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La toux chronique, une maladie à part entière

C’était l’événement du 27e congrès de pneumologie de langue française (27e CPLF, 27-29 janvier 2023, Marseille). Les nouvelles recommandations françaises sous l’égide de la Société de pneumologie de langue française (SPLF) et avalisées par plusieurs autres sociétés savantes concernées, très attendues sur la prise en charge de la toux chronique, encadrent la recherche du diagnostic, définissent la toux chronique comme une maladie à part entière et valident le concept de « toux chroniques réfractaires ou inexpliquées » (TOCRI).

La toux chronique est un problème de santé publique. Une étude française parue en 2021 évaluait qu’elle concernait 4,8 % de la population adulte, dont deux tiers de femmes. La toux chronique est définie par une durée supérieure ou égale à 8 semaines et nécessite une prise en charge spécifique. De plus, il existe une « toux chronique non soulagée, appelée toux chronique réfractaire ou inexpliquée-TOCRI qui représenterait moins d’un quart des cas de toux chronique, estime le Pr Laurent Guilleminault (pneumologue, CHU de Toulouse), l’expert qui a coordonné ces recommandations nationales. Cette toux inexpliquée ou réfractaire aux traitements doit avoir fait l’objet d’un suivi médical notamment spécialisé bien conduit depuis au moins six mois et répondre à l’un de ces deux critères :

  • Le premier est qu’aucune cause n’est retrouvée malgré des explorations approfondies et qui comporte a minima un interrogatoire exhaustif, une nasofibroscopie ORL (exploration des voies aériennes supérieures avec un tube souple équipé d’une caméra), une radiographie de thorax et une spirométrie (examen de la fonction respiratoire).
  • Le second critère est que la toux n’est pas améliorée malgré une prise en charge optimale de causes de toux chronique ». Ces causes peuvent être diverses maladies, comme des maladies respiratoires chroniques, dont la BCPO, la fibrose pulmonaire idiopathique, etc.

Il n’existe à ce jour aucun médicament spécifique pour soulager cette toux chronique réfractaire ou inexpliquée. Mais la situation va bientôt changer avec l’arrivée espérée en 2024 en France des médicaments « anti-P2X3 ». En attendant, « les médicaments neuromodulateurs sont recommandés en cas de répercussions majeures de la toux, explique le Pr Guilleminault, sans oublier la morphine à faible dose qui peut apporter un soulagement inestimable. »

Les composés à base de menthol contrôlent ponctuellement la toux. La codéine, les antitussifs… sont déconseillés car inefficaces et associés à des effets secondaires. La méditation pleine conscience est une technique qui peut être proposée aux personnes tousseuses chroniques. Du fait d’un dysfonctionnement du larynx, des programmes de kinésithérapie avec rééducation ventilatoire peuvent aussi s’avérer très utiles.

La réadaptation respiratoire à domicile, positive pour les aidants de personnes ayant une BPCO

Les aidants des personnes atteintes d’une maladie respiratoire chronique jouent un rôle majeur dans l’adhésion à des comportements bons pour la santé. Toutefois, prendre soin du patient au quotidien peut se répercuter sur le bien-être physique, psychologique et social de l’aidant. Offrir un programme de réadaptation respiratoire (RR) au patient et à son aidant peut améliorer le bien-être de l’aidant. C’est ce que démontre une étude présentée au 27e Congrès de pneumologie de langue française (CPLF, 27-29 janvier 2023). Le programme de RR offert aux patients atteints de BPCO et à leurs aidants consistait en une séance hebdomadaire supervisée de 90 minutes à domicile, pendant 8 semaines. Les proches aidants ont également été invités à recevoir un soutien éducatif, à suivre des thérapies comportementales et d’autogestion selon les mêmes méthodes utilisées avec les patients atteints de BPCO.

Les résultats sont positifs : le fardeau, les symptômes d’anxiété et de dépression ainsi que la fatigue générale des aidants ont tous été améliorés après la RR. Chez les patients atteints de BPCO soutenu à domicile par un aidant, les auteurs ont remarqué une amélioration plus importante de leurs symptômes d’anxiété et de fatigue par rapport aux patients ayant déclaré ne pas avoir d’aidant. En conclusion, cette étude de la vraie vie suggère que l’intégration des aidants de patients atteints de BPCO dans un programme de RR à domicile est efficace pour améliorer leur bien-être physique et psychologique.

Référence : Gephine S, Le Rouzic O, Chenivesse C, Grosbois JM. Efficacité d’un programme de réadaptation respiratoire à domicile sur le bien-être des aidants des patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive. CPLF 2023.

🫁 La BPCO, mais pas que.

D’après la base de données IQVIA (données issues d’un large panel de pharmacies en France), 57 % personnes ayant une BPCO sont traitées pour insuffisance cardiaque (IC) et 47 % pour une pathologie cardiovasculaire (hors IC), 19 % pour diabète et 41 % pour anxiété, dépression ou pathologie psychiatrique. 

Plus de la moitié de ces personnes a présenté au moins une exacerbation modérée de BPCO dans les 12 derniers mois. 13 % des exacerbations étaient traitées par corticostéroïdes oraux. 46 % des patients recevaient un antibiotique et 41% étaient sous corticostéroïdes oraux et antibiotique. Enfin, « le recours aux pneumologues paraît faible, souligne l’investigateur principal de l’étude, le Pr Nicolas Roche (Service de pneumologie et soins intensifs respiratoires, hôpital Cochin, AP-HP Paris) : au cours de cette période d’un an, seuls 13 % de ces patients traités pour BPCO ont consulté un pneumologue, 63 % un médecin généraliste et 24 % à la fois un pneumologue et un médecin généraliste. »

Roche N et al. « Fardeau et prise en charge des patients traités pour BPCO en France ». (CPLF, 27-29 janvier 2023)

Accompagner le retour à domicile après exacerbation de BPCO

« Prado BPCO », programme de l’Assurance maladie d’accompagnement du retour à domicile après une exacerbation aiguë de BPCO ne réduit finalement pas la mortalité ni les réhospitalisations, selon une étude présentée au 27e Congrès de pneumologie de langue française (CPLF, 27-29 janvier 2023) par la Caisse nationale de l’Assurance Maladie. L’institution se demande si les patients ayant bénéficié de Prado n’étaient pas plus sévères que ceux du groupe contrôle, ce qui expliquerait les réhospitalisations et les décès constatés. Quoi qu’il en soit, un accompagnement spécialisé peut s’avérer psychologiquement très bénéfique pour ces personnes qui rentrent chez elles.

Référence : Brisacier A.C, Thissier F, Haushalter E. Résultats de l’évaluation du programme de retour à domicile Prado BPCO (Direction des assurés (DAS), Département de la coordination et de l’efficience des soins (DCES), Caisse nationale de l’Assurance Maladie (CNAM), Paris, France)

🤰 Prévenir l’asthme, mais comment ?

Existe-t-il des preuves solides en faveur de certains comportements chez la femme enceinte pour réduire le risque d’asthme de l’enfant à naître ? Au 27e Congrès de pneumologie de langue française (CPLF, 27-29 janvier 2023), le Pr Cécile Chenivesse (Service de pneumologie et immuno-allergologie, CHRU de Lille) a répondu.

Parmi ses messages, celui qu’un asthme maternel sous contrôle peut prévenir l’asthme chez l’enfant à naître. Dans les situations à risque (asthme chez un apparenté au 1er degré ou allergie IgE-médiée autre chez 2 apparentés au 1er degré), il faut préconiser l’éviction des acariens pendant la grossesse et l’allaitement (exclusif ou associé à une formule partiellement hydrolysée).

En revanche, on ne sait pas si une supplémentation en vitamine D pendant la grossesse réduit le risque d’asthme chez l’enfant. De plus, rien ne permet d’affirmer que prendre des vitamines D et A pendant la grossesse puis chez l’enfant réduit le risque d’asthme ultérieur.

Un gros point d’interrogation subsiste, et pour longtemps, sur l’intérêt des probiotiques pendant la grossesse en vue de réduire la survenue d’asthme chez l’enfant.

Quid des acides gras oméga pour réduire la survenue d’un asthme chez l’enfant à naître ? « Ils jouent probablement un rôle, mais plutôt chez les femmes carencées en acides gras polyinsaturés longue chaîne oméga 3, tempère Cécile Chenivesse. Selon la seule étude interventionnelle portant sur l’alimentation au cours de la grossesse et son impact sur le risque d’asthme chez le futur enfant, la supplémentation en huile de poisson réduit bien le risque d’asthme (sifflements persistants ou asthme) à 3 ans, de 16,9 % contre 23,7 % soit une diminution du risque d’environ 30 %. Mais en creusant l’étude, on se rend compte que cet effet bénéfique, réel, n’est retrouvé que chez les femmes carencées, aux taux les plus bas en acides gras polyinsaturés (EPA et DHA). Ce serait la correction de cette carence par l’apport d’oméga 3 contenus dans l’huile de poisson qui réduirait le risque d’asthme. »

3 millions de vapoteurs en France

Le chiffre d’affaires de la vape est estimé à 1 milliard d’euros. Les « puff » (« bouffées en anglais »), commercialisées en France depuis juin 2021, ont représenté en 2022 près de la moitié des ventes des produits de vapotage chez les buralistes, à l’origine de 100 millions d’euros de recettes. Ces cigarettes électroniques jetables séduisent les utilisateurs par leur simplicité d’utilisation. Avec les puffs, il n’y a ni batterie, ni liquide à changer. Vendue moins de 10 euros, soit deux fois moins cher qu’une e-cigarette, la facture mensuelle des puffs peut néanmoins se révéler plus élevée qu’avec la cigarette électronique. 36 % des fumeurs adultes en ont déjà consommé ou l’envisagent (sondage Harris interactive pour la fédération professionnelle France Vapotage, 07/2022).

😴 Troubles du sommeil et libido font mauvais ménage

Parlons désir. Parlons également qualité et quantité de sommeil. On s’en doutait, mais les preuves sont là : une étude conduite chez des femmes souffrant du syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) ou d’insomnie ont un risque accru de faible désir sexuel, de troubles de l’excitation sexuelle et même de difficultés à atteindre l’orgasme.

L’outil TriNetX (base de données internationale alimentée par un réseau de 120 organisations de soins de santé dans 19 pays) a généré une cohorte impressionnante, avec 1 317 491 femmes souffrant d’apnées du sommeil, 1 538 567 insomniaques et 58 902 se plaignant d’un trouble du rythme circadien (tous les processus biologiques cycliques sur 24 heures : sommeil, alimentation…). Précisément, les femmes souffrant d’apnées du sommeil étaient deux fois plus susceptibles de présenter des troubles de l’excitation sexuelle, avec des difficultés à atteindre l’orgasme pour 70 % d’entre elles. Les auteurs émettent l’hypothèse qu’un sommeil perturbé entraînerait une baisse du niveau des hormones œstrogènes et testostérone, majeures pour la libido.

Ces constats sont aussi retrouvés chez les hommes (dysfonction érectile, etc.), dans une étude publiée par la même équipe. Un message que les médecins devraient garder en tête lorsqu’une femme ou qu’un homme consulte pour un trouble sexuel. Et vice-versa, une demande de consultation pour apnées du sommeil est peut-être l’opportunité de dépister une dysfonction sexuelle.

Références : Agrawal P, Singh S M, Kohn J et al. Sleep Disorders Are Associated with Female Sexual Desire and Genital Response – A U.S. Claims Database Analysis FEMALE UROLOGY| VOLUME 172, P79-83, FEBRUARY 2023

Tabac et cancer : 2 idées fausses qui ont la vie dure 

Réalisé tous les 5 ans depuis 2005, le Baromètre cancer fait l’état des lieux des connaissances des Français, de leurs perceptions et de leurs habitudes de vie en lien avec le cancer. L’Institut national du cancer (InCA), en partenariat avec Santé publique France (SPF), vient à la mi-février 2023 de rendre public les résultats du baromètre 2021.

👉 « Le nombre de cigarettes consommées par jour est plus dangereux que la durée du tabagisme ». FAUX.

Alors que 40,6 % des fumeurs pensent que la durée du tabagisme influence davantage l’apparition de cancer (13,4 ans en moyenne selon les personnes interrogées), 58,1 % pensent que le risque provient plutôt du nombre de cigarettes quotidiennes (estimé à 9,2 cigarettes par jour en moyenne par les personnes interrogées).

L’exposition prolongée dans le temps aux substances cancérigènes est nettement plus toxique.

Si les personnes interrogées perçoivent très bien le fait que fumer est risqué, une part très importante des fumeurs estiment cependant qu’une consommation faible ou limitée dans le temps n’engendre pas de risque. Or, même une consommation occasionnelle de tabac augmente la mortalité. Le risque de cancer apparaît dès la 1ère cigarette.

👉 « La cigarette électronique est autant voire plus nocive que la cigarette traditionnelle ». FAUX. 

52,9 % des répondants sont d’accord avec cette assertion, pourtant fausse. La nicotine et les arômes contenus dans la cigarette électronique sont largement perçus comme plutôt ou extrêmement nocifs pour la santé. Or, rappellent les experts, « aucune étude publiée sur les substituts nicotiniques n’a montré d’effets nocifs pour la santé et encore moins comme facteur de cancer : les doses de nicotine délivrées par les cigarettes électroniques sont proches des substituts nicotiniques classiques et il n’a pas été montré d’effet cytotoxique (toxicité sur les cellules) de la nicotine sous forme vaporisée. » Il existe dans l’esprit des gens une confusion entre dépendance et risque de cancer.

Référence 

🏊 Piscines désinfectées par le chlore, danger

La trichloramine dans l’air des piscines publiques est le gaz toxique le plus concentré auquel les groupes les plus vulnérables de la population sont exposés.

Afin de limiter le risque infectieux, les piscines françaises mettent en œuvre des procédés de désinfection utilisant le chlore, très efficaces et peu coûteux. Outre son caractère irritant, le chlore présente l’inconvénient de transformer les matières organiques apportées par les baigneurs en un cocktail explosif de sous-produits de chloration toxiques. Ainsi, l’air des piscines intérieures, publiques ou privées, peut être contaminé par des concentrations très élevées de trichloramine, un gaz irritant et très volatil qui peut provoquer un asthme ou aggraver un asthme préexistant chez le personnel des piscines. Quant à l’eau, elle peut être contaminée par des chloramines irritantes ainsi que par des dérivés chlorés toxiques pour les gènes et la reproduction. La trichloramine et autres irritants issus de la chloration des piscines favorisent le développement des affections allergiques et même la sensibilisation aux allergènes aériens. En cas d’exposition très précoce (bébés nageurs), ces irritants peuvent aussi favoriser les bronchiolites et les infections respiratoires récurrentes. 

Source et références 

Handicap et dépendance : qui sont les 9 millions d’aidants en France ?

Soutien moral, assistance au quotidien ou appui financier… Quelque 9,3 millions de personnes étaient considérées comme « proches aidants » en 2021 en France, selon une étude publiée début février 2023 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress). Trois formes d’aides ont été retenues par les auteurs de l’enquête : aide à la vie quotidienne, soutien moral et aide financière. Environ un tiers des proches aidants cumulent deux ou trois formes d’aide. Le soutien moral est le plus courant (6,4 millions). Les femmes sont bien plus nombreuses. Chez les adultes, elles sont 56,1 % à déclarer une aide, quelle que soit la forme, alors qu’elles ne représentent que 52,2 % de la population. Les aidants peuvent aussi être des mineurs (523 000 proches de moins de 18 ans) mais l’essentiel des aidants sont plus âgés : entre 50 ans et 69 ans où environ une personne sur cinq dit aider régulièrement au moins un proche, une proportion qui atteint près d’un quart parmi les 55 ans à 64 ans. Enfin, selon les départements, la part d’aidants passe quasiment du simple au double : de fortes disparités apparaissent selon les régions : on compte 11,4 % de proches aidants en Vendée et jusqu’à 21,7 % en Martinique. La moyenne nationale s’établit à 14,8 %

Référence : Thomas Blavet (DREES, Institut des politiques publiques, Paris School of Economics), Février 2023 n° 1255.

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