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ToggleVoici un échantillon de la recherche scientifique récente et des publications en lien avec la santé respiratoire.
Effets de la pollution atmosphérique sur la santé respiratoire
La Société de pneumologie de langue française (SPLF) et son groupe Pathologies pulmonaires professionnelles environnementales et iatrogéniques (PAPPEI) actualisent leur rapport de 2016. Selon ce nouveau rapport, depuis 2000, les taux de dioxyde d’azote (NO2), de particules PM10 (<10µm) et de métaux lourds dans l’air ambiant ont diminué. Alors que les pics d’ozone ont modestement reculé, la moyenne annuelle du taux d’ozone a, en revanche, augmenté. Les taux d’ozone en été vont croître du fait du réchauffement climatique ; la pollution particulaire également, à cause de la multiplication des feux de forêts.
À court terme, les risques liés aux polluants atmosphériques sont principalement respiratoires et infectieux (bronchites, pneumonies…). Mais la personne souffrant d’une pathologie respiratoire et/ou cardiaque préexistante présente surtout un risque d’aggravation, voire de décès. L’augmentation du risque peut être décalée d’environ une journée (asthme) à trois jours (BPCO) après le pic de pollution. Les principaux risques sanitaires sont liés à l’exposition à long terme, qui serait responsable de 90 % des décès et conséquences sur la santé (morbidité), même pour des seuils considérés comme normaux.
Le surrisque de décès toutes causes après 25 ans d’exposition serait compris entre 5 % (particules) et 14 % (dioxyde d’azote) pour la population urbaine. 15 % des nouveaux cas d’asthme chez l’enfant et de cancer bronchique chez l’adulte ainsi que 20 à 30 % des cas de BPCO seraient liés à la pollution atmosphérique chronique.
Référence : D.Caillaud et al. La pollution atmosphérique et ses effets sur la santé respiratoire en France. Document d’experts du groupe Pathologies pulmonaires professionnelles environnementales et iatrogéniques (PAPPEI) de la Société de pneumologie de langue française (SPLF). Revue des Maladies Respiratoires. Available online 30 October 2019. www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0761842519303572
Trente ans pour récupérer du risque cardiovasculaire lié au tabagisme
L’essai ARIC (Atherosclerosis Risk In Communities) conduit auprès de 13 355 participants (45 à 64 ans) est très intéressant. On savait que le tabagisme exposait à l’artériopathie périphérique* – le risque le plus important- mais aussi à la maladie coronaire et à l’accident vasculaire cérébral. Ce que l’on apprend ici est que le risque d’artériopathie périphérique lié au tabagisme peut persister jusqu’à trente ans après l’arrêt du tabac, et vingt ans pour la maladie coronaire.
* Rétrécissement ou blocage des artères causé par une accumulation de dépôts de lipides (plaques), qui durcissent et rétrécissent des artères. Cette athérosclérose limite l’apport sanguin et donc l’oxygène aux membres. L’artériopathie périphérique affecte souvent les jambes, mais d’autres artères peuvent être touchées comme celles qui mènent jusqu’à l’aorte, le cerveau, les bras, les reins et l’estomac. Lorsque des artères du cœur sont concernées, on parle de maladie coronarienne ou maladie cardiovasculaire.
Référence : Ding N et al. Cigarette Smoking, Smoking Cessation, and Long-Term Risk of 3 Major Atherosclerotic Diseases. J Am Coll Cardiol., 2019; 74: 498–507.
Un surrisque professionnel de BPCO chez les infirmiers(ères)
La Nurses’ Health Study II est l’une des cohortes de patients les plus connues au monde, avec 73 262 infirmières inclues. Régulièrement, de nouvelles données sortent dont celles portant sur l’association entre la manipulation régulière de désinfectants et nettoyants de surface et le risque de développer une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).
Celles qui manipulaient des désinfectants toutes les semaines avaient, pour certains produits, un risque supplémentaire de 35 % de présenter une BPCO ; le risque étant d’autant plus élevé que la fréquence d’utilisation rapportée était importante.
Glutaraldéhyde, eau de javel, peroxyde d’hydrogène, produits alcoolisés et complexes d’ammoniums quaternaires étaient associés à la survenue de la BPCO avec une augmentation du risque compris entre 1,25 et 1,36 fois celui des infirmières non exposées.
Mais « association » ne signifie pas forcément « lien de causalité ». Néanmoins, ces données, renforcées par de nombreuses autres déjà publiées, ne laissent plus de place au doute et à la nécessité de prendre des mesures préventives.
Références : Dumas O et al. Association of Occupational Exposure to Disinfectants With Incidence of Chronic Obstructive Pulmonary Disease Among US Female Nurses. JAMA Netw Open. 2019;2(10):e1913563. doi: 10.1001/jamanetworkopen.2019.13563. PMID: 31626315
Allergie alimentaire et asthme sont liés
L’asthme et l’eczéma sont deux maladies en augmentation ces dernières décennies. Par ailleurs, près de la moitié des asthmatiques ont une allergie alimentaire (45 % environs des asthmatiques sont allergiques aux œufs, au lait, au soja, au blé ou aux poissons). A l’inverse, la moitié des enfants allergiques alimentaires ont des signes respiratoires au cours des crises d’allergie. Une relation pas si anodine car l’allergie alimentaire peut aggraver le risque de crises d’asthme sévères, ce qui doit être pris en compte par le médecin. L’inverse est également vrai : la présence d’un asthme est associée à un risque supérieur d’anaphylaxie (réaction allergique grave). L’asthme est la cause la plus fréquente de décès pendant une réaction anaphylactique déclenchée par un aliment. Traquer l’existence de signes respiratoires et se méfier des réactions croisées entre les aéro-allergènes et les allergènes alimentaires (pollen et pommes, par exemple) est donc indispensable.
Référence : Di Palmo E et coll. : Asthma and Food Allergy: Which Risks? Medicina (Kaunas, Lithuania) vol. 55,9 509. 21 Aug. 2019, doi:10.3390/medicina55090509
Addiction au tabac, les femmes paient l’addition
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. A partir des années 1970, alors que le tabagisme féminin progressait, celui des hommes diminuait. En 2017, 24 % des femmes de 18 à 75 ans déclaraient fumer tous les jours, contre 30 % chez les hommes. Les conséquences se voient aujourd’hui : entre 2002 et 2012, l’incidence du cancer du poumon a augmenté de 72 % chez les femmes, alors qu’elle est restée stable chez les hommes. Entre 2002 et 2015, le taux d’hospitalisations pour exacerbation de BPCO a doublé chez les femmes, mais n’a augmenté que de 30 % chez les hommes. Sur la même période, le taux de femmes hospitalisées pour infarctus du myocarde est resté globalement stable, mais a augmenté de 50 % chez celles de moins de 65 ans.
Entre 2000 et 2014, les taux de mortalité par cancer du poumon et BPCO ont augmenté de respectivement 71 et 3 % chez les femmes, alors qu’ils ont diminué de 15 et 21 % chez les hommes. Enfin, le pourcentage de décès attribuables au tabac, toutes pathologies confondues, a crû annuellement de 6 % en moyenne chez les femmes alors qu’il a baissé de 1 % chez les hommes. Valérie Olié, l’auteure principale de l’étude, notait : « Le fardeau lié à la BPCO et au cancer du poumon devrait continuer de croître dans les années à venir ».
Référence : Changes in tobacco-related morbidity and mortality in French women: worrying trends. European Journal of Public Health, Volume 30, Issue 2, April 2020, Pages 380–385
Cancer bronchique, des traitements sur mesure
Dans 85 % des cas, le cancer bronchique survient après une exposition tabagique. Mais il peut se déclarer également chez des personnes n’ayant jamais fumé. En cause, des mutations génétiques désormais bien connues et conduisant à des altérations moléculaires, spécifiques d’un type de cancer bronchique dit « non à petites cellules », localement avancé ou métastatique.
Par exemple, 10 % des patients ont une mutation de l’EGFR (récepteur du facteur de croissance épidermique), 5 % un réarrangement ALK et 5 % ont des mutations rares au niveau des gènes MET, Braf, HER2 ou des réarrangements au niveau des gènes ROS ou RET, voire d’autres, encore plus rares. Quelles qu’elles soient, ces altérations conditionnent la croissance et la survie des cellules cancéreuses. Des thérapies ciblées (immunothérapies) ont donc été développées, qui bénéficient à 20 % des patients ayant ce type de cancer bronchique. Elles s’avèrent plus efficaces que les chimiothérapies (survie entre trois et six ans). Malheureusement, un phénomène de résistance apparaît, obligeant les chercheurs à créer des secondes voire des troisièmes générations de thérapies ciblées. Dans cette course contre la résistance, la recherche tente d’en élucider les mécanismes. En attendant, pour compenser, les médecins associent, désormais le plus tôt possible, les thérapies ciblées à des chimiothérapies, des radiothérapies, des traitements anti-angiogéniques (empêchant la formation de nouveaux vaisseaux sanguins).
D’après une conférence au congrès de pneumologie de langue française (CPLF), 2020
Une fibrillation atriale peut cacher un syndrome des apnées du sommeil
Dans la prise en charge d’une fibrillation atriale ou auriculaire (FA), le plus fréquent des troubles du rythme cardiaque, le Dr François Brigadeau (CHR Hôpital Cardiologique, Lille) rappelait lors du congrès des cardiologues français – Journées européennes de la Société française de cardiologie (JESFC 2020), l’intérêt de rechercher d’éventuels syndromes des apnées obstructives du sommeil (SAOS). En effet, non seulement les apnées peuvent être impliquées dans le déclenchement de l’arythmie, mais elles peuvent rendre son traitement beaucoup moins efficace. Le SAOS se rencontre plus souvent chez les patients souffrant de fibrillation atriale. Celle-ci est alors fréquemment persistante.