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Campagne 2025 contre le VRS : comment protéger les nourrissons ?

La troisième campagne de prévention contre le virus respiratoire syncytial (VRS), destinée à protéger les nouveau-nés et les nourrissons, est lancée en France métropolitaine ce 1er septembre 2025.

Le calendrier de la prochaine campagne de prévention contre le virus respiratoire syncytial (VRS) chez les nourrissons s’ouvre ce lundi 1er septembre 2025. Deux approches sont proposées : la vaccination des femmes enceintes avec Abrysvo® ou l’administration directe au nourrisson de l’anticorps monoclonal nirsévimab (Beyfortus®).

La vaccination maternelle correspond à une immunisation dite « active » : la mère reçoit le vaccin pendant la grossesse, développe des anticorps et les transmet au fœtus, conférant ainsi une protection au bébé dès la naissance et pendant au moins six mois. L’autre option repose sur une injection intramusculaire de nirsévimab au nouveau-né, qui reçoit alors directement les anticorps monoclonaux.

Dans les deux situations, la protection dépend d’anticorps dont la durée d’action reste limitée. « Les données sur leur persistance s’affinent, mais la priorité reste de protéger l’enfant au cours de ses six premiers mois, période où les formes graves de bronchiolite liée au VRS sont les plus fréquentes », précise le Pr Hervé Haas, pédiatre infectiologue au CHU de Nice, président du Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique de la Société française de pédiatrie et membre expert d’Infovac, un réseau d’expertise et d’information indépendant sur la vaccination.

Pourquoi se protéger du VRS ?
Les personnes souffrant de pathologies chroniques (maladies respiratoires, rénales, cardiaques ou diabète) courent un risque accru de contracter une infection sévère, quel que soit l’agent infectieux. En particulier, le virus syncytial respiratoire (VRS), actif en hiver, est un pathogène très contagieux, se transmettant par voie aérienne, éternuements, toux, parole, salive et surfaces contaminées. Ce virus provoque différents symptômes selon l’âge, impactant la santé et la qualité de vie des personnes infectées. Si toutes les tranches d’âges sont concernées, les nourrissons paient un lourd tribut à l’infection, notamment avec la bronchiolite, en raison de l’immaturité de leur système immunitaire et de leurs poumons.

EN SAVOIR PLUS SUR LES IMPACTS DU VRS (VIDEO)

Quand immuniser contre le VRS ?

La question essentielle concerne le choix du moment où proposer l’immunisation, afin que la protection couvre la période de circulation du virus, habituellement comprise entre octobre et mars. Cette fenêtre reste cependant variable : certaines années, l’épidémie débute fin septembre ou seulement en novembre ; elle peut s’achever dès janvier, comme la saison 2024-2025, ou se prolonger jusqu’en mars, comme lors des précédentes.

C’est dans ce contexte que la Direction générale de la santé a recommandé un démarrage différencié de la campagne :

  • le 1er septembre en France métropolitaine, ainsi qu’à La Réunion, en Martinique, en Guadeloupe, à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy ;
  • le 1er août en Guyane ;
  • et le 1er octobre à Mayotte.

Cette décision s’explique aisément pour les anticorps monoclonaux, dont l’efficacité se met en place en quelques jours seulement (4 à 5 jours en moyenne). En revanche, la vaccination des femmes enceintes soulève des débats : les sociétés savantes et la commission technique des vaccinations de la Haute autorité de santé ne partageant pas la même position. Les premiers auraient en effet souhaité que la vaccination des femmes enceintes commence en juillet 2025, car « une vaccination trop tardive laisse les bébés nés en octobre ou début novembre exposés à un risque évitable », se justifie le Pr Haas. Il explique : « la période optimale pour l’immunisation maternelle se situe entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée (la grossesse dure en moyenne 40 semaines). La production d’anticorps par la mère et leur transfert au fœtus nécessitent au minimum 14 jours. Ce passage au travers du placentas s’intensifie en fin de grossesse, surtout après la 35e semaine, et les anticorps maternels transmis décroissent progressivement au cours des six premiers mois de vie de l’enfant. Un vaccin administré à 32 semaines d’aménorrhée protège donc le nourrisson dès la naissance, mais la protection effective dépend de la date d’accouchement : au plus tôt quatre semaines après l’injection, en moyenne huit semaines. La vaccination maternelle exige donc une anticipation précise. Attendre le 1er septembre pour vacciner, et les bébés nés en septembre ou début octobre ne seront pas couverts. C’est pourquoi, pour garantir une protection dès le début de l’épidémie, parfois dès fin septembre, la mère aurait dû recevoir le vaccin dès juillet. » Néanmoins, ce point ne pose pas de difficulté majeure : les anticorps monoclonaux permettent de protéger directement les nourrissons dont les mères n’ont pas reçu le vaccin à temps.

 Protection des bébés : le rôle des anticorps monoclonaux

L’efficacité des anticorps monoclonaux a été confirmée au cours des deux derniers hivers. La France, aux côtés de l’Espagne et du Luxembourg, a été parmi les premiers pays à les utiliser dès l’hiver 2023-2024 pour immuniser un nombre significatif de nourrissons (lire nos précédents articles). Les données recueillies ont montré que cette approche est efficace, bien tolérée et permet de plus « un rattrapage pour les bébés nés en dehors de la période épidémique hivernale, ajoute l’expert. Un second avantage des anticorps monoclonaux réside dans la possibilité de protéger les enfants nés en dehors de la fenêtre optimale de vaccination maternelle, notamment ceux nés à partir de février 2025, pour lesquels la vaccination de la mère n’aurait apporté aucune protection. »

Protéger son bébé contre le VRS : comprendre les options dès la grossesse

La Haute autorité de santé (HAS) recommande de présenter aux futurs parents, pendant la grossesse, les deux options pour protéger leur bébé contre le VRS. La protection doit être planifiée autour de 32 semaines de grossesse, en fonction de la date prévue de l’accouchement et de la circulation du virus. « Si le bébé doit naître entre novembre et mars, la mère peut être vaccinée entre juillet et décembre, indique le pédiatre. Dans les autres cas, l’anticorps monoclonal peut être administré directement au nourrisson entre septembre et février, voire un peu plus tard. » L’une ou l’autre des options relève du propre choix des parents.

Du point de vue de l’efficacité, il faudra encore du temps pour comparer l’efficacité des deux stratégies. Les données sont actuellement plus nombreuses pour les anticorps monoclonaux, logique puisque la vaccination maternelle n’a été mise en place qu’à la fin 2024. Des études sont en cours, notamment en Argentine (où seule la vaccination maternelle est utilisée) et au Royaume-Uni.

A ce sujet, de nouveaux résultats présentés au congrès européen de pathologie infectieuse pédiatrique (ESPID, Bucarest, 26-30 mai 2025) confirment l’efficacité en conditions réelles du nirsévimab (anticorps monoclonaux) chez les nourrissons. Ce traitement réduit en moyenne de 85 % les hospitalisations et de 83 % les passages aux urgences. Une méta-analyse de 32 études menées en France, Italie, Luxembourg, Espagne et États-Unis montre chez les bébés de moins de 12 mois une baisse de 83 % des hospitalisations liées au VRS, de 81 % des admissions en soins intensifs et de 75 % des infections respiratoires basses. La durée moyenne d’hospitalisation reste inchangée.

Une autre étude estime l’efficacité du nirsévimab à 65 % contre les hospitalisations pour infection respiratoire basse, 74 % contre les admissions en soins intensifs, 66 % contre le recours à la ventilation et 67 % pour l’oxygénothérapie. Ces données confirment la protection significative contre les formes sévères de VRS.

Par exemple, le Chili a mis en place un programme national d’immunisation par nirsévimab, atteignant en 2024 une couverture de 83 à 98 % du pays (communication au congrès de l’ESCMID 2025). Ce programme a entraîné une baisse de 86 % des admissions en soins intensifs chez les enfants et de 75 % des hospitalisations, sans aucun décès.

En France, l’introduction du nirsévimab a également entraîné une baisse des otites, de 48 % chez les moins de 6 mois et de 20 % entre 6 et 12 mois.

Pour sa part, le vaccin Abrysvo® administré aux femmes enceintes montre également une protection chez le nourrisson durant les six premiers mois de vie, avec une réduction de 66,1 % des hospitalisations liées au VRS, selon une étude argentine.

Nirsévimab et vaccins contre le VRS : efficacité confirmée et tolérance rassurante

À ce jour, les données sont très rassurantes, que ce soit pour le vaccin ou pour les anticorps monoclonaux. Une surveillance continue reste toutefois nécessaire. L’hiver dernier, l’épidémie en France a été majoritairement due au VRS B, plus susceptible de muter que le VRS A, qui avait prédominé l’année précédente. Malgré ce changement, le nirsévimab a conservé la même efficacité qu’avant, sans augmentation des cas de souches résistantes. Il reste actif contre les deux types de virus, A et B.

Enfin, « l’injection d’anticorps monoclonaux est très bien tolérée, rassure le Pr Haas : peu douloureuse et très efficace. Les premières inquiétudes concernaient la fièvre chez le nouveau-né, mais elle reste rare, passagère et bien supportée. »

Cet automne-hiver, la meilleure disponibilité en pharmacie permettra de couvrir davantage de nourrissons. Cependant, sauf si les bébés sont immunisés par nirsevimab en maternité, l’accès reste limité par la carte vitale et les assurances complémentaires. Si les démarches administratives à la naissance ne sont pas réalisées très rapidement, le bébé peut rester sans carte vitale et les parents doivent avancer les frais des médicaments, en l’occurrence du nirsevimab.

Pour en savoir plus
Le VRS peut être dangereux non seulement pour les nourrissons, mais aussi pour les personnes âgées ou fragiles. Trois vaccins sont disponibles pour les adultes : Abrysvo®, Arexvy® et mRESVIA® (ARN messager). La vaccination peut être proposée dès 75 ans (dose unique) et dès 65 ans pour les personnes avec comorbidité respiratoire ou cardiaque.

Références :

Sumsuzzman DM, Wang Z, Langley JM, Moghadas SM. Real-world effectiveness of nirsevimab against respiratory syncytial virus disease in infants: a systematic review and meta-analysis. Lancet Child Adolesc Health. 2025 Jun;9(6):393-403 ; Jabagi MJ, Cohen J, Bertrand M, Chalumeau M, Zureik M. Nirsevimab Effectiveness at Preventing RSV-Related Hospitalization in Infants. NEJM Evid. 2025 Mar;4(3):EVIDoa2400275. doi: 10.1056/EVIDoa2400275. Epub 2025 Feb 25. PMID: 39998305.

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