La journée du 4 février est devenue chaque année un moment de mobilisation internationale contre le cancer. Pure coïncidence, des résultats encourageants dans le cancer du poumon ont été dévoilés il y a quelques jours au congrès de pneumologie, le rendez-vous annuel des pneumologues français (CPLF, 27-29 janvier 2023, Marseille) : en 20 ans, la survie dans le cancer broncho-pulmonaire a plus que doublé.
De nouveaux résultats préliminaires de l’étude KBP-2020 viennent de tomber. Tous les 10 ans, cette étude française conduite sur tout le territoire national dresse un état des lieux du cancer bronchique primitif (CBP) en France. Cette étude est menée à l’initiative du Collège des Pneumologues des Hôpitaux Généraux, qui prennent en charge environ la moitié des cas de cancers du poumon en France.
Cancer du poumon, la survie en forte hausse
« Le pronostic du cancer du poumon a changé, résume le Dr Didier Debieuvre, chef du service de pneumologie au GHR de Mulhouse et coordinateur de l’étude, avec une baisse de la mortalité, de -26,6 % (à 2 ans après la pose du diagnostic) entre les années 2000 et 2020 ». Le taux de survie globale (à 2 ans) en cas de cancer broncho-pulmonaire est ainsi passé de 21,2 % à 47,8 %. « Ces chiffres confirment noir sur blanc l’impression que nous avions déjà : grâce aux progrès thérapeutiques, les patients profitent d’une nette amélioration de leur qualité de vie et d’une espérance de vie prolongée », analyse le Dr Debieuvre.
Par ailleurs, l’étude enfonce le clou sur le dépistage. En effet, plus la découverte du cancer du poumon est précoce, mieux c’est ! Par exemple, en 2020, la survie était triplée dans le cas d’un cancer découvert à un stade précoce (stade I) où près de 90 % des personnes étaient en vie à 2 ans post-diagnostic, par comparaison à la découverte d’un cancer à un stade avancé (stade IV). Un autre point positif est que tous les types de cancer du poumon bénéficient de ces progrès thérapeutiques.
Les femmes creusent encore l’écart
Si les femmes ont toujours eu un meilleur pronostic en cas de cancer bronchopulmonaire, avec les années cet écart se creuse encore plus. En 2020, la différence entre les taux de survie (à 2 ans) entre les sexes est de près de 12 %, au profit des femmes. En 20 ans, le gain en matière de survie à 2 ans était de 32 % en population féminine contre 23 % chez les hommes.
Un dernier enseignement de l’étude KBP-2020 est que le fait de fumer du cannabis n’impacte pas la mortalité par comparaison avec le tabac seul. Néanmoins, fumer du cannabis avance l’âge de survenue du cancer broncho-pulmonaire : l’âge médian de survenue de ce cancer chez les fumeurs de cannabis est de 53 ans contre 65 ans chez les fumeurs de tabac exclusifs.
Par Hélène Joubert, en direct du CPLF2023.