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Actualités santé respiratoire

Santé respiratoire, les news de la rentrée

Pollution atmosphérique, prévalence de l’asthme en France ou tabagisme féminin… Les nouvelles scientifiques de la rentrée.

Le rapport accablant de l’Inserm sur les pesticides et la santé humaine

Huit ans après la première édition, l’expertise collective pluridisciplinaire de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) « Pesticides : effets sur la santé » est paru au début de l’été 2021. Il fait état d’un fort niveau de présomption sur un lien entre l’exposition aux pesticides et un certain nombre de maladies, cancéreuses, neurologiques ou encore des troubles cognitifs et comportementaux. Il s’agit à la fois de pesticides autorisés et interdits mais encore présents dans l’environnement. Par exemple, en 2017, des pesticides ont été retrouvés dans 80 % des nappes souterraines. Dans un quart des cas, les taux dépassaient les seuils règlementaires. Pas moins de 300 substances actives ont alors été recensées (des herbicides dans la moitié des cas) et 40 % étaient déjà interdites. La contamination des eaux de surface est généralisée ; 84 % des points de prélèvements ayant dépassé au moins une fois les seuils entre 2015 et 2017. Dans un quart des cas, les dépassements étaient réguliers. En milieu marin, la contamination par le chlordécone reste problématique aux Antilles (insecticide utilisé dans les bananeraies et classé comme cancérogène possible chez l’homme dès 1979, interdit en 1993).

L’expertise Inserm établit :

  • Un lien, avec une présomption forte, entre exposition professionnelle aux pesticides et six maladies : lymphomes non hodgkiniens, myélome multiple, cancer de la prostate, maladie de Parkinson, troubles cognitifs, BPCO et bronchite chronique.
  • Des liens, avec une présomption moyenne, entre exposition aux pesticides et la maladie d’Alzheimer, les troubles anxio-dépressifs, certains cancers, l’asthme et les pathologies thyroïdiennes.
  • Outre l’exposition domestique et professionnelle, les populations riveraines des zones agricoles où sont utilisés ces pesticides semblent concernées, avec un niveau de présomption plus faible, en particulier avec la maladie de Parkinson.

Trois substances sont en ligne de mire, dont l’insecticide chlordécone avec, selon les experts, un lien fortement présumé avec le risque de cancer de la prostate. Pour sa part, l’herbicide glyphosate accroîtrait le risque de lymphomes non hodgkiniens (présomption de niveau moyen), ainsi que de myélome multiple et de leucémie mais avec un plus faible niveau de présomption. La suspicion plane sur le fongicide succinate déshydrogénase (SDHi) en dépit d’études parcellaires et de données issues de modèles animaux qui font craindre de possibles effets perturbateurs endocriniens ou cancérogènes.

Référence : Pesticides et effets sur la santé. Nouvelles données. Synthèse de l’Expertise collective de l’Inserm. Juin 2021. [En ligne]

 

Polluants atmosphériques : une nouvelle approche pour quantifier les dégâts

Afin de limiter les nombreux biais compliquant les études sur la pollution atmosphérique et son impact sur la santé, des chercheurs de l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) ont mis au point un modèle fondé sur les conditions météorologiques d’altitude. En conclusion, ils estiment qu’un surcroît d’ozone ou de dioxyde de soufre dans l’air accroît le jour même les admissions aux urgences pour motif respiratoire (+ 2,1 % pour une hausse de 10 % de la concentration en ozone et de + 0,7% pour une hausse de 10 % de la concentration en dioxyde de soufre). Les plus touchés sont les jeunes enfants et les personnes âgées. De son côté, l’augmentation de la teneur en monoxyde de carbone dans l’air serait responsable de la hausse du nombre d’admissions pour motif cardiovasculaire le jour même (+ 1,7 % des admissions aux urgences pour une hausse de 10 %), surtout chez les personnes âgées. Enfin, un surcroît de particules fines ou de dioxyde de soufre de 10 % induirait une augmentation de la mortalité de 0,8 % le jour même, pour cause respiratoire ou cardiovasculaire, et ceci principalement chez les personnes âgées.

Référence : Alexandre Godzinski, Milena Suarez Castillo. Selon les polluants atmosphériques, les effets immédiats sur les admissions aux urgences et sur la mortalité diffèrent. Insee Analyses, n°67. Juillet 2021.

 

La fréquence respiratoire analysée par les prochains AirPods 3 ?

Les AirPods (écouteurs sans fil de la marque Apple) seraient capables de suivre « la fréquence respiratoire d’un utilisateur en surveillant le son de ses respirations dans les microphones (…) » et ainsi « suivre la progression d’une maladie ou de l’état de santé cardio-respiratoire au fil du temps ». Selon les auteurs de la publication, la concordance obtenue entre les mesures et la fréquence respiratoire réelle permet d’espérer que l’audio puisse être un signal viable pour estimer la fréquence respiratoire. A suivre.

Référence : Kumar A et al. Estimating Respiratory Rate From Breath Audio Obtained Through Wearable Microphones, https://arxiv.org/pdf/2107.14028.pdf

 

6 % de la population française souffre d’asthme

Nous n’avions pas de données sur la prévalence de l’asthme en France depuis le début des années 2000. Une étude française menée sur plus de 34 000 personnes asthmatiques adultes montre que la prévalence de l’asthme actuel concerne environ 6 % de la population adulte. Les femmes sont plus touchées que les hommes. Ces chiffres proviennent de la cohorte Constances totalisant plus de 200 000 adultes issus de la population française (18-69 ans). Ont été sélectionnées les personnes incluses en 2013 et 2014 et ayant eu une crise ou des symptômes d’asthme au cours des 12 derniers mois ou recevant un traitement actuel contre l’asthme. Les données concernant la santé respiratoire étaient recueillies par questionnaire auto-administré. Celles sur le poids, le tour de taille ou le statut tabagique et socio-économique l’ont été à l’inclusion. Précisément, la prévalence de l’asthme actuel chez les adultes est de 5,8 %, plus élevée chez les femmes (6,4 %) que chez les hommes (5,1 %).

Référence : Delmas MC et al. Prevalence of asthma among adults in France, data from the Constances cohort study. Rev Mal Respir. 2021 Jun 04

 

Des apnées du sommeil ? L’insomnie guette

Deux personnes sur trois atteintes d’une apnée obstructive du sommeil présenteraient au moins deux symptômes d’insomnie. Selon une étude, l’insomnie comorbide, c’est-à-dire associée aux apnées du sommeil, serait retrouvée chez 63 % des patients présentant au moins 2 des 3 symptômes indiquant la présence d’une insomnie comorbide et chez 80 % de ceux en présentant au moins 1 des 3. Concernant le type d’insomnie, 57 % ont rapporté une insomnie d’endormissement, 68 % une insomnie de maintien du sommeil et 48 % des éveils anticipés.

En dépit des biais (examen de dossiers de manière rétrospective, dans un seul centre, sur 296 patients), cette étude a le mérite de rappeler qu’apnées du sommeil et insomnie peuvent être liées, et sont donc à dépister et à prendre en charge.

Référence : Subramanian S et al. Comorbid insomnia and sleep apnea: characterization of the syndrome and understanding its associations with comorbid sleep conditions. Sleep Breath. 2021 Mar 4

 

Philip Morris sent le vent tourner

Fin juillet, dans le journal d’outre-Manche Sunday telegraph, le PDG du cigarettier Philip Morris, a jeté un pavé dans la mare en se prononçant en faveur d’une interdiction prochaine de la cigarette : Jacek Olczak a appelé le gouvernement britannique à interdire la vente de tabac d’ici à dix ans : « Nous pouvons désormais envisager un monde sans cigarette », a-t-il déclaré, en ajoutant « et plus tôt cela se produira, mieux ce sera pour tout le monde ». Selon lui, une proscription générale mettrait fin à la confusion. En effet, un grand nombre de fumeurs penseraient encore que les alternatives au tabac (le vapotage, notamment) sont plus délétères que la cigarette pour l’organisme. Dans la foulée, la vice-présidente de la communication scientifique de Philip Morris, Moira Gilchrist renchérissait : « Le premier choix est évidemment celui de s’arrêter de fumer. Mais, si ce n’est pas le cas, il faut leur (aux fumeurs, ndlr) permettre de s’orienter vers des alternatives meilleures pour la santé ». Des associations ont ironisé sur ce revirement de position, d’autres crient au scandale, arguant qu’une telle interdiction favoriserait le marché noir.

Il faut savoir que Philip Morris possède IQOS, un dispositif qui utilise du tabac chauffé et donc sans combustion, contrairement à la cigarette. Depuis 2008, l’entreprise aurait investi 8,1 milliards dans la recherche d’alternatives au tabac à fumer. L’entreprise a récemment racheté une biotech pharmaceutique (Vectura) spécialisée dans les maladies respiratoires.  

 

BPCO : Le réentraînement à l’effort pour réduire les symptômes dépressifs

Une étude lorraine menée en « vraie vie » (au sein du réseau Insuffisance Respiratoire, parmi 515 patients atteints de BPCO, fumeurs ou anciens fumeurs) confirme la forte prévalence (jusqu’à 30 %) des troubles dépressifs chez les personnes atteintes de BPCO. Elle conclut à l’efficacité d’un réentraînement à l’exercice sur une période de douze mois tant sur temps d’endurance que sur les symptômes dépressifs, les deux étant liés.

Le programme se composait ainsi : 20 demi-journées en établissement de soin, 12 séances à domicile supervisées par un professionnel de santé. Contrairement à la réhabilitation respiratoire, il n’y avait ni éducation thérapeutique, ni prise en charge psychologique.

Les symptômes dépressifs ont été réduits. Le temps d’endurance a été augmenté (de 6,4 minutes à 17,2 minutes). Enfin, plus le temps d’endurance augmentait, plus les symptômes dépressifs étaient améliorés. Ces données sont intéressantes, même s’il n’est pas possible d’élargir ces résultats à l’ensemble de la population souffrant de BPCO.

Référence : Soler J et al. Specific effect of exercise training on depression in COPD patients. Rev Mal Respir. 2021 May 21

 

Du nouveau à propos du tabagisme au féminin

Entre 2010 et 2018 en France, l’incidence du cancer du poumon chez la femme a augmenté de 5 % par an. Chez l’homme au contraire, celle-ci se stabilise (- 0,3 % par an). Des chercheurs français ont exploré l’impact des habitudes tabagiques sur le développement du cancer du poumon. Ils confirment que plus la consommation tabagique est importante (nombre de cigarettes consommées par jour, nombre d’années de tabagisme et de paquets-années), plus le risque de cancer du poumon est élevé chez les femmes. De plus, il faut attendre 20 ans après l’arrêt total du tabac pour qu’une femme retrouve le niveau de risque de cancer du poumon de celle qui n’a jamais touché à une cigarette. Comparativement aux femmes n’ayant jamais fumé, les fumeuses actives et les anciennes fumeuses avaient respectivement 2,15 et 5,22 fois plus de risque de cancer du poumon. L’âge moyen des femmes atteintes de cancer du poumon était dans l’étude de 60,9 ans. Les chercheurs ont repéré plusieurs facteurs de risque indépendants de cancer du poumon comme l’inhalation profonde de la fumée, l’usage d’un tabac brun (plutôt que blond) ainsi que la consommation de cigarettes classiques (non légères et non filtrées).

Référence : Rusmaully J et al. Risk of lung cancer among women in relation to lifetime history of tobacco smoking: a population-based case- control study in France (the WELCA study). BMC Cancer. 2021;21(1):711.

 

Revue de presse : Hélène Joubert, journaliste

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