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Madame Kamal Directrice filières technologie santé et innovation (Harmonie Mutuelle)

Résumé 
Si le financement partiel de l’activité physique adaptée (APA) par les organismes de complémentaires santé dont les mutuelles semble constituer un levier efficace chez les personnes atteintes de maladie chronique, Nadia Kamal, Directrice filières technologie santé et innovation (Harmonie Mutuelle), pointe deux freins majeurs à sa réalisation par les patients : la large méconnaissance des médecins quant à la manière de prescrire l’APA, et la méconnaissance générale des lieux et des professionnels en mesure de la dispenser.

Comment pérenniser les comportements santé, en particulier l’activité physique, en population générale et chez les patients malades chroniques, en particulier les personnes insuffisantes respiratoires ?

Nadia Kamal : Il existe trois aspects à considérer. Premièrement, la motivation du patient. Deuxièmement, le coût des prestations en matière d’activité physique adaptée. Enfin, le troisième point concerne l’adaptabilité des activités physiques dans le cadre du sport-santé, compte tenu des diverses pathologies des patients. Il est essentiel de recourir à des professionnels formés, pour que les activités proposées le soient en fonction des capacités individuelles, des pathologies et des contraintes personnelles, y compris organisationnelles. Nous sommes convaincus que l’aspect financier doit être pris en considération. C’est pourquoi nous avons instauré depuis 2020 un dispositif de prise en charge partielle des dépenses de nos adhérents liées à la pratique d’une activité physique adaptée, d’un montant allant de 80 à 140 € par an en fonction d’une série de critères. Cela peut représenter un soutien financier pour les patients souffrant de maladies invalidantes et chroniques, sous réserve de certaines conditions selon que la personne relève du statut d’invalidité, du régime de l’affection longue durée (ALD) ou souffre d’une maladie chronique hors ALD.

Quels sont vos constats suite à la mise en place de ce dispositif ?

Il existe une forte problématique liée à l’orientation du patient. Lorsqu’un patient évoque son intérêt pour pratiquer une activité physique adaptée auprès de son médecin, celui-ci est très souvent confronté à une difficulté concernant la rédaction de l’ordonnance, ne sachant pas comment formuler correctement l’adressage du patient, ni définir ses besoins en matière d’APA. L’autre problème concerne l’orientation du patient vers les lieux appropriés pour pratiquer ces activités physiques adaptées. Par conséquent, notre dispositif est largement sous-utilisé, avec une méconnaissance de son existence par nos adhérents, malgré nos efforts de communication. Le plus souvent, médecins comme patients ignorent comment trouver les professionnels adéquats. Le financement de l’APA n’est donc pas l’unique levier à activer, nous le constatons. Pour certains adhérents, bien qu’informés des bienfaits de l’APA et de l’existence du dispositif de prise en charge par Harmonie Mutuelle, la prise de conscience ne déclenche pas le passage à l’action. Notre conviction forte en ce sens est qu’il ne suffit pas de faire savoir, mais aussi de donner envie, en jouant sur des leviers émotionnels et relationnels.

Quel est le rôle des organismes de santé complémentaires dans la promotion et la facilitation de l’activité physique adaptée ?

Nous sommes fermement convaincus de notre rôle de sensibilisation à la prévention et d’incitation à la pratique régulière de l’exercice physique, même en l’absence d’un professionnel de l’APA. Il s’agit notamment de promouvoir des actions simples, telles que la marche ou l’utilisation des escaliers autant que possible. Quant à la pratique de l’APA pour les personnes atteintes de maladies chroniques, les preuves scientifiques sont indiscutables. Les avantages pour la santé sont tels que le financement devrait être un effort partagé entre tous les contributeurs, les organismes de complémentaires santé ainsi que la Sécurité sociale. Cependant, je ne suis pas convaincue que le principal problème réside actuellement dans le manque de financement pour ceux qui n’ont pas recours à l’activité physique adaptée. Le professionnel de santé a le devoir d’informer et d’insister fermement pour que l’APA soit pleinement reconnue comme essentielle au processus de réadaptation chez des personnes souffrant de problèmes cardiaques ou respiratoires. Lorsque les avantages pour la santé deviendront vraiment évidents pour tous, l’APA sera perçue par les patients comme une véritable thérapie. Il est impératif que le corps médical s’engage de manière plus proactive pour démontrer que, au-delà des médicaments, l’APA revêt une importance capitale. Des activités sportives sont conçues au sein des hôpitaux, les professionnels de l’APA intègrent des structures médico-hospitalières… Mais les initiatives, quelles qu’elles soient, peinent à se développer sur le territoire, sont peu médiatisées et donc peu connues, aussi bien par le corps médical que par les patients.

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