Daniel Georget, 61 ans, Pouancé (Maine-et-Loire)
L’histoire de Daniel Georget est celle de trop nombreuses personnes BPCO. C’est aussi celle d’une renaissance. Une bronchopneumopathie chronique obstructive diagnostiquée tardivement au stade IV par son médecin pneumologue de longue date mais à qui il avait pris soin d’occulter la réalité du nombre de cigarettes qu’il fumait quotidiennement (deux à trois paquets), l’échéance du sevrage sans cesse repoussée, le manque d’information sur la gravité des risques encourus pour sa santé … malgré cela, le diagnostic n’a pas vraiment été une surprise. A 59 ans, il doit cesser le travail, incapable d’assurer sa fonction de magasinier-cariste pour cause d’insuffisances respiratoire et cardiaque majeures (handicap invalidité classe 2). Puis c’est l’exacerbation, gravissime, suite à une « grosse bronchite » contractée lors d’un séjour hivernal à la montagne. Une hospitalisation de trois mois suivra, en février 2015. Daniel a repris à son compte l’adjectif employé par les pneumologues hospitaliers : « je suis un miraculé. Le 28 février 2015, les médecins envisageaient une double greffe cœur-poumon, seule solution pour espérer me sauver. Mais comme j’étais trop faible pour supporter l’intervention chirurgicale, cela signifiait le décès probable ». Coma, séjour de plusieurs semaines en soins intensifs, intubation, fauteuil roulant, rééducation musculaire et cardiaque, réhabilitation respiratoire… trois mois après, retour à la maison mais, convaincu d’avoir frôlé la mort, il promet à son fil d’écraser sa dernière cigarette.
Fin de 40 ans de tabagisme.
Début d’une nouvelle vie.
Depuis cet électrochoc, Daniel a renoué avec une certaine hygiène de vie. Il découvre la vie sans tabac à soixante ans : « la vie est belle sans tabac, libre de ses mouvements et non plus prisonnier de ce poison, libre de respirer à pleins poumons. La force, l’odorat, des occupations bien plus intéressantes que de fumer, immobile à longueur de temps, ne plus terminer ses journées à bout de souffle, ne plus se sentir dépendant d’un produit qui n’apporte aucun plaisir… ».
Deux mois dans les Pyrénées après son hospitalisation, l’achat de bâtons de marche, la découverte que les parcours de santé ne manquent pas dans sa région et, peu à peu, alors qu’il ne faisait pas 100 m d’affilée, il part pour 1, 5, puis 10 km, distance qu’il parcours désormais chaque jour sauf par temps de pluie. A cela s’ajoute la pratique du vélo d’appartement, à laquelle il s’astreint pendant 45 minutes. « La marche est devenue une drogue, je ne peux plus m’en passer. Elle s’est substituée au tabac. Pour le meilleur uniquement ».
Daniel parvient aujourd’hui à un volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) de 30%. Sa saturation en oxygène est de 94%. L’espoir de gagner sur la maladie est sa motivation première. Son rêve, qu’il réalisera bientôt, est de rallier Pouancé au Mont-Saint-Michel. Une prouesse de 170 km. En attendant, ce désormais fervent anti-tabac a choisi de témoigner. Le plus possible. Le besoin personnel que son expérience serve à autrui. Devant tout public. A commencer par les écoles, où il est intervenu il y a quelques jours. « Je suis un exemple vivant des terribles conséquences du tabac sur la santé. Je suis un rescapé. Me réapproprier ma vie, m’armer de courage, récupérer des capacités physiques m’a beaucoup coûté. Si raconter mon combat quotidien contre ce poison et contre la maladie permettait à au moins une personne sur 100 de renoncer à la cigarette, alors je serais heureux ».
Propos recueillis par Hélène Joubert, journaliste, le 04/01/18