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Asthme : avantage à l’activité physique !

Asthme : avantage à l’activité physique !

Qu’ont en commun la tenniswoman Justine Henin, le nageur double médaillé d’or olympique Tom Dolan en plus d’être des sportifs de haut niveau ? Ils sont asthmatiques ! Car non seulement l’asthme n’empêche pas de pratiquer une activité physique, ni du sport, mais il est indispensable. Il suffit juste de prendre quelques précautions et de maintenir son asthme sous contrôle. En cette Journée mondiale de l’asthme, le 2 mai 2023, focus sur l’activité physique, le fil rouge de Santé respiratoire France tout au long de l’année 2023.

Bouger !

tennis et asthme

🔍 En 20 ans, la situation a changé : les personnes asthmatiques sont de plus en plus nombreuses à pratiquer une activité physique et les dernières contre-indications absolues à la pratique de certains sports sont tombées. De nombreuses activités physiques leur ont longtemps été déconseillées et même contre-indiquées, par crainte de la crise d’asthme (« asthme d’effort »).

👉 Aujourd’hui, avoir un asthme n’empêche pas de s’adonner à tous types de sport. Mais quel que soit le profil évolutif de l’asthme (modéré ou sévère), la maladie doit être traitée et contrôlée pour avoir le feu vert. En effet, les crises d’asthme à l’effort sont d’autant plus fréquentes que l’asthme est mal contrôlé. Ce point pris en compte, de l’activité physique occasionnelle à la pratique intensive, que l’asthme soit intermittent (c’est-à-dire avec des périodes d’accalmie entre les crises) ou persistant… tout est permis. Et bouger est même vivement recommandé pour améliorer les performances respiratoires (développer la capacité pulmonaire) et renforcer les muscles respiratoires, comme le diaphragme, et donc diminuer l’essoufflement.

👉 De plus, la pratique d’une activité physique régulière améliore chez la personne asthmatique le contrôle de l’asthme et la qualité de vie (1,2,3). Or, on constate que le niveau d’activité physique est moindre chez les asthmatiques en comparaison à la population générale (4-5). Une étude a constaté que 38,5 % des patients asthmatiques de tout âge ne pratiquaient pas d’activité physique de loisir (6).

👉 Mais attention, car l’activité physique et le sport, du fait de mécanismes physiopathologiques complexes, peuvent déclencher une crise d’asthme. Pour les prévenir, les individus asthmatiques dont l’asthme est intermittent doivent inhaler un bronchodilatateur de courte durée d’action 10 à 15 minutes avant tout effort afin de maintenir les bronches ouvertes pendant plusieurs heures. Ceux dont l’asthme se manifeste de façon continue ont aussi besoin d’utiliser un bronchodilatateur avant un sport d’endurance ou un sport asthmogène (déclencheur de crises) et doivent s’échauffer progressivement.

Qu’est-ce que l’asthme d’effort ?

L’asthme provoqué par l’effort survient chez de nombreuses personnes asthmatiques, tout particulièrement lorsque l’asthme n’est pas bien contrôlé par le traitement. Concrètement, les symptômes de la crise d’asthme débutent par une toux sèche ou une respiration sifflante, survenant au décours de l’effort ou, plus souvent, juste après son arrêt.Ceci est déclenché par une hyperventilation prolongée liée à l’effort, d’où une déshydratation et un refroidissement au niveau des bronches.Lorsque l’asthme n’est pas bien contrôlé, les bronches sont très inflammatoires et très réactives à ces modifications liées à l’effort. Elles se contractent alors brutalement : c’est la crise d’asthme.

L’intensité de l’effort est un paramètre qui entre en ligne de compte dans le déclenchement d’une crise d’asthme. En effet, un effort intense augmente le débit ventilatoire, ce qui oblige à respirer la bouche ouverte. Cette respiration buccale ne permet plus à l’air d’être réchauffé et humidifié par le nez, sans négliger l’éventuel impact des allergènes et des particules irritantes présentes dans l’air qui ne sont plus filtrés par le nez. Ils parviennent directement dans les bronches. D’autres paramètres peuvent favoriser la crise, comme ladurée de l’effort, un air froid et sec, un pic de pollution ou un pic pollinique, des facteurs déclenchants (poussière, chlore, foin, cheval…), etc.

En cas d’asthme d’effort, il est important d’en parler à son médecin traitant ou à son pneumologue. Si l’asthme est insuffisamment contrôlé, il adaptera ou renforcera le traitement de fond de l’asthme.

Quelle est l’activité physique idéale pour une personne asthmatique ? 🏃

On préfèrera l’endurance, sous des températures pas trop fraîches qui pourraient aggraver les réactions bronchiques. On plébiscite la natation mais aussi la marche rapide, le vélo, le jogging, la danse, le ski de fond, les sports de raquette, etc.

Les sports « portés » permettent des efforts respiratoires très progressifs, au contraire d’autres qui génèrent des à-coups respiratoires (course 100m, basket…).

👉 Mais les spécialistes se gardent bien aujourd’hui d’interdire quoi que ce soit ; le plus important étant de pratiquer l’activité physique et même le sport que l’on aime.

Qu’en est-il pour la plongée sous-marine ? 🐠

Même la plongée sous-marine en scaphandre autonome (en bouteille), contre-indication emblématique chez les personnes asthmatiques sévères, est possible sous certaines conditions drastiques. Comme il est impossible d’inhaler le bronchodilatateur sous l’eau, il faut juste ne pas en avoir besoin ! De manière générale, toute notion d’asthme nécessite une évaluation par un pneumologue, assorties d’explorations fonctionnelles respiratoires avec test de réversibilité aux bêta-2-mimétiques.

La plongée en scaphandre autonome est contre-indiquée en présence d’au moins un des critères suivants (1) :

  • Au-delà de 6 crises d’asthme par an ;
  • Des antécédents de crise grave ;
  • Un asthme d’effort ou au froid ;
  • Un syndrome obstructif même mineur ;
  • Une réversibilité significative sous bêta-2-mimétiques.

Il faut aussi renoncer à la plongée sous-marine en période d’instabilité de l’asthme, d’allergie, de symptômes mineurs (toux, gêne respiratoire modeste non ressentie comme une « vraie » crise) et patienter au minimum 48 heures, voire jusqu’à 7 jours après une crise d’asthme d’intensité modérée.

Pour sa part, la plongée en bouteille sans palier est possible, pour certains experts, en cas d’asthme léger ou parfaitement contrôlé sous traitement de fond, sans antécédent de crises modérées à graves et/ou brusques, sans asthme d’effort et/ou au froid (1).

Activité physique & asthme : les règles du jeu 🤸‍♀
▪ Être vigilant vis-à-vis des conditions climatiques. S’il fait froid et si l’intensité du sport est forte, la différence de température entre l’air extérieur et les bronches déclenchera la crise. Il faut chauffer petit à petit l’air qui arrive aux poumons en abordant l’effort de façon progressive ; poser une écharpe sur le nez et la bouche au début et en respirant par le nez. Un échauffement de 15 minutes est nécessaire, pour habituer les bronches à l’activité et à la température ambiante.
 
▪ Pas besoin de surveiller son débit respiratoire de pointe de façon systématique. En cas de gêne, d’essoufflement, ce peut néanmoins être utile afin de vérifier que l’asthme est bien sous contrôle.
 
▪ Avoir toujours dans sa poche un bronchodilatateur de courte durée d’action en cas de gêne respiratoire et l’utiliser sans attendre ou mieux : en préventif avant le sport (15 minutes avant).
 
▪ Savoir renoncer au sport le temps d’une crise d’asthme ou en cas d’infection (avec ou sans fièvre).

▪ Savoir renoncer au sport dans les périodes de forte pollution atmosphérique ou de pic pollinique.
 
▪ Adapter l’intensité de l’effort à ses possibilités.
 
▪ S’hydrater régulièrement.
 
▪ Arrêter l’effort très progressivement.
 
– Certaines activités doivent faire redoubler de précautions, en particulier celles en lien avec la neige où règne un air froid et sec (ski de fond, etc.) et des produits chimiques (comme le chlore des piscines ou l’oxyde d’azote émis par les machines d’entretien de la glace des patinoires).

Si vous voulez en savoir plus…

Enfant asthmatique qui fait du basket

La persistance d’une dyspnée (essoufflement) d’effort chez l’individu asthmatique doit faire évoquer avant tout une « bronchoconstriction induite par l’exercice » en rapport avec un contrôle insuffisant de la maladie qui doit faire consulter son pneumologue. Car cette dyspnée chronique fait entrer la personne dans un cercle vicieux de dyspnée, de peur de l’effort, de sédentarité, de déconditionnement, d’aggravation de la maladie et de repli social.

Lors d’un exercice, il existe une hyperventilation responsable d’une déshydratation de la muqueuse qui recouvre les bronches, ainsi qu’un stress mécanique qui, chez certains asthmatiques, favorise la libération de molécules (médiateurs) inflammatoires qui peuvent être à l’origine d’une bronchoconstriction (1). La bronchoconstriction induite par l’exercice est plus fréquente chez les asthmatiques sévères et/ou non contrôlés. Celle-ci se manifeste par de la toux, des sibilants (sifflements), une oppression thoracique, une dyspnée, puis des expectorations. Ces symptômes, ainsi que la sévérité de la bronchoconstriction induite par l’exercice, sont améliorés par un échauffement préalable à l’activité physique et/ou la prise d’un bronchodilatateur de courte durée d’action, 15 minutes avant l’effort.

Par ailleurs, le syndrome d’hyperventilation est caractérisé par un ensemble de symptômes induits par une hyperventilation inappropriée. Il est retrouvé chez 30 % à 60 % des asthmatiques (7) et peut être responsable de dyspnée à la fois de repos et d’effort.

Trois revues scientifiques récentes (8,9,10) soulignent l’intérêt des activités physiques et sportives et du réentraînement à l’effort dans la prise en charge de la maladie asthmatique. À court terme, la tolérance à l’effort, la qualité de vie, l’anxiété/dépression et la bronchoconstriction induite par l’exercice sont améliorées, ce qui permet un meilleur contrôle de l’asthme (les épisodes d’exacerbations et le nombre de jours avec symptômes sont diminués). Le risque d’exacerbations est diminué en cas de haut niveau d’activité physique.

Les patients asthmatiques ne nécessitent pas de bilan particulier avant la reprise ou l’intensification des activités physiques ou sportives, sauf en cas de :

  • Facteurs de risque cardio-vasculaire ou de maladies associées ;
  • ACO (Asthma COPD Overlap) = asthme + BPCO ;
  • Asthme difficile ou sévère ;
  • Asthme non stable (une crise d’asthme ou plus par semaine, une utilisation régulière de bêta-2-mimétiques) ;
  • Antécédent de séjour en réanimation pour asthme aigu grave ;
  • Dyspnée inexpliquée ;
  • Dyspnée pour les activités de la vie quotidienne ;
  • Dyspnée à l’effort ressentie comme anormale par le patient.

En cas d’asthme difficile ou sévère, la reprise d’une activité physique régulière, adaptée et personnalisée, entre dans le cadre plus global de l’éducation thérapeutique du patient voire d’une réadaptation respiratoire.

Haute autorité en santé : Prescription d’activité physique. Asthme 13 juillet 2022

Le saviez-vous ?
L’Agence mondiale antidopage et l’Agence française de lutte contre le dopage autorisent la majorité des traitements de l’asthme à des doses thérapeutiques (salbutamol, formotérol et salmétérol, corticoïdes inhalés, anticholinergiques, antileucotriènes et biothérapies) pour les sportifs de compétition affiliés à une fédération sportive.
Activité physique chez les personnes asthmatiques. Vécu et conseils de Dorian Cherioux, patient expert asthmatique (Tours)

Dossier réalisé par Hélène Joubert, journaliste

Références :

1. HAS • Prescription d’activité physique. Asthme • juillet 2022

2. Institut national de la santé et de la recherche médicale. Activité physique : prévention et traitement des maladies chroniques. Montrouge: ADP Sciences; 2019. lien

3. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30623040/ ; https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32791878/ (articles sur les conséquences de l’asthme sur l’activité physique de la vie quotidienne et la qualité de vie) ; https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16002919/ (article sur l’équilibre des traitements)

4. Van ‘t Hul AJ, Frouws S, van den Akker E, van Lummel R, Starrenburg-Razenberg A, van Bruggen A, et al. Decreased physical activity in adults with bronchial asthma. Respir Med 2016;114:72-7. lien

5. Hennegrave F, Le Rouzic O, Fry S, Behal H, Chenivesse C, Wallaert B. Factors associated with daily life physical activity in patients with asthma. Health Science Reports 2018;1(10):e84. lien

6. Teramoto M, Moonie S. Physical activity participation among adult Nevadans with self-reported asthma. J Asthma 2011;48(5):517-22. lien

7. Thomas M, McKinley RK, Freeman E, Foy C, Price D. The prevalence of dysfunctional breathing in adults in the community with and without asthma. Prim Care Respir J 2005;14(2):78-82. lien

8. Panagiotou M, Koulouris NG, Rovina N. Physical activity: a missing link in asthma care. J Clin Med 2020;9(3). lien

9. Zampogna E, Zappa M, Spanevello A, Visca D. Pulmonary Rehabilitation and Asthma. Front Pharmacol 2020;11:542. Lien

10. Hansen ESH, Pitzner-Fabricius A, Toennesen LL, Rasmusen HK, Hostrup M, Hellsten Y, et al. Effect of aerobic exercise training on asthma in adults: a systematic review and meta-analysis. Eur Respir J 2020;56(1). lien

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