées blanches, elles libèrent des particules fines (PM10) et ultrafines (PM2,5). Ces particules atteignent les alvéoles pulmonaires, puis passent dans le sang, provoquant un stress oxydatif impliqué dans la formation de thromboses, c’est-à-dire de caillots obstruant une artère. C’est pourquoi les incendies affectent donc non seulement les poumons, mais aussi le système cardiovasculaire. »
En résumé, les particules fines traversent la barrière pulmonaire pour pénétrer dans le sang, provoquant une inflammation systémique et des complications cardiovasculaires, lesquelles accentuent indirectement les troubles respiratoires.

Quelles sont les populations vulnérables ?

Les populations vulnérables comprennent :

  • Les enfants,
  • Les personnes âgées,
  • Les personnes souffrant de maladies respiratoires comme l’asthme ou la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO),
  • Ainsi que celles atteintes de pathologies cardiovasculaires.
  • Les femmes enceintes sont aussi concernées, car l’exposition peut entraîner des risques pour le fœtus.

Que faire en cas de feu de forêt à proximité ? 🔥

  • Lorsqu’un incendie se déclare à proximité, il est impératif de se protéger rapidement, surtout pour les personnes atteintes de maladies respiratoires. En cas d’ordre d’évacuation, un départ anticipé est préférable. Sinon, rester à l’intérieur, fenêtres et portes fermées, limite l’exposition aux fumées toxiques.
  • Il est important de suivre les alertes locales sur la qualité de l’air, notamment l’indice de qualité de l’air L’indice ATMO, pour adapter son comportement.
  • Les mêmes précautions que lors d’un pic de pollution s’appliquent : ajuster, si besoin, la posologie du traitement bronchodilatateur avec l’accord du médecin, surveiller les symptômes et consulter en cas d’exacerbation.
  • Le port d’un masque FFP2, ou à défaut chirurgical, contribue à réduire l’inhalation des particules fines.
  • Eviter toute activité physique intense en extérieur, car une respiration excessive, très rapide et profonde (hyperventilation), augmente la pénétration des particules toxiques et favorise la déshydratation.
  • Utiliser un purificateur d’air équipé d’un filtre HEPA peut aussi limiter la présence de polluants dans l’habitat.
  • Rechercher un secours immédiat dès l’apparition de l’un des symptômes suivants : toux persistante ou aggravation de la toux, essoufflement plus important que d’habitude, douleur ou oppression thoracique, faiblesse ou fatigue marquée.

« À plus long terme, lance Frédéric le Guillou, il faut encourager les politiques visant à réduire les risques d’incendie, par une gestion adaptée des espaces forestiers et des normes de construction. La sensibilisation du public à la qualité de l’air et aux effets des polluants reste un levier majeur pour prévenir ces risques. »

Pour en savoir plus : Feux de forêt : quels effets sur notre santé ? par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail)

Hélène Joubert

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