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ToggleSur les avis de la Haute autorité de santé (HAS) et du Conseil d’orientation scientifique Covid-19, la deuxième dose de rappel de vaccin contre la Covid-19 est désormais étendue aux personnes âgées de 60 à 79 ans, qu’elles aient ou non des maladies associées (comorbidités). Un rappel non recommandé officiellement et qui laisse le grand public dans le flou. Que faut-il en penser ?
Livre l’avis (DGS-URGENT N°2022-47)
Alors que les bénéfices immunologiques apportés par la vaccination de rappel (« 3e dose ») contre le virus SARS-CoV-2 tendent à diminuer avec les mois chez les seniors, qu’Omicron BA.2 représente le variant majoritaire de la vague en cours, un second rappel (« 4e dose ») est possible (« ce n’est pas une recommandation, c’est une ouverture », précise Olivier Véran, le ministre de la Santé), chez les personnes de plus de 60 ans qui le souhaitent et dont la dernière injection remonte à plus de six mois.
J’ai plus de 60 ans, dois-je recevoir une 4ème dose de vaccin ?
Étaient déjà concernées par cette 4e dose les personnes de plus de 80 ans, celles de plus de 65 ans présentant des facteurs de risque de forme grave, et celles vivant en institution (l’écart entre le premier rappel et le deuxième reste de trois mois). A noter, les personnes immunodéprimées peuvent déjà avoir recours à une 4e injection de vaccin, selon leur réponse immunitaire aux trois premières. Au 6 avril, 375 000 personnes ont reçu une deuxième dose de rappel, dont 260 000 de plus de 80 ans, soit 13 % des 2 millions éligibles.
Dr Frédéric Le Guillou, président de Santé respiratoire France « L’ouverture de la 4e dose à l’ensemble des personnes âgées de 60 ans et plus est proposée sur la base du volontariat ; même si les données scientifiques sur la protection conférée par ce second rappel sont encore discutées, je recommande aux personnes de plus de 60 ans souffrant de maladies associées, dont une insuffisance respiratoire chronique, de se vacciner, pour une protection supplémentaire. Il ne faut pas oublier qu’entre 140 000 et 150 000 nouvelles contaminations sont enregistrées quotidiennement en moyenne ces derniers jours. » |
« On sait qu’une injection de rappel, quand on a 60 ans et plus, réduit de 80 % le risque d’hospitalisation, de réanimation et de décès. Même si ce risque est moins élevé aujourd’hui qu’il l’était avec les variants précédents et lorsqu’il n’y avait pas de couverture vaccinale, il y a un risque résiduel. On peut le réduire par quatre, donc on le propose », a fait ainsi valoir Olivier Véran, s’appuyant sur… Une « recommandation » de la Haute Autorité de santé.
Mais ces données restent controversées : le 6 avril, l’Agence européenne du médicament (EMA) stipulait qu’il n’existe « aucune preuve claire (…) que la protection vaccinale contre les formes graves diminue considérablement chez les adultes âgés de 60 à 79 ans ayant un système immunitaire normal et donc aucune preuve pour soutenir l’utilisation immédiate d’une quatrième dose » dans cette population. D’autres études scientifiques sont pour cela très attendues.
Avec quel vaccin ?
Cette deuxième dose de rappel doit être réalisée avec un vaccin à ARN messager (Pfizer-BioNTech en dose classique ou Moderna en demi-dose), quel que soit le vaccin reçu pour l’injection précédente.
Une protection qui diminue dès le 3e mois après le 1er rappel. En mars dernier, la direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (Drees) avait publié une étude estimant la durée de la protection conférée par la 1ère dose de rappel (3ème dose) du vaccin contre la Covid-19.
Le cas des personnes ayant été infectées par le Covid-19 après leur premier rappel
- Si l’infection est survenue plus de trois mois après le premier rappel, un deuxième rappel n’est pas nécessaire. En effet, la survenue d’un épisode infectieux provoque une réponse immunitaire au moins équivalente à celle d’un rappel vaccinal ;
- Si l’infection est survenue moins de 3 mois après le premier rappel, un deuxième rappel est nécessaire. Il convient d’attendre alors au moins six mois après l’infection avant de procéder au deuxième rappel vaccinal.
Mais finalement, une infection par Omicron après le premier rappel fait-elle vraiment office de second rappel ?
L’incertitude demeure sur ce point. Alors que des études suggèrent que l’infection par Omicron est peu « immunogène » (stimule le système immunitaire de la personne infectée), en particulier chez les personnes vaccinées, une étude allemande très récente estime cette infection capable de favoriser la production d’anticorps dit « largement neutralisants » (contre les divers variants) ainsi que les cellules B mémoire.
Rien n’est tranché à ce jour.
Six mois entre les deux rappels.
Pour justifier le délai minimal de six mois entre les deux rappels, la Haute autorité de santé veut d’une part prévoir ces rappels plutôt à l’automne (en anticipation d’une vague hivernale), mais aussi conserver la motivation du grand public en évitant des rappels fréquents.
En pratique, ce deuxième rappel peut être effectué soit en centre de vaccination, soit auprès d’un professionnel de santé de ville habilité à prescrire et à administrer le vaccin, dans une officine, un cabinet ou à domicile.
Pas obligatoire dans le cadre du passe sanitaire.
A ce stade, ce deuxième rappel n’est pas obligatoire dans le cadre du passe sanitaire. En revanche, le certificat de vaccination de ce deuxième rappel peut être utilisé dans les lieux encore soumis au passe sanitaire et dans le cadre des voyages internationaux.
Et dans les autres pays ?
Les recommandations de la HAS sont cohérentes avec celles émises dans divers pays occidentaux. Tout le monde s’accorde sur les populations concernées par cette nouvelle dose de vaccin mais il n’y a cependant aucun accord sur le délai optimal entre le premier et le second rappel.
La Food and Drug Administration (américaine FDA) a, le 29 mars 2022, autorisé une seconde dose de rappel chez les personnes de 50 ans et plus, au moins quatre mois après le premier rappel. En Allemagne, les 70 ans et plus, ainsi que les personnes immunodéprimées ou résidant en Ehpad se voient proposer la seconde dose de rappel (au moins 3 mois après le premier rappel). Enfin, en Suède, elle est proposée aux plus de 80 ans, les personnes en Ehpad ou hospitalisées au domicile, au moins un mois après le premier rappel.
H. Joubert