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Pollution de l’air ambiant, la santé respiratoire paie le prix fort

C’est officiel, plusieurs dizaines de milliers de cas de maladies sont évitables en France, notamment respiratoires mais aussi cardiométaboliques, en réduisant les niveaux des particules fines (microparticules de 2,5 µm) et de dioxyde d’azote dans l’air ambiant.

Dans une étude parue ce 29 janvier 2025 (évaluation quantitative des impacts sur la santé ; EQIS), Santé publique France a estimé, pour la première fois, l’impact de l’exposition à la pollution de l’air ambiant sur la survenue de maladies chroniques, en France hexagonale et en région. Elle met en évidence que, bien au-delà de la mortalité, cette exposition favorise l’apparition de maladies chroniques touchant le système respiratoire, cardiovasculaire et métabolique. Sur le plan respiratoire, plusieurs pathologies sont directement liées à la pollution de l’air, avec un lien démontré entre l’exposition et leur survenue. Parmi elles figurent le cancer du poumon, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), l’asthme aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte, ainsi que les pneumopathies et autres infections aiguës des voies respiratoires inférieures, à l’exclusion de la grippe.

Les points clés à retenir.

◾Chaque année, une exposition prolongée à la pollution de l’air liée aux activités humaines est responsable de 12 à 20 % des nouveaux cas de maladies respiratoires chez l’enfant, soit entre 7 000 et près de 40 000 cas selon la pathologie et le polluant concerné. Cela représente 20 % des cas d’asthme chez l’enfant, 16 % chez l’adulte.

◾Chez l’adulte, entre 7 et 13 % des nouveaux cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires ou métaboliques, soit entre 4 000 et 78 000 cas, sont également attribuables à cette pollution.

◾Ces travaux complètent ceux publiés par l’Agence en 2021, qui soulignaient que la pollution de l’air ambiant demeure un facteur de risque majeur en France, avec 40 000 décès annuels attribuables aux particules fines (dont les PM 2,5 dont nous parlons dans cette étude).

◾L’étude révèle qu’une diminution des concentrations de PM2,5 et de dioxyde d’azote (NO2) aux niveaux recommandés par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) permettrait d’éviter 75 % des maladies attribuées à l’exposition aux PM2,5 d’origine humaine et près de 50 % de celles liées au NO2.

Le dioxyde d’azote (NO2) est un polluant atmosphérique principalement issu du trafic routier et de la combustion des énergies fossiles. Les particules fines PM2,5 (particules en suspension d’un diamètre inférieur ou égal à 2,5 micromètres) sont un type de pollution atmosphérique qui provient principalement de la combustion de carburants (notamment le diesel), de l’industrie, du chauffage domestique et des feux de végétation.

◾À titre d’exemple, atteindre la valeur guide de l’OMS pour les PM2,5 réduirait de près de 30 000 le nombre de nouveaux cas annuels d’asthme chez les enfants de 0 à 17 ans.

De plus, chaque année, une réduction de la pollution de l’air aux niveaux recommandés par l’OMS permettrait d’éviter 3 000 cas de cancer du poumon, 16 400 cas de bronchopneumopathie chronique obstructive, 57 800 cas d’hypertension artérielle, 6 000 infarctus du myocarde, 7 400 accidents vasculaires cérébraux et 10 700 cas de diabète de type 2.

Abaisser le dioxyde d’azote aux normes de l’OMS réduirait également de 11 000 le nombre de cas d’asthme chez les enfants de 0 à 17 ans et de 5 600 chez les adultes.

◾Des économies potentielles de plus de 16,5 milliards d’euros. L’étude évalue également l’impact économique annuel de l’exposition de la population à la pollution de l’air en France hexagonale, en termes de santé et de bien-être pour les maladies étudiées. Cet impact est estimé à 12,9 milliards d’euros pour les PM2,5, soit près de 200 euros par an et par habitant, et à 3,8 milliards d’euros pour le NO2, soit 59 euros par an et par habitant. Le respect des valeurs guides de l’OMS permettrait de réduire ces coûts à 9,6 milliards d’euros pour les PM2,5 (148 euros par an et par habitant) et à 1,7 milliard d’euros pour le NO2 (26 euros par an et par habitant).

◾A noter, sur le plan cardiovasculaire, la pollution de l’air est associée à la survenue d’un accident vasculaire cérébral, d’un infarctus aigu du myocarde et de l’hypertension artérielle. Sur le plan métabolique, elle favorise le développement du diabète de type 2. Les particules fines PM2,5 pénètrent profondément dans les voies respiratoires et peuvent franchir les parois des alvéoles pour rejoindre la circulation sanguine. Cette capacité à traverser les barrières naturelles de l’organisme explique pourquoi, au-delà de leur impact sur le système respiratoire, elles peuvent affecter d’autres organes, entraînant des maladies cardiovasculaires, neurologiques et métaboliques telles que le diabète.  

◾Les enfants, les personnes âgées, celles souffrant de maladies chroniques, les femmes enceintes, les travailleurs en extérieur, les sportifs qui inhalent plus profondément l’air, ainsi que les fumeurs, dont l’appareil respiratoire est déjà irrité par le tabac, figurent parmi les populations les plus vulnérables face à la pollution.

◾Une nouvelle directive européenne, adoptée en février 2024, impose des limites annuelles plus strictes à partir de 2030 : 25 μg/m³ pour les PM2,5 sur une journée, à ne pas dépasser plus de 18 fois par an, et 10 μg/m³ en moyenne sur l’ensemble de l’année. Pour le dioxyde d’azote (NO2), les seuils sont de 45 μg/m³ sur une journée, à ne pas dépasser plus de 18 fois par an, et 20 μg/m³ en moyenne sur l’année.

A propos de cette nouvelle directive européenne, lors de la conférence de presse, Guillaume Boulanger, de Santé publique France, commentait : « C’est un premier pas qui permettrait de réduire de 15 % le fardeau total des maladies prises en compte dans notre étude. Toutefois, l’objectif devrait être d’atteindre les valeurs cibles fixées par l’Organisation mondiale de la santé, qui sont bien plus ambitieuses. »

L’air intérieur est également particulièrement néfaste, à l’origine de maladies respiratoires et cardiométaboliques. Selon l’OMS, les effets combinés de la pollution de l’air extérieur et de la pollution de l’air intérieur des habitations sont associés à 6,7 millions de décès prématurés chaque année.

L’air est plus pollué à l’intérieur qu’à l’extérieur, même si ce ne sont pas exactement les mêmes polluants. Nous passons environ 80 % de notre temps dans des espaces fermés où l’air que nous respirons est en moyenne 4 à 5 fois plus pollué que l’air extérieur.

Lire le rapport de l’OMS : Pollution de l’air à l’intérieur des habitations

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Référence :

Publié le 29 janvier 2025 Estimation de la morbidité attribuable à l’exposition à long terme à la pollution de l’air ambiant et de ses impacts économiques en France hexagonale, 2016-2019. Volume 1 : Évaluation quantitative d’impact sur la santé (EQIS-PA)

Hélène Joubert

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