D’après une enquête nationale de Santé publique France sur la « littératie en santé » *, 44 % des Français peinent à comprendre et à s’approprier les informations de santé, surtout les personnes socialement défavorisées ou atteintes de maladies chroniques. Autre enseignement, les patients éprouvent moins de difficultés à communiquer avec les médecins qu’à naviguer dans le système de santé et à utiliser les outils numériques de santé.
La littératie en santé désigne les compétences nécessaires pour repérer, comprendre, évaluer et utiliser les informations permettant à un individu de maintenir et d’améliorer sa santé.
🔹 Près 45 % des personnes ont un niveau « inadéquat » ou « problématique » en littératie en santé
De nombreuses personnes en France présentent des compétences insuffisantes en littératie en santé générale. 14,3 % des personnes ont un niveau « inadéquat » et 29,8 % un niveau « problématique », soit 44,1 % au total, ce qui très important.
🔹 Naviguer dans le système de santé, un exercice complexe pour 75% des personnes
La capacité à « naviguer » dans le système de santé englobe l’accès à l’information, la capacité d’action et la compréhension. Dans ce domaine, les difficultés sont bien réelles, avec un score moyen de 50,4/100. Parmi les répondants, 73,1 % présentaient un niveau limité de littératie en santé « navigation », dont 49,2 % avec un niveau « inadéquat ».
Parmi ces difficultés, les répondants soulignent les problèmes suivants :
- Défendre leurs droits si les soins reçus ne correspondent pas à leurs attentes.
- Comprendre les réformes susceptibles d’avoir un impact sur les soins.
- Déterminer si un service médical peut répondre à leurs besoins en matière de santé.
- Savoir si l’Assurance maladie remboursera les soins nécessaires.
🔹Des difficultés de navigation dans le système de santé s’améliorant pour les personnes avec une maladie chronique
Ces difficultés sont associées à un gradient social : plus celui-ci est bas, plus les difficultés sont prévalentes. Cependant, ce gradient « disparaît chez les personnes qui présentent des problèmes de santé durables », souligne SPF, laissant supposer que « les difficultés s’atténuent lorsque les personnes sollicitent davantage le système de santé ». Cependant, certains continuent à rencontrer des obstacles dans leur interaction avec le système de santé.
🔹Les deux tiers peinent à rechercher et à comprendre des informations « en ligne »
72 % des participants rencontrent des difficultés avec la recherche et la compréhension des informations de santé en ligne (littératie « en santé numérique » : maîtrise des outils numériques, des médias et des connaissances scientifiques). 54,4 % trouvent difficile ou très difficile d’utiliser des informations pour résoudre un problème de santé, 55,7 % ont du mal à déterminer la pertinence des informations trouvées pour leur cas, et 64,8 % éprouvent des difficultés à évaluer la fiabilité des informations trouvées ou encore craignent un lien commercial dissimulé.
🔹Un constat plutôt rassurant pour les médecins
Seulement 29 % des participants se plaignent de la communication avec les professionnels de santé. Mais attention : les difficultés perçues sont plus fréquentes lorsqu’il s’agit d’exprimer des opinions ou des préférences personnelles et de s’impliquer dans les décisions, ce qui pourrait refléter la persistance d’un certain degré de paternalisme médical dans la relation médecin-patient.
🔹Plus de 20 % ne se souviennent pas des informations données
Un chiffre à avoir en tête : plus de 20 % des participants éprouvent des difficultés à se rappeler des informations obtenues, ce qui pointe l’importance de multiplier les sources d’informations et les rappels après une consultation médicale.
Une fois de plus, la présence d’un problème de santé chronique semble être associée à la fois à une meilleure capacité de communication mais aussi à des difficultés, ce qui pourrait indiquer une communication aisée chez les personnes ayant des consultations régulières, mais également une meilleure conscience de leurs propres difficultés.
🔹De quelle enquête s’agit-il ?
L’enquête internationale « Health Literacy Survey 2019-2021 », publiée ce 22 mai, à laquelle Santé publique France (SPF) a participé pour la première fois aux côtés de 16 autres pays (Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Hongrie, Irlande, Israël, Italie, Norvège, Portugal, République tchèque, Russie, Slovaquie, Slovénie, Suisse) vient de livrer ses résultats. En métropole, 2 003 adultes âgés de 18 à 75 ans ont été interrogés lors de deux vagues, en mai 2020 et en janvier 2021.
Santé Respiratoire France, par ses actions d’information sous différentes formes (actualités, dossiers, brochures, affiches, webinaires, participation à des congrès, organisation des Rencontres annuelles, etc.), contribue à améliorer la littératie en santé pour les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques et leurs aidants. |
Hélène Joubert, journaliste santé
* « Health Literacy Survey 2019-2021 », publiée le 22 mai 2024 sur le site de Santé publique France, Collaboration internationale initiée par le réseau Action Network on Measuring Population and Organizational Health Literacy (M-POHL), sous l’égide de l’initiative européenne d’information sur la santé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).