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Apnées du sommeil : une maladie respiratoire très largement sous-diagnostiquée !

Apnées du sommeil : une maladie respiratoire très largement sous-diagnostiquée !

Les résultats viennent de tomber : 20 % des Français souffriraient du syndrome d’apnées obstructives du sommeil… Mais seulement 4 % sont effectivement traités pour cette maladie respiratoire aux conséquences sur la qualité de vie et la santé, en particulier cardiovasculaire et neurocognitive.

Le syndrome des apnées obstructives du sommeil (SAOS) associe le ronflement la nuit, une somnolence très importante le jour et des maladies associées favorisées par la répétition et la profondeur de la diminution de la teneur du sang en oxygène (hypoxémie) lorsque la personne subit des pauses respiratoires lors de son sommeil. Ces maladies sont l’hypertension artérielle, le diabète, les troubles cognitifs et de l’humeur, notamment.

Le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) se caractérise par la survenue, pendant le sommeil, d’épisodes anormalement fréquents d’interruption de la ventilation (apnées) ou de réductions significatives de la ventilation (hypopnées).

De nouveaux résultats sont issus d’un article * qui vient d’être publié sur le site du journal officiel de la Société européenne des maladies respiratoires (European Respiratory Society). Des spécialistes français sous la direction du Dr Pauline Balagny (Hôpital Bichat, Paris) ont exploité la vaste cohorte CONSTANCES qui inclut des Français volontaires âgés de 18 à 69 ans (vivant dans 21 départements métropolitains) **. Les données relatives aux apnées du sommeil ont été colligées chez 20 151 participants. Le diagnostic d’apnées du sommeil était posé soit d’après un questionnaire de Berlin positif [un test dont la capacité à détecter les malades est évaluée à 80 %, ndlr]***, soit selon l’index d’apnées et d’hypopnées nocturnes calculé par heure (IAH : le nombre de pauses respiratoires inconscientes par heure) obtenu par l’examen de polygraphie ventilatoire ou de polysomnographie. Un IAH supérieur à 5 confirme l’existence de la maladie. Un IAH qui dépasse 30 implique pour le patient de suivre un traitement par pression positive continue (PPC).

« Dans la population française, la prévalence des apnées du sommeil traitées est de 3,5 %, écrit le Dr Pauline Balagny, mais 18,1 % des personnes (non traitées) ont un questionnaire de Berlin positif. L’âge, l’obésité, la dépression, une mauvaise hygiène de vie (alimentation déséquilibrée, sédentarité, manque d’exercice physique) et les conditions socio-économiques défavorables sont associés à la présence d’apnées du sommeil traitées ou à un risque élevé d’apnées du sommeil. »   

  • La fréquence de la maladie est moins importante chez la femme par comparaison à l’homme : 18 % contre 20,2 %.
  • La maladie est plus présente avec l’avancée en âge : 11,1 % sont concernés chez les moins de 40 ans, 19,1 % chez les 40-49 ans, 25 % chez les 50-59 ans et 31,3 % chez les plus de 60 ans.
  • Une dépression, ou une faible activité physique, double le risque de souffrir d’apnées du sommeil.

Au vu de ces résultats, les auteurs considèrent que les apnées du sommeil sont sous-diagnostiquées en France puisque 18,1 % des sujets sont considérés comme à haut risque vis-à-vis de cette maladie respiratoire alors que seuls 3,5 % des personnes « apnéiques » sont traitées au moyen d’un appareil de pression positive continue (PPC).

Le GUILLOU Frédéric

Pour le Dr Frédéric le Guillou, président de Santé respiratoire France, « trop de personnes souffrant d’apnées du sommeil l’ignorent. Il faut être vigilant en cas de prise de poids, de ronflement, d’un mode de vie sédentaire, d’un sommeil peu réparateur avec la sensation d’être fatigué de manière anormale au réveil, d’une somnolence importante en journée et au volant, etc. et en parler à son médecin pour qu’il puisse prescrire des examens adéquates et poser le cas échéant le diagnostic d’apnées du sommeil. Si la maladie est sévère, un traitement par pression positive continue sera indispensable pour retrouver une qualité de vie et réduire les conséquences de la maladie respiratoire sur la santé en général. Dans les stades moins graves, une prothèse d’avancée mandibulaire pourra être indiquée. Mais dans tous les cas, une activité physique régulière, une alimentation équilibrée et la perte de quelques kilos en surplus sont nécessaires. »

Références :

* Balagny P, et al. Prevalence, treatment and determinants of Obstructive Sleep Apnea and its symptoms in a population-based French cohort. ERJ Open Res 2023; in press  

** CONSTANCES est une cohorte de personnes vivant en France supportée par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, le ministère de la Santé, le ministère de la Recherche et l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM)

**Le diagnostic d’apnées du sommeil était validé lorsque soit le sujet était traité par PPC, soit lorsqu’il déclarait un résultat significatif au questionnaire de Berlin (QB). Ce dernier porte sur dix critères : présente et comportement de ronflement, somnolence, fatigue au moment du réveil, indice de masse corporelle (IMC, obésité si valeur > 30 kg/m2) et hypertension artérielle, notamment.

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