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Rhinite, asthme allergique : tout savoir sur l’immunothérapie allergénique ou « désensibilisation »

L’immunothérapie allergénique, aussi appelée désensibilisation, agit directement sur la cause de l’allergie. Elle consiste à administrer régulièrement de petites doses de l’allergène, soit sous forme de gouttes ou comprimés à placer sous la langue, soit par injection (non proposée en France). Ce traitement cible notamment les allergies aux acariens, aux pollens de bouleau, des autres arbres de la même famille, ou encore aux graminées. Chez les personnes allergiques souffrant d’asthme, il permet de mieux contrôler les symptômes et parfois de réduire les traitements. Chez celles qui présentent uniquement une rhinite allergique, il modifie l’évolution de la maladie vers un asthme. Et plus ce traitement est débuté tôt, plus il est efficace pour éviter l’apparition d’un asthme.

Qu’est-ce que l’immunothérapie allergénique ?

L’immunothérapie allergénique consiste à administrer régulièrement à une personne allergique de petites quantités d’un allergène auquel elle est sensible, en augmentant progressivement les doses. L’objectif est de réduire cette sensibilité. En France, seuls les traitements administrés sous la langue (voie sublinguale) (gouttes ou comprimés, on parle d’allergènes préparés spécialement pour un individu ou APSI) sont disponibles ; les injections ne sont pas commercialisées.

Ces traitements sont fabriqués sur mesure à partir d’allergènes préparés pour chaque patient, en fonction de son profil clinique et des résultats d’examens. Leur formulation est décidée par l’allergologue. Les extraits allergéniques utilisés proviennent de pollens (graminées, arbres, herbacées), d’acariens, de moisissures ou de phanères (poils, plumes), et sont autorisés par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Un ou plusieurs allergènes peuvent être associés dans une même préparation.

Ces traitements (APSI) sont prescrits en cas de rhinite allergique ou d’asthme allergique, chez l’adulte comme chez l’enfant. Ils peuvent aussi servir à confirmer un diagnostic par des tests cutanés. Avant de démarrer le traitement, la présence d’une allergie doit être confirmée, par des tests cutanés et/ou une analyse de sang.

Dans quels cas la désensibilisation peut-elle être prescrite ?

La désensibilisation est prescrite dans la rhinite allergique saisonnière et l’asthme allergique.

La rhinite allergique saisonnière est la maladie allergique la plus fréquente mais certaines personnes en souffrent toute l’année (on parle de rhinite perannuelle). Leur fréquence augmente en France et dans le monde. En parallèle, d’importants progrès ont été réalisés avec plusieurs traitements disponibles et une meilleure compréhension des mécanismes impliqués. Lorsque les traitements classiques (antihistaminiques, corticoïdes locaux, décongestionnants) ne suffisent pas à soulager les symptômes de la rhinite allergique et de l’asthme allergique, l’immunothérapie allergénique (ou désensibilisation) devient une option : elle agit sur la cause de l’allergie, réduit les symptômes, limite le recours aux traitements symptomatiques (qui agissent sur les symptômes) et modifie l’évolution de la maladie.

rhinite allergique
Chaque année, plusieurs dizaines de milliers de personnes (environ 100 000 d’après certaines sources) débutent une désensibilisation en France. Ce traitement est partiellement pris en charge par l’Assurance maladie, à 30 % pour les gouttes et à 15 % pour les comprimés.

Quels sont les produits de désensibilisation disponibles ?

En France, en 2025, les allergènes préparés spécialement pour un seul individu (ASPI) peuvent être prescrits en cas d’asthme selon les termes inscrits sur leur fiche d’information. Un exemple de libellé utilisé : « Allergies de type 1 selon la classification de Gell et Coombs, se manifestant notamment par une rhinite, une conjonctivite, une rhino-conjonctivite, un asthme (léger à modéré), de caractère saisonnier ou perannuel ».

À ce jour (mai 2025), la plupart des APSI disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) uniquement pour la rhinite allergique. Seul le produit ACARIZAX® est autorisé dans le traitement de l’asthme allergique aux acariens, chez l’adulte. Son résumé des caractéristiques (RCP) précise :

« Indiqué chez les adultes (âgés de 18 à 65 ans) qui, sur la base d’un diagnostic réunissant une histoire clinique évocatrice et la positivité d’un test de sensibilisation aux acariens de la poussière de maison (prick test cutané et/ou présence d’IgE spécifiques), présentent un asthme allergique aux acariens insuffisamment contrôlé par les corticostéroïdes inhalés et associé à une rhinite allergique légère à sévère aux acariens. »

La fiche produit précise également que ce traitement s’adresse à des patients motivés, dont les symptômes ne sont pas suffisamment soulagés par les traitements symptomatiques classiques.

« La désensibilisation, ou immunothérapie allergique, consiste à rééduquer le système immunitaire en l’exposant progressivement à l’allergène (pollen, graminées, acariens, poils de chat, etc.), afin qu’il cesse de le considérer comme une menace et le tolère, explique le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue allergologue et président de l’association Santé respiratoire France. Les patients ont le choix entre la prise quotidienne d’APSI (allergènes spécifiquement préparés pour chaque individu) sous forme de gouttes sous la langue ou de comprimés. Les gouttes peuvent être administrées dès l’âge de 5 ans, âge où le système immunitaire est mature. Pour les comprimés c’est plutôt entre 12 et 18 ans, en fonction de l’allergie. Ceci afin de prévenir la transformation de la rhinite allergique en asthme. L’immunothérapie permet de supprimer les symptômes, voire de guérir complètement dans 80 % des cas. A la condition de suivre scrupuleusement le traitement, qui dure généralement entre trois et cinq ans. Les effets positifs ne se manifestent pas avant la deuxième année, ce qui peut être décourageant C’est pourquoi l’allergie doit véritablement être invalidante avant de commencer ce traitement. »

L’immunothérapie allergénique, un traitement validé par les études et les sociétés savantes  

Jusqu’en 2017, l’immunothérapie allergénique (ITA) n’était pas intégrée dans le schéma classique de prise en charge de l’asthme proposé par le Global Initiative for Asthma (GINA)*. « Elle n’était envisagée qu’en complément, après optimisation du traitement de fond de l’asthme », rappelle la Dre Évangéline Clark, cheffe du service d’Allergologie à l’hôpital Layné (Mont-de-Marsan). La situation a évolué en 2017, avec l’introduction de l’immunothérapie sublinguale dans les recommandations, pour les adultes souffrant d’asthme allergique aux acariens, associé à une rhinite allergique, et dont le VEMS** est supérieur à 70 %, lorsque l’asthme reste insuffisamment contrôlé malgré un traitement bien conduit. En 2024, la mention de la rhinite allergique a été supprimée dans ce contexte, ce qui élargit la population de patients concernés.

La place de l’ITA dans les différents paliers thérapeutiques a aussi changé (les paliers du GINA correspondent à une stratégie par étapes pour adapter le traitement de fond de l’asthme en fonction de la sévérité et du contrôle des symptômes, allant du palier 1 pour les patients avec des symptômes occasionnels d’asthme au palier 5 de l’asthme sévère). En 2017, aucune notion de palier n’y était associée. En 2024, elle est à envisager dès le palier 1, ce qui signifie qu’elle peut être proposée aux patients relevant des paliers 1 à 4, des asthme les plus légers aux stades sévères. « Cette progression témoigne d’une reconnaissance croissante de l’intérêt de l’immunothérapie dans la stratégie globale de prise en charge de l’asthme allergique aux acariens », souligne Évangéline Clark.

Du côté des sociétés savantes, l’European Academy of Allergy and Clinical Immunology (EAACI) reconnaît également l’intérêt de l’ITA dans ce cadre. La désensibilisation par voie sous-cutanée (non disponible en France) est recommandée chez l’adulte et l’enfant. La voie sublinguale sous forme de gouttes (SLIT drops) est proposée chez l’enfant présentant un asthme allergique aux acariens bien contrôlé, en complément du traitement de fond, pour réduire les symptômes et la consommation de médicaments (recommandation conditionnelle, niveau de preuve faible).

En France, la Société francophone d’allergologie (SFA) considère que l’immunothérapie allergénique aux allergènes respiratoires, à partir de l’âge de 5 ans, reste à ce jour le seul traitement curatif des allergies.

* le GINA est une organisation internationale créée en 1993 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le National Heart, Lung, and Blood Institute (NHLBI) aux États-Unis. Son objectif est de réduire la prévalence, la morbidité et la mortalité liées à l’asthme dans le monde, en produisant des recommandations actualisées fondées sur les preuves scientifiques.

** Le VEMS (volume expiratoire maximal par seconde) correspond à la quantité d’air qu’une personne peut expulser avec force en une seconde, après une inspiration maximale. Mesuré lors d’une spirométrie, le VEMS permet d’apprécier le degré d’obstruction des voies respiratoires. Une baisse du VEMS est typique dans des maladies comme l’asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Le résultat est exprimé en pourcentage de la valeur théorique pour une personne du même âge, sexe, taille et origine. Un VEMS supérieur à 80 % (de la valeur prédite) est considéré comme normal. En dessous de 70 %, on parle d’obstruction significative.

La désensibilisation, contre les symptômes et pour prévenir la survenue d’un asthme

Les recommandations nationales de la Société francophone d’allergologie (SFA), publiées en 2021, distinguent deux principaux usages de l’immunothérapie allergénique (ITA) : le traitement des symptômes de l’asthme allergique et la prévention de son apparition chez l’enfant. « C’est pourquoi, précise Évangeline Clark, dans le cadre du traitement, l’immunothérapie peut être proposée à tout patient présentant des symptômes d’asthme en lien avec l’exposition à un allergène identifié (graminées et acariens, principalement) sous réserve que l’asthme soit léger à modéré et bien contrôlé. »

  • Traitement de l’asthme allergique : L’ITA peut être proposée à tout patient présentant des symptômes d’asthme liés à un allergène spécifique (graminées, acariens, etc.), à condition que l’asthme soit léger à modéré et bien contrôlé. En cas de contrôle insuffisant de l’asthme, l’immunothérapie ne doit pas être initiée. L’absence de contrôle de l’asthme constitue une contre-indication transitoire à l’initiation. Une fois le contrôle obtenu, l’immunothérapie peut être de nouveau proposée au patient. L’objectif de la désensibilisation est de réduire les symptômes et d’envisager une désescalade thérapeutique. La question de l’asthme sévère reste ouverte. « Les recommandations ne l’excluent pas formellement, reconnaît la Dre Clark, mais insistent sur la nécessité de maximiser le traitement de fond avant d’envisager l’immunothérapie. »

  • Prévention de l’asthme chez l’enfant : Chez un enfant souffrant de rhinite allergique sans antécédents d’asthme, l’immunothérapie peut être utilisée à la fois pour prévenir de nouvelles sensibilisations (se sensibiliser à d’autres allergènes que ceux déjà en cause dans la rhinite allergique) et dans le développement ultérieur d’un asthme. « L’objectif est de modifier la trajectoire allergique de l’enfant », insiste l’allergologue. Bien que cette approche soit conditionnelle, elle repose sur l’idée qu’un traitement précoce de la rhinite allergique pourrait prévenir l’apparition de l’asthme.

Les essais cliniques montrent des résultats positifs concernant l’efficacité de l’immunothérapie allergénique (ITA) :

  • Concernant l’immunothérapie sous-cutanée, une revue des études scientifiques publiées a comparé l’ITA sous-cutanée à un placebo chez des patients sensibilisés aux pollens (arbres, graminées). Les résultats montrent une réduction significative des symptômes bronchiques et de la consommation de médicaments. Cette approche permet ainsi de réduire les symptômes de la rhinite allergique saisonnière et l’utilisation de traitements symptomatiques, tout en ayant un bon profil de sécurité.
  • A propos de l’immunothérapie sublinguale pour le pollen de bouleau, une étude sur des comprimés d’immunothérapie sublinguale a révélé une diminution significative des symptômes d’asthme (toux, sifflements, oppression thoracique et dyspnée), ainsi qu’une réduction notable de la consommation de médicaments pendant la saison pollinique.

En résumé, l’ITA se révèle efficace pour réduire les symptômes allergiques et l’utilisation de médicaments, avec des résultats favorables pour différents types d’allergies.

Et dans l’asthme aux acariens ?

De grands essais cliniques ont été réalisés, notamment dans l’asthme aux acariens, et ont montré des résultats encourageants pour la désensibilisation chez les personnes allergiques.

  • Une étude chinoise (L. Wang 2016) a inclus des patients asthmatiques allergiques aux acariens, avec un suivi de 15 mois (dont 12 mois sous ITA). Les résultats ont montré que 85 % des patients sous immunothérapie étaient contrôlés, contre 81 % dans le groupe placebo. Bien que la différence globale ne soit pas significative, une analyse post-hoc (analyse statistique effectuée après la conclusion d’une étude et la collecte des données) a révélé un effet bénéfique pour les patients asthmatiques avec des symptômes modérés persistants. Un autre résultat clé a été la réduction des corticostéroïdes inhalés, sans effets indésirables graves.
  • Dans une autre étude sur la prévention des exacerbations d’asthme allergiques (2019) l’immunothérapie pour les acariens a montré une réduction significative du risque d’exacerbations sévères ou modérées d’asthme. Les résultats ont également montré une réduction des corticostéroïdes inhalés.

Ces essais soulignent l’efficacité de l’ITA, en particulier pour la réduction des exacerbations et de l’utilisation des corticostéroïdes inhalés, chez les patients souffrant d’asthme allergique aux acariens.

L’ITA pour rompre le passage de la rhinite allergique vers l’asthme : « la trajectoire allergique »

« Lorsqu’une immunothérapie allergénique est proposée à un enfant présentant une mono-sensibilisation à un allergène, l’objectif principal est de prévenir l’apparition d’une polysensibilisation », explique la Dre Évangeline Clark. « Chez les enfants atteints de rhinite allergique sans antécédent d’asthme, il s’agit de stabiliser la situation et d’éviter que la maladie n’évolue vers un asthme. »

Les grandes études en double aveugle contre placebo suggèrent un effet préventif de l’immunothérapie sublinguale sur le développement de l’asthme induit par les graminées. Un essai clinique mené chez l’enfant (812 patients âgés de 5 à 12 ans), avec trois ans de traitement suivis de deux ans de surveillance, n’a pas montré de réduction significative du risque d’apparition d’un asthme. Ce critère, basé sur la réversibilité évaluée par l’investigateur, est discuté en pédiatrie. En revanche, l’étude indique une baisse de la proportion d’enfants présentant des symptômes d’asthme ou utilisant un traitement antiasthmatique, ainsi qu’une diminution marquée du nombre d’enfants combinant symptômes et traitement. Aucun effet indésirable grave n’a été observé.

Que disent les recherches sur sur la désensibilisation en vie réelle ?

Les études de dispensation médicamenteuse (délivrance du médicament sur prescription médicale) permettent de comparer, en conditions réelles, l’évolution des patients souffrant de rhinite allergique selon qu’ils reçoivent ou non une immunothérapie allergénique. Trois grandes cohortes de patients nationales (allemande, danoise, française) sont en faveur d’un effet préventif. Selon la Dre Clark, au vu de ces données, « les patients traités par comprimés sublinguaux au pollen de graminées présentent une réduction de 42,5 % à 62,5 % des prescriptions de traitement pour un asthme nouvellement diagnostiqué. Une autre étude, menée sur l’AIT au pollen de bouleau, rapporte un risque moindre de près de 30 % de développer un asthme chez les personnes souffrant de rhinite allergique. »

  • En France, une vaste étude menée (base de données IQVIA) a inclus plus de 238 000 patients entre mars 2012 et décembre 2016 pour évaluer l’effet préventif de l’immunothérapie sublinguale (ITSL) sur le développement de l’asthme. Résultat : le risque d’apparition d’un asthme, défini par la première prescription d’un traitement antiasthmatique, était significativement plus faible dans le groupe traité et se maintient dans le temps. La réduction relative du risque atteint 63,7 %, avec une progression également plus lente du recours aux médicaments pour l’asthme.
  • L’étude allemande REACT (Efficacité dans le monde réel de l’immunothérapie allergénique) fait référence pour évaluer l’impact de ce traitement en conditions réelles. Elle a comparé 46 024 patients traités par ITA à un groupe contrôle de taille équivalente, dont 14 614 patients asthmatiques. Le suivi s’est étendu sur 9 ans. Résultat : l’étude montre un effet préventif durable de l’ITA sur l’évolution de l’asthme, avec une diminution du recours aux traitements, une baisse du risque d’exacerbations et des infections respiratoires graves (moins d’antibiotiques prescrits pour pneumonie, moins d’hospitalisations, séjours plus courts). L’effet est durable, avec une réduction prolongée des traitements de fond et de secours chez les patients asthmatiques traités par ITA.
  • Une étude épidémiologique danoise, menée à partir de la base nationale de santé, a suivi 2 688 patients asthmatiques âgés de 18 à 44 ans traités par immunothérapie allergénique (ITA) entre 1995 et 2014. Que l’asthme soit pérenne ou saisonnier, les résultats montrent une réduction du risque d’exacerbations et d’hospitalisations. Sur trois ans, les exacerbations ont diminué en moyenne de 57 % dans l’asthme allergique pérenne et de 74 % dans l’asthme allergique saisonnier. Les infections des voies respiratoires inférieures ont également reculé de près de 20 %.

Une réduction de plus de 20 % du risque d’apparition de l’asthme

La France a contribué aux données en vie réelle sur les allergènes préparés spécialement pour un seul individu (APSI) avec l’étude pharmaco-épidémiologique EfficAPSI, publiée en 2024. Cette étude a montré que l’immunothérapie sublinguale en solution réduit non seulement le risque d’apparition mais aussi celui d’aggravation de l’asthme chez les patients atteints de rhinite allergique. L’analyse a porté sur 99 538 patients sous ITA sublinguale comparés à 333 082 témoins (traités pour rhinite allergique sans ITA).

Chez les patients sans antécédent d’asthme, l’ITA sublinguale était associée à un risque significativement réduit d’apparition de l’asthme allant de – 23 % à – 38 % selon les définitions de l’asthme employées.

Désensibilisation, que retenir ?

Réchauffement climatique et pollens, des liens pas si évidents

La Dre Évangeline Clark résume : « L’immunothérapie allergénique a démontré son efficacité dans le traitement de l’asthme allergique. Elle diminue les symptômes de rhinite et d’asthme, limite les exacerbations et réduit la consommation de traitements, qu’il s’agisse de médicaments de fond ou de secours. Elle atténue également les exacerbations provoquées par les infections virales, ce qui représente un bénéfice supplémentaire pour les patients asthmatiques. Chez les patients atteints de rhinite allergique, elle permet aussi de prévenir la survenue d’un asthme. Enfin, point important, elle est bien tolérée en cas d’asthme allergique léger à modéré, ce qui en fait une option thérapeutique à la fois efficace et sûre. Ne pas proposer une ITA à un patient allergique asthmatique symptomatique – a fortiori à un enfant rhinitique – constitue une perte de chance. Cette stratégie reste encore largement sous-utilisée en France. »

La désensibilisation en pratique

  • La durée de l’immunothérapie allergénique varie de trois à cinq ans. Pour les allergènes saisonniers, la prescription reste souvent limitée à six mois par an, en débutant deux mois avant la saison concernée. Mais cette approche tend à évoluer. Sous l’effet du changement climatique, la prescription annuelle devient de plus en plus fréquente.
  • Les allergènes préparés spécialement pour un seul individu (APSI) étaient remboursés à 65 % jusqu’en juin 2018. Le décret du 4 juin 2018 (n°2018-445) a mis fin au remboursement des formes injectables et abaissé celui des formes sublinguales à 30 %, voire 15 % pour les comprimés.
  • « Des réactions locales telles que des rougeurs, des gonflements ou des démangeaisons sous la langue peuvent survenir, indique le Dr Le Guillou. Cependant, ces effets, bien que fréquents, sont temporaires et disparaissent généralement rapidement. »
  • Une contre-indication temporaire existe pour l’initiation d’une ITA en cas de grossesse. Cependant, une fois commencée, elle ne doit pas être interrompue si une grossesse survient.

Plus de polluants, plus d’allergènes… et une désensibilisation qui doit s’adapter au changement climatique
Sous l’effet du réchauffement climatique, les saisons polliniques deviennent plus longues et peuvent parfois commencer plus tôt. Cette évolution entraîne une augmentation de la quantité de pollen et de la concentration en allergènes dans l’air. Par ailleurs, un taux plus élevé de dioxyde de carbone (CO2) dans l’air extérieur stimule également la production de pollen.

Tout ceci a des conséquences sur la désensibilisation aux pollens, assure la Pre Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l’Inserm : « cette tendance modifie les recommandations concernant l’immunothérapie allergénique. L’un des principaux effets réside dans l’augmentation de la polysensibilisation (sensibilisation à plusieurs allergènes), ce qui complique la prise en charge des patients. De plus, les saisons polliniques prolongées raccourcissent la période optimale pour administrer les traitements, réduisant ainsi les fenêtres de traitement disponibles. Il devient aussi nécessaire d’ajuster les extraits allergéniques pour mieux correspondre aux nouveaux profils de sensibilisation, prenant en compte l’évolution des types de pollen et des allergènes. »

Dossier rédigé par Hélène Joubert, journaliste, avec la participation et la relecture de la Dre Évangéline Clark, cheffe du service d’Allergologie à l’hôpital Layné (Mont-de-Marsan) ; ainsi que le suivi du 20e congrès francophone d’allergologie (CFA, avril 2025, Paris) et les interventions de la Dre Clark et de la Pre Isabella Annesi-Maesano.

Références :

Recommandations pour la prescription de l’immunothérapie allergénique et le suivi du patient Revue française d’allergologie 2021 Vol 61 – N° 1 P. 35-56 – février 2021 ; Allergen injection immunotherapy for seasonal allergic rhinitis. Cochrane Database Syst Rev. 2007 Jan 24;2007(1):CD001936 ; The SQ tree SLIT-tablet is highly effective and well tolerated: Results from a randomized, double-blind, placebo-controlled phase III trial. J Allergy Clin Immunol. 2019 Mar;143(3):1058-1066.e6 ; Efficacy and Safety of Ragweed SLIT-Tablet in Children with Allergic Rhinoconjunctivitis in a Randomized, Placebo-Controlled Trial. J Allergy Clin Immunol Pract. 2020 Jul-Aug;8(7):2322-2331.e5 ; House Dust Mite Respiratory Allergy: An Overview of Current Therapeutic Strategies. J Allergy Clin Immunol Pract. 2015 Nov-Dec;3(6):843-55 ; House dust mite sublingual immunotherapy is safe and appears to be effective in moderate, persistent asthma. Allergy. 2014 Sep;69(9):1181-8 ; Efficacy of a House Dust Mite Sublingual Allergen Immunotherapy Tablet in Adults With Allergic Asthma: A Randomized Clinical Trial. JAMA. 2016 Apr 26;315(16):1715-25 ; GAP investigators. Results from the 5-year SQ grass sublingual immunotherapy tablet asthma prevention (GAP) trial in children with grass pollen allergy. J Allergy Clin Immunol. 2018 Feb;141(2):529-538.e13 ; Sublingual immunotherapy provides long-term relief in allergic rhinitis and reduces the risk of asthma: A retrospective, real-world database analysis. Allergy. 2018 Jan;73(1):165-177 ; Immunotherapy with grass pollen tablets reduces medication dispensing for allergic rhinitis and asthma: A retrospective database study in France. Allergy. 2019 Jul;74(7):1317-1326 ; Real-world benefits of allergen immunotherapy for birch pollen-associated allergic rhinitis and asthma. Allergy. 2019 Mar;74(3):594-604 ; Fritzsching B, Contoli M, Porsbjerg C, et al. Long-term real-world effectiveness of allergy immunotherapy in patients with allergic rhinitis and asthma: Results from the REACT study, a retrospective cohort study. Lancet Reg Health Eur. 2021 Nov 30;13:100275 ; Real-world, long-term effectiveness of allergy immunotherapy in allergic rhinitis: Subgroup analyses of the REACT study. J Allergy Clin Immunol. 2023 Aug;152(2):445-452.e4 ; Allergen immunotherapy effectively reduces the risk of exacerbations and lower respiratory tract infections in both seasonal and perennial allergic asthma: a nationwide epidemiological study. Eur Respir J. 2022 Nov 17;60(5):2200446 ; Impact of liquid sublingual immunotherapy on asthma onset and progression in patients with allergic rhinitis: a nationwide population-based study (EfficAPSI study). Erratum in: Lancet Reg Health Eur. 2024 Oct 22;46:101120.

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