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Prévention des infections respiratoires

Prévenir les infections respiratoires à VRS chez le nourrisson et les seniors

Santé respiratoire France s’engage

La France deviendra mi-septembre 2023 l’un des premiers pays au monde à encourager l’immunisation de tous les nourrissons contre le virus respiratoire syncytial (VRS). D’autres solutions se profilent, en particulier celle des vaccins, chez la femme enceinte et les seniors. Ces derniers sont les victimes moins connues du virus de la bronchiolite. A cette occasion, l’association Santé respiratoire France organisait en juillet dernier une table ronde d’experts*, apportant sa contribution à une réflexion de santé publique : comment promouvoir la prévention contre les infections à VRS ?

Une nouvelle ère, celle de la prévention, s’ouvre dans la lutte contre les infections à virus respiratoire syncytial (VRS). Les infections de la muqueuse respiratoire (première défense au niveau des voies respiratoires face aux agressions extérieures) sont le plus souvent dues à ce virus, très répandu et très contagieux. Santé respiratoire France s’engage pour la prévention des infections respiratoires à VRS, redoutable chez le nourrisson comme chez les personnes âgées.

Retrouvez la synthèse de la table ronde en intégralité : ici.

Éviter au maximum les formes graves de bronchiolite et les hospitalisations… Si l’hiver dernier, le VRS a fortement sollicité les hôpitaux avec une épidémie de forte ampleur, cette année les autorités sanitaires prennent les devants et annoncent une campagne d’immunisation pour tous les nourrissons nés depuis février 2023.

A partir du 15 septembre 2023 prochain, il sera possible de parler de prévention au sens large contre les infections à VRS chez le nourrisson

A partir du 15 septembre prochain, il sera donc possible de parler de prévention au sens large contre les infections à VRS chez le nourrisson, au moyen du nirsevimab en prophylaxie des bronchiolites à VRS du nourrisson (une unique injection intramusculaire). Le nirsevimab (Beyfortus®, laboratoires Sanofi et AstraZeneca) est un anticorps monoclonal de longue durée d’action qui cible la protéine (protéine F) dont le VRS a besoin pour infecter l’organisme. L’autorisation de mise sur le marché (AMM) précise l’indication du nirsevimab, soit la prévention des infections des voies respiratoires inférieures causées par le VRS chez les nouveau-nés et les nourrissons pendant leur première saison d’exposition au virus. Début août, la Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) a en effet accordé un avis favorable pour la prise en charge de Beyfortus® dans cette indication où ce produit pourrait éviter plus de 8 hospitalisations sur 10.

Jusqu’alors, il n’existait qu’un traitement préventif (le palivizumab, un autre anticorps monoclonal anti-VRS), relativement contraignant, avec une durée de vie relativement courte (1 mois) et administré uniquement aux bébés les plus fragiles (les grands prématurés, en particulier ceux souffrant d’une maladie respiratoire).

Quelques chiffres
Le virus respiratoire syncytial (VRS) est à l’origine de la plupart des cas de bronchiolite. A l’instar de la majorité des infections virales, les médecins ne disposent que de peu de traitements pour prendre en charge les malades.
🔘 Chaque année 2 à 3 % des nourrissons de moins d’un an sont hospitalisés pour une bronchiolite.
🔘 De 2010 à 2018, on a dénombré environ 45 225 hospitalisations/an associées au VRS, dont 69 % chez les enfants de moins d’un an
🔘 Plus largement, la bronchiolite touche chaque hiver près de 30 % des nourrissons de moins de 2 ans, soit environ 480 000 cas par an, et le VRS est responsable de la majorité des bronchiolites.

Les seniors, des victimes peu connues du grand public

Le virus respiratoire syncytial provoque des infections récurrentes tout au long de la vie. C’est l’une des principales causes d’infections respiratoires chez les personnes âgées et les adultes à risque (1,2), avec des conséquences souvent graves que pourrait empêcher l’arrivée imminente de différents vaccins. En Europe, le VRS entraînerait chaque année plus de 270 000 hospitalisations et environ 20 000 décès à l’hôpital chez les adultes de 60 ans et plus (3). Les personnes souffrant de problèmes de santé sous-jacents, tels que le diabète et les maladies cardiaques et pulmonaires chroniques, sont à l’origine de la majorité des hospitalisations liées au VRS (4,5).

Quand le VRS circule, généralement pendant cinq mois de l’année, il infecte toutes les tranches d’âge. Mais chez les personnes de plus de 60 ans, ses conséquences peuvent être bien plus graves que chez les nourrissons en bonne santé. Chez un sujet âgé, le virus peut entraîner une déshydratation, des difficultés respiratoires et une pneumonie. Il peut aggraver des affections chroniques telles que l’asthme, le diabète, ou des maladies du cœur et des poumons. Dans certains cas, ces « décompensations » plus ou moins sévères peuvent conduire en réanimation.

Mais la donne pourrait très bientôt changer, avec l’arrivée imminente des premiers vaccins.

A ce propos, en juin dernier, la Commission européenne a autorisé Arexvy® (Laboratoire GSK), le premier vaccin contre VRS destiné aux personnes âgées de 60 ans et plus. Il contient une protéine essentielle pour que le VRS puisse infecter l’organisme et constitue également la cible principale des anticorps générés pour combattre l’infection. 

L’autorisation des autorités sanitaires se fonde sur les données de l’essai positif de phase III AReSVi-006 (Adult Respiratory Syncytial Virus) où ce vaccin a montré une efficacité globale de 82,6 % contre le virus chez les 60 ans et plus. L’efficacité était de 94,6 % chez les individus de 60 ans et plus souffrant de problèmes cardiorespiratoires et endocriniens-métaboliques). Le vaccin a été généralement bien toléré (douleur au site d’injection, fatigue, douleurs musculaires, maux de tête et arthralgie).

Les laboratoires Pfizer et Moderna développent chacun un vaccin contre le VRS destinés aux personnes âgées, en cours d’examen par les autorités sanitaires. Là aussi, le vaccin sera intéressant pour les personnes qui en ont le plus besoin, comme celles qui souffrent d’une maladie sous- jacente. Outre une protection individuelle, ces vaccins pourraient limiter les épidémies en collectivité comme dans les Ehpad. A noter, le vaccin de Pfizer (Abrysvo®), a été approuvé très récemment par les autorités américaines de la santé (FDA) pour la prévention du VRS chez les nourrissons grâce à l’immunisation active des femmes enceintes (à 32 à 36 semaines d’âge gestationnel).

Les gestes barrières, cruciaux et efficaces
Les avancées pharmacologiques ne doivent pas faire oublier l’importance des gestes barrières. Des gestes simples de prévention qui, adoptés au quotidien, permettent de réduire la transmission des infections virales saisonnières.

Vis-à-vis des nourrissons : se laver les mains, éviter que les personnes infectées ne viennent embrasser les bébés, porter un masque en cas d’infection, éviter d’exposer notamment les tous petits lors des rassemblements favorable à la diffusion des virus respiratoires, éviter le tabagisme, favoriser l’allaitement maternel.

Vis-à-vis des seniors et des adultes à risque : se laver les mains avant de les rencontrer, porter un masque en leur présence lorsqu’on est soi-même enrhumé ; et enfin aérer souvent la pièce.

📢 Les messages clés de la table ronde

La table-ronde « Quelles pistes pour que chaque nourrisson puisse bénéficier des nouvelles solutions de prévention des infections à VRS ? » organisée par Santé respiratoire France s’est déroulée le 6 juillet 2023.

Les participants : Pr Claire ANDREJAK, du service de pneumologie au CHU Amiens Picardie ; le Pr Robert COHEN, président du groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) de la Société française de pédiatrie, directeur scientifique d’ACTIV et d’Infovac-France ; le Dr Fréderic LE GUILLOU, pneumologue et président de l’association Santé respiratoire France ; Monsieur Sébastien MICHEL, président de l’association pour la prévention des risques de la santé et du bien-être des enfants et des futurs parents (APSEF) ; le Pr Cyril SCHWEITZER, président de la Société pédiatrique de pneumologie et d’allergologie (SP2A), chef du Pôle Enfants-Néonatalogie du CHRU de Nancy ; le Dr Sydney SEBBAN, pédiatre et coordinateur médical du Réseau bronchiolite Ile-de-France ; Pr Astrid VABRET, cheffe du service de virologie au CHU de Caen Normandie et co-coordinatrice du réseau virologique et pharmacologique de l’ANRS-MIE.

  • L’impact socio-économique de la bronchiolite est certain. Une enquête menée par l’AFPA R&D et mpedia.fr en 2022 confirmait que l’hospitalisation d’un nourrisson est un évènement stressant pour sa famille, avec des répercussions sur les proches et en premier lieu les parents. Celles-ci sont d’ordre psychologiques, liées au stress de l’hospitalisation mais aussi professionnelles, organisationnelles et financières.
  • Les bénéfices individuels et collectifs de la prévention sont multiples : il s’agit de retarder le plus possible la primo-infection de l’enfant (quasi systématique chez tous enfants de moins de 2 ans, mais plus grave chez les nourrissons âgés de moins de 3 ou 6 mois) ; de diminuer le poids de la maladie chez l’enfant ou le sujet âgé et son entourage ; de réduire le poids de la maladie sur la société ; de désengorger le système de soins et les urgences lors de la période épidémique.
  • Le nirsevimab constitue une avancée majeure en termes de santé publique car de nombreuses études ont montré qu’en France, 87 % des hospitalisations concernent des nourrissons nés à terme en bonne santé.
  • Les enjeux liés à la vaccination contre le VRS chez les personnes âgées de plus de 60 ans sont liés à une difficulté à convaincre du recours à la vaccination ainsi qu’à un diagnostic souvent tardif des pathologies respiratoires. Explication : en France, 10 % de la population serait concernée par une BPCO. Les deux-tiers des personnes concernées en souffriraient sans le savoir. Or, le diagnostic est dans ces situations très souvent posé lors d’une hospitalisation pour exacerbation d’origine virale, et notamment par le VRS.
  • D’après une enquête menée par l’association APSEF auprès de parents qui ont déjà été confrontés à la bronchiolite, 30 % étaient favorables à une immunisation, 23 % s’estiment indécis et 53 % non favorables (6).
  • Délivrer une information validée, claire et loyale est un enjeu ; l’information renforçant l’adhésion et le recours aux traitements, qu’il soit préventif ou curatif.
  • Pour convaincre les parents, l’idée est de souligner avant tout les bénéfices individuels du recours aux nouveaux moyens de prévention permettant de repousser la primo-infection à un âge plus tardif, afin de limiter la sévérité de l’infection. S’adresser directement aux parents (« Votre bébé est « fragile », pensez à le protéger et à le protéger tôt ») est assez efficace. Afin de réduire les difficultés d’orientation dans le parcours de soins en cas d’infection de leur enfant, un message important pourrait aussi être le suivant : « En protégeant votre bébé, vous anticipez et vous diminuerez votre niveau de stress face à la maladie ».
  • Les gestes barrières, cruciaux pour contenir la contagiosité du virus, ne sont pas ancrés dans les pratiques. Pendant les confinements en 2020-21, l’épidémie de bronchiolite ne s’est quasiment pas manifestée. En post-Covid-19, une fois l’arrêt des mesures barrières, le retour des différents virus respiratoires a été observé. Par conséquent, plusieurs virus respiratoires co-circulent désormais en période automnale et hivernale. L’importance des gestes barrières doit être rappelée.
  • C’est la synchronisation des messages et la complémentarité des acteurs (associations de patients, médias, réseaux sociaux, sociétés savantes, médecins de terrain, maternités, pédiatres…) qui donnera du poids à la campagne de prévention contre le VRS et offrira une caisse de résonance à ces messages, délivrés au plus proche des personnes concernées.
  • Concernant le senior, la surveillance du VRS doit être renforcée. Malgré un impact significatif bien identifié du VRS dans cette population, les données chez les populations adultes seniors sont trop lacunaires.

Références :

1. Falsey AR, McElhaney JE, Beran J, Van Essen GA, Duval X, Esen M, et al. Respiratory syncytial virus and other respiratory viral infections in older adults with moderate to severe influenza-like illness. The Journal of infectious diseases. 2014;209(12):1873-81.
2. Belongia EA, King JP, Kieke BA, Pluta J, Al-Hilli A, Meece JK, et al., editors. Clinical features, severity, and incidence of RSV illness during 12 consecutive seasons in a community

3. Savic M, Penders Y, Shi T, Branche A, Pirçon J-Y. Respiratory syncytial virus disease burden in adults aged 60 years and older in high-income countries: a systematic literature review and meta-analysis. Influenza Other Respir Viruses 2022 November 11.
Available at: https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/irv.13031

4. Centers for Disease Control and Prevention. RSV in Older Adults and Adults with Chronic Medical Conditions. Accessed March 2023. Available at: www.cdc.gov/rsv/high-risk/older-adults.html

5. Tseng HF, Sy LS, Ackerson B, et al. Severe morbidity and short- and mid- to long-term mortality in older adults hospitalized with respiratory syncytial virus infection. J Infect Dis. 2020;222(8):1298-1310. doi:10.1093/infdis/jiaa361.
Available at: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32591787/

6. www.apsef.fr Les parents et la bronchiolite du nourrisson (enquête 2022-2023)

*  Cette table-ronde a été organisée avec le soutien institutionnel du laboratoire Sanofi.

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