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Se vacciner contre la coqueluche pour protéger ses petits-enfants

SE VACCINER CONTRE LA COQUELUCHE POUR PROTÉGER SES PETITS-ENFANTS… ET SOI-MÊME

La coqueluche est une infection respiratoire due à une bactérie, Bordetella pertussis*, très contagieuse et transmise de personne à personne par les gouttelettes de salive émises lors de la toux. Si la vaccination régulière des adultes est nécessaire, c’est dans le but de protéger les nouveau-nés, encore non immunisés contre la bactérie. En effet, les contaminations proviennent de leur entourage proche, dont font partie les grands-parents, d’où le concept de cocooning développé par les autorités sanitaires. Cependant, la vaccination des personnes âgées est aussi indispensable car le risque infectieux et, plus encore, le risque d’infections graves, augmente avec l’âge. Le rappel de la vaccination par le vaccin combiné vaccin dTcaPolio chez les adultes se fait systématiquement à 25 ans, et également à 45 et 65 ans puis tous les 10 ans en fonction du contexte professionnel et dans le cadre de la stratégie « cocooning ».

La coqueluche, une maladie bactérienne respiratoire très contagieuse

On estime qu’une personne atteinte par la coqueluche peut en contaminer 15 à 17, via les gouttelettes provenant de son nez et sa bouche. Elle peut entraîner des complications graves pulmonaires et neurologiques, en particulier chez le nourrisson de moins de 6 mois non encore protégé par la vaccination.

En France, les cas de coqueluche évoluent de manière cyclique. Entre 2013 et 2021, le réseau Renacoq (42 hôpitaux) déclarait près de 1000 cas de coqueluche ayant nécessité une hospitalisation chez des enfants de moins de 12 mois, dont plus de la moitié chez des moins de trois mois.

Coqueluche vaccination

🔍 La vaccination contre la coqueluche n’est indiquée qu’à partir de l’âge de deux mois et procure une protection qui reste partielle jusqu’à l’âge de trois mois, ce qui laisse une fenêtre de contamination possible durant les premières semaines de vie de l’enfant. C’est pourquoi la vaccination des femmes enceintes permet de protéger le nourrisson dans ses premiers mois de vie grâce au passage transplacentaire des anticorps anticoquelucheux de la mère. Cette mesure est une nouveauté du calendrier vaccinal 2022. « La vaccination contre la coqueluche chez la femme enceinte est recommandée (avec les vaccins tétravalents disponibles à l’heure actuelle) à partir du deuxième trimestre de grossesse, en privilégiant la période entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée, afin d’augmenter le transfert transplacentaire passif des anticorps maternels et d’assurer une protection optimale du nouveau-né », détaille la Commission technique des vaccinations.

Le « cocooning » : la vaccination de l’entourage du nourrisson 

🔍 Beaucoup de seniors sont des grands-parents et secondent leurs enfants pour la garde des plus jeunes. Si la maman n’a pas été vaccinée pendant la grossesse, dans le cadre de la politique de cocooning des nourrissons contre la coqueluche, il est conseillé aux grands-parents susceptibles d’être en contact étroit avec le futur nourrisson pendant les six premiers mois de sa vie de se faire (re)vacciner contre la coqueluche, de préférence quelques semaines avant la naissance. En effet, l’immunité coquelucheuse, acquise après la maladie naturelle comme après la vaccination, est de l’ordre d’une dizaine d’années. Malheureusement, cette stratégie du cocooning ne rencontre pas beaucoup de succès en France.

Même vaccinées dans le passé, les personnes âgées peuvent contracter la coqueluche

👉 Chez l’adulte, la coqueluche est souvent atypique et la toux ne présente pas toujours les signes caractéristiques de la maladie (absence de quintes, de reprise inspiratoire…). En présence d’une toux qui persiste et s’aggrave au-delà d’une semaine, la possibilité d’une coqueluche doit être évoquée par le médecin.

👉 La coqueluche peut devenir grave, surtout chez le nourrisson où elle se complique parfois de convulsions, de troubles cardiaques ou de difficultés respiratoires. Chez l’adulte comme chez l’enfant, les complications sont plus rares et moins graves (otites ou pneumonies). Néanmoins, considérée longtemps par erreur comme une maladie de la petite enfance, la coqueluche peut être sévère à tout âge. Les personnes âgées constituent une population à risque car la coqueluche peut fortement les affaiblir et générer des surinfections : grippe, pneumocoque, Haemophilus influenza… 

Des chercheurs de l’Université australienne de New South Wales à Sydney ont réalisé une étude portant sur une cohorte (“The 45 and up Study”)** de 236 094 adultes âgés de plus de 45 ans (moyenne de 62,8 ans). Entre 2006 et 2008, les auteurs ont suivi toute notification de coqueluche biologiquement confirmée, hospitalisation et décès induits. 205 adultes ont développé une coqueluche et 12 ont été hospitalisés. Les taux d’hospitalisation augmentent progressivement avec l’âge : à 2,2, 8,5 et 13,5 pour 100 000 personnes/​année dans les groupes 45-64 ans, 65-74 ans et plus de 75 ans ; une obésité ou un asthme préexistant se révélant des facteurs de gravité. Les adultes de plus de 65 ans sont plus susceptibles d’être hospitalisés pour la coqueluche que ceux âgés de 45 à 64 ans. Ces résultats suggèrent que la vaccination contre la coqueluche serait particulièrement importante pour les adultes présentant ces caractéristiques.

👉 Pour prévenir l’infection, le vaccin anticoquelucheux n’existant pas seul, la vaccination repose sur une injection de rappel de vaccins inactivés tétravalents dTcaP (diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite), si la dernière vaccination anticoquelucheuse date de dix ans ou plus (ou si la personne n’a jamais été vaccinée). Un délai minimal d’un mois doit être respecté par rapport au dernier vaccin dTPolio.

Les vaccins contre la coqueluche

Les premiers vaccins contre la coqueluche, développés dans les années 50, étaient des « vaccins inactivés à germe entier » : ils contenaient la bactérie Bordetella pertussis en entier inactivée par la chaleur ou par des traitements chimiques. Ils étaient efficaces mais induisaient des effets indésirables locaux et généraux, peu graves mais gênants. Les vaccins contre la coqueluche disponibles aujourd’hui en France ne contiennent plus la bactérie, mais uniquement des antigènes (protéines) de la bactérie. Ils sont dits « acellulaires ». Ils ont l’avantage d’être mieux tolérés mais leur durée d’efficacité n’est que de quelques années : la durée de protection est estimée entre cinq et dix ans. Les rappels ultérieurs sont donc nécessaires. L’efficacité du vaccin contre la coqueluche chez le nourrisson varie, selon les études, entre 85 % et près de 100 %.

Les effets les plus fréquemment rencontrés après la vaccination sont des réactions au point d’injection (par exemple une rougeur, une douleur) et apparaissent généralement 24 à 48h après la vaccination et disparaissent dans les 72h. 

Le vaccin contre la coqueluche est pris en charge par l’Assurance maladie à 65 % (le reste étant généralement remboursé par les assurances santé complémentaires comme les mutuelles). A noter, l’acte de vaccination lui-même (la consultation et l’injection) est remboursé à 100 % par l’Assurance maladie.

En 2021, il a été constaté une amélioration de la couverture vaccinale chez les nourrissons. Les relevés (incomplets) de Santé publique France rapportent des taux de vaccination diphtérie-tétanos-poliomyélite (DTP) et contre la coqueluche dépassant habituellement les 95 %.

Fragilité et infections, le cercle vicieux
On le sait, le risque infectieux augmente avec l’âge, les personnes âgées fragiles ou dépendantes étant « non seulement plus à risque de contracter une infection mais aussi plus à risque de présenter des complications graves en cas d’infection », rappelle le Haut Conseil de la santé publique dans un avis consacré à la vaccination des personnes âgées. L’incidence des infections grippales, à pneumocoques et des zonas est ainsi augmentée dans la population âgée, avec des conséquences sévères en termes de morbidité et de mortalité.

Les comorbidités (problèmes de santé) associées, plus fréquentes en vieillissant, et leurs traitements participent aussi du risque infectieux : corticoïdes et immunosuppresseurs, antalgiques et molécules à action psychotrope augmentant le risque de fausse route, dispositifs invasifs (sondes urinaires, accès vasculaires, prothèses, pacemaker, etc.). L’altération des statuts nutritionnel et fonctionnel, tout particulièrement dans la population âgée dépendante, est aussi un facteur aggravant potentiel.

Si la fragilité favorise l’infection, en retour, l’infection contribue à la fragilité, accroissant le risque de dépendance. « Outre le fait que la forme sévère de la pathologie infectieuse peut entraîner des complications d’organe, on constate un impact indirect important des infections, via l’hospitalisation et la perte musculaire, qui peuvent aussi être responsables de chutes, de fractures, reconnues elles-mêmes comme facteurs de dépendance et participant à la spirale du déclin », indique le Dr Anne Mosnier, généraliste et épidémiologiste. Ainsi, « le passage à la dépendance à la suite d’une infection est désormais reconnu comme un paramètre important, devant être intégré notamment dans les études sur le fardeau de la grippe ».

Si la réponse aux vaccins diminue avec le grand âge (par le phénomène dit d’immunosénescence ou vieillissement du système immunitaire), la mémoire immunitaire, quoique réduite par rapport à celle de l’adulte jeune, persiste chez la personne âgée, ce qui explique l’efficacité des rappels. Pour les plus de 65 ans, les recommandations concernent huit valences en dehors du Covid (tétanos, diphtérie, poliomyélite, grippe saisonnière, zona, infections invasives à pneumocoque, coqueluche et hépatite A) et s’adressent, selon les cas, à tous les seniors ou à certaines situations particulières.

Références :

* et plus rarement l’espèce Bordetella parapertussi

** Liu BC et coll. : Pertussis in older adults : prospective study of risk factors and morbidity. Clinical Infectious Diseases 2012 ; 55:1450 – 1457

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