Le nouveau modèle de financement des activités de soins de suite et de réadaptation (SSR) – qui concernent l’ensemble des personnes malades respiratoires chroniques – doit entrer en vigueur fin 2021. Il s’agit d’une étape importante dans la modernisation de notre système de santé et un gage d’expertise pour des soins appropriés aux patients. Explications sur le cahier des charges de ces futurs SSR – au minimum une unité experte par région – qui seront autorisés à porter la mention « pneumologie ».
La réforme du financement des activités de soins de suite et de réadaptation (SSR), avec création et valorisation d’activités d’expertise et de plateaux techniques spécialisés, promet de transformer le champ des SSR. La finalité de cette réforme est d’homogénéiser les prises en charge sur l’ensemble du territoire national, afin de répondre aux besoins de la population et d’améliorer l’accès aux soins ainsi que leur qualité.
L’Annexe 11 « Activité d’expertise. Cahier des charges de la prise en charge en réadaptation précoce post-aiguë respiratoire » du Bulletin officiel Santé – Protection sociale – Solidarité (n° 2021/8 du 17 mai 2021), rappelle en préambule les objectifs de la prise en charge en réadaptation précoce post-aiguë respiratoire : selon les sociétés de pneumologie européennes (ERS), américaine (ATS) et française (SPLF), « la réadaptation des personnes aux affections d’origine respiratoire est une intervention globale et individualisée, reposant sur une évaluation approfondie du patient, incluant, sans y être limitée, le réentraînement à l’effort, l’éducation, les changements de comportement visant à améliorer la santé globale, physique et psychologique des personnes atteintes de maladie[s] respiratoire[s] chronique[s] et à promouvoir leur adhésion à long terme à des comportements adaptés à leur état de santé ».
Les SSR experts viendront compléter l’offre de soins proposée par les centres de SSR « classiques ». Ils seront autorisés à apposer la mention « pneumologie » dès 2022 et devront être en mesure d’instaurer des programmes de soins de réadaptation dédiés qui intègrent les bonnes pratiques de rééducation, d’éducation thérapeutique mais également d’optimisation des traitements médicamenteux et des appareillages respiratoires. Ces programmes, intégrés au parcours de soins du patient, sont personnalisés et multidisciplinaires ; cela signifie qu’ils devront intégrer la prise en charge respiratoire, physiologique, psychologique, sociale et éducative, tout en assurant – si nécessaire – l’aide au sevrage tabagique et autres addictions.
Une activité d’expertise, pour quels patients ?
Au sein de l’offre de SSR autorisés à la mention « pneumologie », les établissements de SSR reconnus experts dans la prise en charge de la réadaptation précoce des personnes avec des affections respiratoires en situation post-aiguë auront vocation à accueillir des patients imparfaitement stabilisés sur le plan respiratoire au sortir de réanimation ou d’une unité de service de court séjour. Ces situations ont été mis en exergue au cours des précédentes vagues de la pandémie Covid-19, mais les réflexions sur ce sujet avaient débuté dès 2018.
Le handicap d’origine respiratoire est défini comme une limitation de l’activité physique et sociale, engendrée par des situations médicales très diverses :
- La BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) constituera la principale maladie indiquant une prise en charge dans ces unités expertes. Cependant, d’autres affections obstructives (asthme sévère, dilatation des bronches, mucoviscidose…) seront concernées, ainsi que des affections restrictives comme des déformations thoraciques ou les pneumopathies interstitielles diffuses dont les fibroses pulmonaires.
Le handicap respiratoire est, dans ces situations, chronique, en principe irréversible, et susceptible de se détériorer, à l’occasion d’épisodes d’aggravation sous forme de « décompensation ». Les causes de ces décompensations sont multiples, souvent infectieuses, mais aussi cardiaques en raison de la fréquence des comorbidités (maladies associées) cardio-vasculaires. Une exacerbation peut aussi survenir après une chirurgie, l’âge pouvant être un facteur aggravant.
En pratique, d’autres patients pourront bénéficier de l’expertise de ces unités expertes :
- Ceux atteints d’affections neurologiques et neuromusculaires ayant un retentissement respiratoire (sclérose latérale amyotrophique, par exemple.).
- Ceux dépendants d’une assistance ventilatoire au terme d’un séjour en réanimation. Jusqu’à 30% des patients ventilés artificiellement peuvent présenter cette situation. Parmi ceux-ci, 30 à 50 % ont une durée de sevrage de l’assistance ventilatoire qui dépasse 7 jours.
- Les patients qui ont souffert d’une pathologie respiratoire aiguë sévère (pneumopathie infectieuse, syndrome de détresse respiratoire aigu, etc.), sans pour autant être préalablement porteurs d’une insuffisance respiratoire.
L’intervention simultanée de soins médicaux et d’actes de réadaptation justifient l’appellation d’« activité d’expertise ». Cette prise en charge vise à éviter toute perte de chance et doit être réalisée dans un temps donné, un lieu adapté avec des moyens, compétences, équipement et organisations spécifiques. Dès que le patient acquiert une autonomie suffisante, il pourra poursuivre sa réadaptation dans un établissement de SSR autorisé à la mention « pneumologie », « neuro locomoteur » ou encore « gériatrie ». Il a été montré que suite à une prise en charge réalisée au sein de ces établissements, les ré-hospitalisations sont significativement réduites ou évitées. En pratique, la prise en charge en SSR reconnu expert en réadaptation précoce post-aiguë respiratoire (PREPAR) ne pourra se faire qu’en hospitalisation complète et ne pourra, la plupart du temps, excéder 14 jours.
« Cette montée en expertise des SSR en pneumologie pour accueillir les personnes fragiles après une pathologie respiratoire aiguë sévère ainsi qu’en post-réanimation était essentielle afin qu’elles récupèrent de manière plus complète et plus rapide. Ceci grâce à l’attribution de moyens humains, techniques et financiers supplémentaires, commente le Dr Jean-Marie Grosbois, pneumologue (CH de Béthune et FormAction Santé), mais cela ne doit pas occulter le fait que les patients, dans leur parcours de soin, ont également besoin de structures de SSR « classiques » ainsi que de soins de réadaptation respiratoire de proximité, en ambulatoire, au domicile voire en télé-réadaptation. Un texte de loi qui paraîtra prochainement devrait aborder de manière spécifique ces types de réadaptation. »
Hélène Joubert