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Journée mondiale sans tabac – 31 mai 2021 : un adulte sur quatre fumait quotidiennement en 2020.

Lutte contre le tabagisme : poursuivre les efforts !

Le recul du tabagisme marque le pas en France, selon les dernières données* publiées par Santé publique France à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac en ce 31 mai 2021.

En effet, si la prévalence du tabagisme a diminué de 2014 à 2019 avec la mise en place de plans nationaux successifs, la tendance n’est pas constatée en 2020. Était-ce trop beau pour durer ? Pire, la prévalence du tabagisme quotidien augmente parmi le tiers de la population dont les revenus sont les moins élevés.

En 2020, plus de trois adultes de 18-75 ans sur dix déclaraient fumer (31,8 %), dont un quart de manière quotidienne (25,5%). De plus, entre 2019 et 2020, la prévalence du tabagisme quotidien a augmenté de 29,8 % à 33,3 % parmi le tiers de la population dont les revenus étaient les moins élevés. Les inégalités sociales restent ainsi très marquées en 2020, avec 15 points d’écart en matière de tabagisme entre les plus bas et les plus hauts revenus !

Cette augmentation est essentiellement due à une hausse entre 2019 et début 2020, avant le premier confinement, une stabilisation étant notée en post-confinement, Santé publique France avance une explication socio-économique à cette stabilisation voire accentuation du tabagisme dans certaines populations : l’agence tente en effet de rapprocher cette tendance de la crise des gilets jaunes, « marquée notamment par une contestation des inégalités socio-économiques » par les moins favorisés. « Or parmi [ces populations], la cigarette pourrait être utilisée pour gérer le stress ou pour surmonter les difficultés du quotidien, malgré le coût de plus en plus important de ce produit ».

Cette prévalence du tabagisme qui stagne et ces inégalités sociales sont deux points qui nous interpellent. Malgré les difficultés, poursuivre la lutte contre le tabagisme est nécessaire et les baisses successives ont prouvé que l’objectif était réaliste.

Dans un contexte de crise sanitaire, psychologique, économique et sociale inédite, un des enjeux est de réinstaller cette tendance à la baisse.

Nous maintenons qu’il faut poursuivre la lutte contre la contrebande, le marché secondaire et le contre-marketing cigarettier, continuer la politique d’augmentation des tarifs du paquet de cigarettes, faire respecter la loi Évin de plus en plus mise à mal trente ans après son vote.

La prévention est capitale.

Des moyens supplémentaires devraient lui être accordés avec, de manière spécifique, un ciblage des politiques de prévention du tabagisme selon les groupes sociaux et selon les âges de la vie. Toutes les données suggèrent notamment d’axer les efforts de prévention sur l’entrée dans le tabagisme quotidien dès les plus jeunes âges, a fortiori dans les milieux les moins favorisés. Il existe à travers le monde des programmes qui ont fait la preuve de leur efficacité en terme de baisse des prévalences tabagiques et de réduction des inégalités sociales de santé. L’éducation à la santé pourrait être dispensée dans les collèges par des professionnels de santé ou par des personnes formées l’éducation thérapeutique. Cela aurait aussi pour avantage de coordonner des actions indispensables entre l’Éducation nationale et la Santé.

Le thème pour la Journée mondiale sans tabac 2021 est « S’engager à arrêter ».

C’est en effet une première étape motivationnelle et une prise de conscience pour aller vers un arrêt du tabac. Néanmoins, cela cible seulement les personnes ambivalentes vis-à-vis du tabac. On ne fera pas arrêter un fumeur satisfait de son tabagisme !

C’est pourquoi la « dénormalisation » du tabagisme doit se poursuivre, sans culpabiliser les fumeurs, mais en leur montrant que le sevrage est possible et qu’il s’agit d’une décision positive associée à de nombreux bénéfices. A ce titre, une campagne célébrant la vie sans tabac sera conduite en juin 2021.

Parmi l’ensemble des mesures individuelles à mettre en avant, nous estimons qu’il faut encourager l’activité physique comme substitut à la cigarette.

Enfin, nous soutenons activement la multiplication des environnements sans tabac, qui constitue l’une des priorités du Programme national de lutte contre le tabac 2018-2019. Ainsi, depuis 2019, dans 500 municipalités, ce sont plus de 3 700 nouveaux espaces sans tabac qui ont été mis en place (plages, espaces sportifs, abords des écoles, parcs, stades, etc.). Bravo ! Ces initiatives doivent faire tache d’huile.

D’ailleurs, 86 % des Français souhaitent ne plus être exposés à la fumée de tabac dans au moins un lieu non considéré aujourd’hui par l’interdiction de fumer. Les résultats de l’enquête OpinionWay** pour DNF parus ce jour confirment la volonté des Français d’être mieux protégés contre le tabagisme passif dans divers lieux non concernés par la législation comme les terrasses de café, les files d’attentes ou encore les abords des établissements scolaires.

Dr Frédéric Le Guillou, président de Santé respiratoire France

 Références : 
 *Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH). N° 8 - 26 mai 2021. 
 **DNF - demain Sera Non-Fumeur : Anciennement Droits des Non-Fumeurs