Fiche pratique

POURQUOI NE PAS TESTER LA MÉTHODE PILATES ?

La méthode Pilates est une gymnastique douce qui allie une respiration profonde avec des exercices physiques, ce qui en fait une activité idéale pour les personnes souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive ou insuffisants respiratoires chroniques en général. Pour renouer en douceur avec l’activité physique.

La méthode Pilates est aujourd’hui plébiscitée dans le monde entier. Fondée en 1920 par Joseph Hubertus Pilates à New York, son inventeur l’avait au départ nommée « la contrology ». Le Pilates est une méthode d’entraînement physique qui s’inspire du yoga, de la danse et de la gymnastique. Elle se pratique au sol, sur un tapis, ou à l’aide d’appareils spécifiques ou plus classiques de rééducation comme le rouleau, le ballon, l’élastique et bandes de gym, le cercle ou le boudin en mousse.

Le Pilate repose sur huit grands principes :
– La maîtrise ou le contrôle du mouvement, dans l’espace et le temps.
– La respiration se fait en engageant légèrement les muscles du périnée et le transverse. On respire en élargissant la cage thoracique, et l’on cherche une amplitude de respiration.
– La fluidité met le corps en mouvement mais de manière lente et harmonieuse car les muscles sollicités sont les muscles profonds et stabilisateurs.
– La précision, avec l’enchaînement des exercices en éliminant les mouvements parasites.
– La concentration, qui fait que chaque mouvement est réfléchi.
– Le centrage. Tout vient du ventre, le centre de gravité. Celui-ci doit être rentré en permanence. Le “core” est le point clé de cette méthode, et implique, notamment, de garder une colonne vertébrale “neutre”, c’est-à-dire sans cambrure excessive ni rétroversion du bassin. 
– La stabilité est la capacité à garder immobile une partie du corps et en particulier le torse.
– La relaxation permet de détendre et de relâcher les muscles afin de travailler au mieux l’amplitude.

Si le Pilates permet de renforcer les muscles posturaux et dorsaux et de tonifier la silhouette, il n’est pas conçu pour perdre du poids. Le Pilates se distingue du yoga par les techniques de respiration et les objectifs majeurs : alors que le yoga vise à unir le corps et l’esprit par des exercices de méditation et de respiration, le Pilates travaille uniquement les muscles du corps et la posture. L’idée générale est le développement des muscles profonds, l’amélioration de la posture, l’équilibrage musculaire et l’assouplissement articulaire, pour un entretien ou une restauration des fonctions physiques.

La méthode Pilates possède un socle théorique qui suppose que les pratiquants améliorent leur santé en améliorant leurs alignements et leur posture. Mais à ce jour, aucune évaluation scientifique n’existe sur ses bienfaits vis-à-vis d’une pathologie, d’un type de douleur, etc.

15 minutes de Pilates tous les jours : c’est possible !

Vu la diversité des exercices, le Pilates peut se pratiquer de 7 à 77 ans. Il n’y a aucune contre-indication connue et les personnes atteintes de pathologies chroniques comme la BPCO peuvent justement s’y consacrer sans réserve. L’avantage est qu’il est possible de transposer les exercices de Pilates dans la vie quotidienne, en marchant, en se levant, en se couchant…

La Fédération des professionnels de la méthode Pilates, association loi 1901 créée en 2011, a pour but de préserver et développer la qualité de la discipline Pilates (https://www.fpmp.fr). Elle a pour mission de répertorier les studios et centres de formations, d’enregistrer les diplômes tout en assurant l’homogénéité et la qualité du niveau de formation des instructeurs affiliés. Car, en France, le niveau des professeurs peut être très inégal d’une formation à l’autre. Cette grande disparité existe dans de nombreux pays, car le terme Pilates est considéré comme un terme générique.

« Le Pilates pour se motiver, retrouver l’envie et le plaisir de bouger »

L’avis du Dr Mathieu Larrousse, pneumologue à Toulon.

Qu’apporte la méthode Pilates aux personnes BPCO et insuffisantes respiratoires ?
« Toute activité physique, faible ou intense, est bénéfique pour les personnes insuffisantes respiratoires. Or, très souvent, celles-ci ne pratiquent pas du tout ou très peu d’activité physique. Elles en ont perdu le goût, le plaisir, craignent l’essoufflement, et ont rarement un passé sportif. De ce fait, la plupart du temps, les exercices que l’on va leur proposer lors de la réhabilitation à l’effort seront jugés trop intenses et les patients se découragent très vite. L’avantage du Pilates est qu’il permet un travail en douceur, non agressif ni traumatisant et focalisé sur la respiration, d’où un ressenti bénéfique à la fin de la séance. Cet effet de satisfaction immédiat sur la respiration couplé au fait de se faire plaisir peut être un argument pour proposer cette activité. De plus, synchroniser le travail musculaire sur la respiration apprend aux patients BPCO à respirer quelle que soit la situation, que l’intensité de l’activité soit élevée ou modérée. A contrario, la gymnastique fait plus travailler le cardiovasculaire que la respiration elle-même.

Si le Pilates a tant de succès, c’est parce que la société tend vers un “mieux-être” et un “prendre soin de soi”, que les patients BPCO apprécient bien entendu aussi. Je recommande le Pilates à mes patients BPCO, préférentiellement à ceux qui sont déconditionnés vis-à-vis de l’effort physique. C’est une première très bonne étape pour les remettre en activité, en douceur et dans le contrôle de la respiration, mais aussi de renouer avec leur corps et de se socialiser. Et parce que la maladie BPCO génère de l’anxiété, le Pilates enseigne à mieux gérer l’hyperventilation, la perte de contrôle ventilatoire. Un patient qui a débuté le Pilates poursuit généralement cette activité. C’est aussi une impulsion pour aller vers d’autres cours, d’Activité Physique Adaptée (APA), de stretching, puis de “cardio”. La vraie difficulté est de les inciter à franchir le pas, à suivre la première séance. C’est pourquoi, entre l’inactivité et les cours de Pilates ou autres, il y a probablement, pour certains, une place pour l’APA à domicile*. »

* Association de Recherche en Pneumologie (Programme pour la Réhabilitation à l’Effort Physique à Domicile) : https://www.arep-association.com

Hélène Joubert