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Voici notre sélection des dernières nouvelles en lien avec la santé respiratoire.
La cigarette n’est plus la bienvenue sur les plages
L’été touche à sa fin. C’est l’occasion de réaliser le bilan d’une action d’envergure : les plages labellisées « sans tabac ». Cette initiative a essaimé sur de nombreuses plages européennes, en Espagne, comme à Barcelone (cf. photo), en Belgique, en Italie et en France notamment. Le « zéro cigarette » défend l’objectif de santé publique « vacances sans tabac » qui progresse, comme une lame de fond.
De manière générale, à la plage ou ailleurs, les espaces sans tabac permettent en premier lieu de protéger les plus jeunes, tout en décourageant les adultes de fumer, en limitant la pollution engendrée par les milliards de mégots de cigarettes jetés dans la nature, et en améliorant la propreté des plages.
La France compte cette année 5 162 « Espaces sans tabac ». Lancé par la Ligue contre le cancer en 2011, ce label a pour vocation de proposer, en partenariat avec les collectivités territoriales, la mise en place d’espaces publics extérieurs sans tabac (parcs, plages, aires de jeux, forêts, etc.) mais qui échappent à l’interdiction de fumer dans les lieux publics (décret n°2006-1386 du 15 novembre 2006). Pour les plages, il se décline avec le label « Plage sans tabac ». Pour les personnes ne respectant pas les interdictions sur les plages concernées, des sanctions telles que des amendes pourront être mises en place.
Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) recommande de proscrire la consommation de tabac dans les lieux publics extérieurs afin de limiter les opportunités de fumer et ainsi réduire l’exposition au tabac et l’entrée des jeunes dans le tabagisme. Ces mesures limitent les possibilités de fumer, luttent contre l’acceptabilité sociale du tabagisme et participent plus généralement de la lutte contre le tabac.
Les « Plages sans tabac » font tache d’huile. Depuis le mois d’avril 2022, la plage de Tanchet est devenue la première des Sables-d’Olonne (Vendée) à être labellisée « sans tabac ». Depuis le 9 juillet 2022, il est interdit de fumer sur les plages du Touquet dans les Hauts-de-France.
Mais c’est La Ciotat qui fut la première ville à appliquer le zéro tabac sur une partie de ses plages en 2011. En 2012, la Ligue contre le cancer a inauguré sur le label « Plage sans tabac » à Nice. Depuis, plusieurs dizaines de plages ont été labellisées à La Rochelle, Hossegor, Saint-Malo, Marseille, Cannes, Royan, Biarritz, Palombaggia ou encore Ajaccio en Corse, à Monaco… Au total, à l’été 2022, la France compte une cinquantaine de plages sans tabac sur l’ensemble de son littoral.
Selon les villes, la période et les zones concernées par cette interdiction diffèrent. À Nice par exemple, l’interdiction de fumer sur les plages labellisées s’étend de la mi-avril à fin octobre. Sur d’autres, seules certaines zones délimitées bannissent la cigarette.
L’opinion publique est largement favorable à ce type de réglementation : en 2020, 89 % de la population interrogée déclarait qu’il est souhaitable que les personnes soient protégées de la fumée du tabac dans les parcs et jardins publics, 86 % aux abords des établissements scolaires et 81 % sur les plages. Un dernier chiffre en augmentation de 12 points par rapport à 2014. (sondage IPSOS pour la Ligue contre le cancer).
Ici, la carte des plages sans tabac (non exhaustive, se renseigner auprès de la mairie concernée)
Ici, la carte des lieux sans tabac
Réchauffement climatique et pollens, des liens pas si évidents
Les températures moyennes augmentent. Les allergies également. Pour autant, établir un lien entre les deux phénomènes serait un peu hâtif, modérait le Dr Michel Thibaudon, pharmacien et fondateur du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) lors du congrès 2022 de la Société française d’allergologie, en particulier parce qu’il existe des facteurs de confusion, dont la pollution atmosphérique qui peut renforcer l’allergénicité.
Il a été montré que les modifications du climat poussent certaines espèces vers le nord (oliviers, cyprès, chênes verts, ambroisie, graminées). Une élévation des températures estivales, couplée à la baisse des précipitations, réduit l’aire de peuplement des hêtres, des mélèzes, des sapins et des épicéas. Il en découle une quantité de pollens plus ou moins importante : alors que la quantité de pollen de bouleau augmente, c’est l’inverse pour les graminées, « les effets du changement climatique étant en général moins marqués pour les herbacées que pour les arbres. »
De plus, la pollution brouille les cartes et, conjuguée à la hausse des températures, elle rend plus précoce la floraison et la pollinisation des arbres qui fleurissent au printemps (mais pas celle des graminées). Cependant, cette précocité varie selon les années, voire s’inverse. Difficile d’être affirmatif dans ces conditions. « Globalement, la durée de la saison pollinique est inchangée pour les arbres mais elle augmente pour les plantes à floraison estivale ou automnale. » A cela s’ajoute un paramètre primordial : la sécheresse et les très fortes températures. En effet, alors que la sécheresse et la canicule peuvent réduire la pollinisation des graminées, elles augmentent au contraire celle de l’ambroisie. La quantité de pollens serait aussi potentiellement stimulée par l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’air (CO2). Des chercheurs ont aussi constaté sur certains pins qu’un excès de concentration de 200 ppm (partie par million) par rapport à la normale booste leur production de pollen, en particulier chez des arbres jeunes qui sont normalement stériles, ainsi que chez d’autres qui continuent à en produire jusqu’à un âge très avancé.
Saisonnalité, abondance du pollen… Le contenu allergénique serait aussi modifié sous l’influence du changement climatique. Ceci au conditionnel, car rien n’est clairement démontré. D’après plusieurs publications, la teneur en allergènes majeurs du bouleau s’accroît avec la chaleur. Pour l’ambroisie, elle augmenterait même de 30 à 50 % pour 3,5 °C en plus. « La tendance à un renforcement du potentiel allergisant de nombreux taxons (groupes) polliniques apparaît indéniable, soulignait Michel Thibaudon. Ainsi, pour une même quantité de pollen, les pollinoses* seraient plus nombreuses. »
* allergies au pollen (rhinites saisonnières couramment appelées « rhume des foins ») ; ce sont des manifestations allergiques se traduisant par divers symptômes : écoulement de nez, nez bouché, crises d’éternuement, conjonctivite, asthme et/ou trachéite (lors de pics polliniques).
Asthme sévère et BPCO, des maladies éprouvantes pour les aidants
Les formes sévères de certaines maladies chroniques pèsent sur le quotidien des aidants. Bien que de faible ampleur, une étude l’a constaté en faisant remplir à 137 aidants (âgés d’environ 57 ans en moyenne, avec autant de femmes que d’hommes) des questionnaires spécifiques abordant plus ou moins directement des besoins de soutien psychologique*.
Asthme sévère et BPCO avaient à peu près le même retentissement sur la qualité de vie des aidants, lesquels subissent un contrecoup psychologique non négligeable, à l’instar des aidants de personnes ayant un cancer. Celle-ci était altérée avec, chez les aidants de personnes souffrant de BPCO, certaines réponses plus fréquentes : « j’ai besoin de temps pour me ressourcer » ; « j’ai besoin de temps et de moyens pour prendre soin d’un parent » ; « j’ai besoin d’un soutien pratique à mon domicile » ; « il me faut un break pour me remettre de ma journée et m’y remettre le lendemain ». Ces deux maladies exercent une charge mentale sur la personne aidante, qui, à la longue, débouche sur une souffrance et des besoins spécifiques en termes de soutien et d’aide.
*Majellano EC et coll. : The needs and well-being of severe asthma and COPD carers: A cross-sectional study. Respirology. 2022;27(2):134-143. doi: 10.1111/resp.14167.
Près de 10 % des plus de 65 ans fument en France
En France, le tabagisme connaît une baisse, sauf auprès des 65-75 ans chez lesquels sa prévalence demeure autour de 10 %. C’est l’une des principales causes de morbi-mortalité à cet âge.
À 70 ans, 81 % des hommes et 87 % des femmes non-fumeurs sont encore vivants, contre 55 % des hommes fumeurs et 68 % des femmes fumeuses. À 80 ans, cet écart est encore plus marqué. Les conséquences du tabagisme vont au-delà d’une mortalité prématurée. Sur le plan cognitif, plusieurs études montrent que les personnes âgées fumeuses présentent des résultats inférieurs aux non-fumeurs, un déclin des fonctions cognitives plus rapide à âge égal, ainsi qu’un risque accru de développer une maladie d’Alzheimer. De même, le risque de survenue d’une insuffisance cardiaque est corrélé à la persistance du tabagisme chez le sujet âgé 9. Le tabagisme est aussi un facteur de risque de mortalité postopératoire en chirurgie cardiaque chez le sujet âgé, avec une mortalité de 14,8 versus 2,1 % chez les non-fumeurs (p<0,001), du fait des complications respiratoires, significativement plus fréquentes chez les fumeurs. « Nous avons montré* que moins de la moitié des professionnels de santé d’Ile-de-France interrogent leurs patients de plus de 65 ans sur leur statut tabagique, explique Sarah Mir, co-auteure de l’étude ; un tiers le renseignerait dans le dossier médical du patient, et à peine plus de la moitié des professionnels de santé disent apporter un soutien aux personnes âgées qui entament une démarche de sevrage. Cela représente autant d’occasions ratées de sortir du tabagisme. Car, contrairement à une idée répandue, y compris parmi les répondants à cette enquête, le sevrage n’est pas plus difficile passé 65 ans. »
*Les professionnels de santé de soins primaires en Ile-de-France face à la prise en charge du tabagisme de la personne âgée (BEH, mai 2022).
BPCO, les troubles du sommeil sont à rechercher
Le sommeil est perturbé pour près d’un tiers des malades souffrant de BPCO, avec un sommeil d’autant plus détérioré que la personne est âgée, a une maladie installée de longue date et/ou que la maladie était sévère. Cette proportion est impressionnante et lève le voile sur une conséquence de la BPCO trop souvent négligée. Par conséquent, des troubles du sommeil doivent être recherchés plus souvent lorsque les malades BPCO présentent ces caractéristiques.
De manière générale, la BPCO retentit sur toutes les dimensions de la qualité de vie et en particulier la qualité du sommeil, comme l’a mis en évidence l’importante étude SLEPICO* (3 454 patients d’âge médian de 69 ans ; 73 % d’hommes ; indice de masse corporelle médian de 27,2 kg/m2 – surpoids majoritaire). Le sommeil a été évalué à l’aide de l’échelle CASIS (COPD and Asthma Sleep Impact Scale). Dans 14 % des cas, la qualité du sommeil était très fréquemment altérée, mais des troubles plus épisodiques étaient rapportés par un participant sur trois.
Le sommeil était correct dans plus de 50 % des cas. Les signes fonctionnels et la détérioration de la spirométrie (test de mesure de la respiration) ont été associés à la qualité médiocre du sommeil.
**Nikolaos Koulouris Self-perceived quality of sleep among COPD patients in Greece: the SLEPICO study. Sci Rep. 2022 Jan 11;12(1):540.
99 % de la population mondiale respire un air pollué menaçant la santé, alerte l’OMS (2022).
Les données actualisées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) intègrent pour la première fois des mesures au sol des concentrations moyennes annuelles de dioxyde d’azote (NO2). Cette mise à jour de ces données comprend également des mesures de particules (PM10 – diamètre inférieur à 10 μm et PM2,5 – diamètre inférieur à 2,5 μm).
Les patients atteints d’une BPCO sont 41 % plus susceptibles de développer une dépression.
En être conscient, c’est se donner les moyens de repérer cette souffrance lorsqu’elle existe et savoir demander une aide spécifique.
Siraj RA, McKeever TM, Gibson JE, Bolton CE. Incidence of depression and antidepressant prescription in patients with COPD: a large UK population-based cohort study. Respir Med. 2022 Mar 12.