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Les exacerbations de BPCO ont aussi leur saisonnalité

Résumé de l’étude : Les facteurs en cause dans les exacerbations aigües de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) varient selon la saison. Des chercheurs viennent de montrer que deux espèces de bactéries – M. catarrhalis et H. influenza – sont associées au risque d’exacerbations, surtout d’octobre à mars concernant cette dernière. Les virus ne sont pas en reste : des interactions ont été identifiées entre la présence simultanée de certains virus et celle de H. influenza.

Selon les chercheurs britanniques à l’origine de l’étude AERIS*, l’augmentation de l’incidence des exacerbations en hiver serait due à une présence accrue d’agents pathogènes ainsi qu’à une interaction entre l’infection des voies respiratoires à Haemophilus influenzae et les effets de l’infection virale.

Même s’il reste des zones d’ombre sur l’étiologie des exacerbations, deux constats font consensus. Primo, en fonction des saisons, l’incidence des exacerbations de BPCO fluctue, avec une plus grande proportion de ces accès de BPCO en hiver. Secundo, les infections bactériennes sont fréquemment retrouvées chez les personnes souffrant d’une exacerbation aiguë de BPCO. Pourrait-il alors exister une relation entre l’infection bactérienne chronique des voies respiratoires et l’exposition virale, ce qui pourrait influencer la saisonnalité des exacerbations aiguës ?

Des chercheurs britanniques ont voulu en avoir le cœur net. Ils ont analysé les corrélations entre les deux, ayant dans l’idée que connaître les mécanismes en jeu dans les exacerbations permettrait ainsi de les prévenir.

Pour ce faire, ils ont étudié le nombre d’exacerbations, les pathogènes viraux et bactériens retrouvés lors des exacerbations (crachats) chez 152 patients BPCO de stades modérés à sévères et âgés de 40 à 85 ans.

Près de la moitié d’entre eux a présenté au moins une exacerbation au cours de l’année précédente. Les chercheurs ont trouvé des bactéries dans 67,1% des échantillons (exacerbations) contre 56,6% en temps normal. Une infection virologique était présente respectivement dans 41,3% des cas contre 13,6%.

Haemophilus influenzae et Moraxella catarrhalis étaient les espèces de bactéries les plus rencontrées. Par exemple, la seconde était près de cinq fois plus fréquente en cas d’exacerbationsprès de trois fois plus pour H. influenza mais uniquement d’octobre à mars.

Quant aux virus impliqués, la famille des rhinovirus (les habituels virus hivernaux) était la plus courante : 46,5% des patients ont présenté au moins une exacerbation liée à l’un de ces virus. Globalement, c’est lors des exacerbations qu’il y avait le plus de virus et lorsque la présence concomitante d’infection bactérienne et virale était la plus importante. Sans trop de surprises, ces infections simultanées étaient plus fréquentes entre octobre et mars : 25,9% des exacerbations contre 15,9% le reste de l’année. Et lorsque H. Influenza et des rhinovirus étaient présents en même temps, le risque d’exacerbation était multiplié par 5,18.

Et les auteurs de conclure, « des exacerbations sont associées à des infections à Moraxella catarrhalis et à Haemophilus influenzae et à des virus respiratoires, en particulier le rhinovirus humain. Un pic saisonnier d’exacerbations est associé à une combinaison de l’incidence des pathogènes saisonniers, une interaction saisonnière entre Haemophilus influenzae et l’infection virale, le tout avec des charges [quantités] bactériennes plus importantes ».

Conclusion, cet hiver, couvrez-vous bien, lavez-vous les mains à l’eau et au savon régulièrement, utilisez des mouchoirs en papier et évitez le contact direct avec vos enfants et petits-enfants si vous avez une exacerbation ou bien portez un masque.

* Référence : Tom M A Wilkinson et al. A prospective, observational cohort study of the seasonal dynamics of airway pathogens in the aetiology of exacerbations in COPD. Thorax 2017;72:919–927

 

Hélène Joubert, journaliste

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