Ergothérapie et maladies respiratoires chroniques : l’avis du pneumologue

Dr Charles Simon, pneumologue au Centre Renée Sabran (Hyères) : « L’ergothérapeute apporte un réel bénéfice aux personnes insuffisantes respiratoires au sein de la chaîne des rééducateurs. »

« La prise en charge en ergothérapie est quasiment systématique dans le cadre des stages de réhabilitation respiratoire dispensés au Centre Renée Sabran. L’insuffisance respiratoire étant à l’origine de déficiences et de handicaps multiples, l’intervention d’un(e) ergothérapeute limite leurs impacts et améliore par conséquent le confort et la qualité de vie. Ce professionnel évalue les besoins du patient, élabore un diagnostic et propose une prise en charge plurimodale individualisée. Celle-ci est fondée sur l’éducation thérapeutique, qui s’appuie sur les besoins pratiques et les difficultés rencontrées par la personne. En effet, une meilleure connaissance des mécanismes de la dyspnée (ou l’essoufflement) et de sa gestion au quotidien est primordiale ; elle passe en particulier par des mesures d’apprentissage des postures dans l’activité physique, dites « d’économie d’énergie » ; par une meilleure gestion et une adaptation des débits d’oxygène à l’effort en fonction des besoins ; par la proposition de mise en place de soins purement techniques (déambulateur pour aider au port des bouteilles d’oxygène…) ; et par l’ergonomie de l’environnement (adaptation du domicile, facilitation des transports, etc.). La prise en charge étant individualisée aux problématiques du patient, tous les stades de la maladie sont concernés et sont susceptibles d’en tirer bénéfice.

La dyspnée est le symptôme le plus fréquent dans les maladies pulmonaires et de l’insuffisance respiratoire. Son analyse et sa gestion au quotidien font partie intégrante de la prise en charge en réadaptation et donc de l’ergothérapeute. Celui-ci insistera par exemple sur le temps expiratoire prolongé chez les patients atteints de BPCO et emphysémateux avec distension pulmonaire ; sur l’inspiration nasale chez les patients sous support d’oxygène dispensé à l’aide de lunettes narinaires ou, de manière plus pratique, sur la manière de ne pas bloquer la respiration lors d’actions stéréotypées (se baisser et lacer ses chaussures …). De nombreux patients réalisent bon nombre d’activité « en apnée ». S’en rendre compte et adapter son comportement est déjà une première étape de la prise en charge. Il peut exister par ailleurs d’autres besoins particuliers, liés par exemple à un déficit neuro-locomoteur. L’ergothérapeute pourra alors conseiller le patient et l’équipe de soins, proposer du matériel d’aide à la déambulation, un lit médicalisé, des aménagements de la salle de bain ou même de l’environnement de la personne afin de faciliter la vie au quotidien.

Pour travailler dans un centre de réadaptation depuis trois ans avec la possibilité d’accès aux conseils des ergothérapeutes, je confirme que leur intervention est profitable aux personnes atteintes d’insuffisance respiratoire. Il y a un vrai « plus » à intégrer un ergothérapeute dans la chaîne des rééducateurs, afin d’optimiser la réadaptation respiratoire.

 

Exercice d’ergothérapie au Centre Renée Sabran.

En pratique, les interventions de l’ergothérapeute sont réalisées en groupe lorsque certaines problématiques se recoupent mais également et surtout en individuel lorsque des besoins particuliers émergent. C’est d’ailleurs la philosophie de l’ergothérapie que d’apporter une réponse individuelle à une nécessité et à un déficit spécifique, jusqu’au domicile du patient. L’un des principaux enjeux de l’ergothérapie est aussi de faire le lien entre le milieu artificiel qu’est le secteur hospitalier et l’environnement propre au patient, matériel, social et familial.

Les retours des patients sont positifs, car le moindre conseil se révèlera utile, et retentira sur sa qualité de vie. Il est vraisemblable que la grande majorité des insuffisants respiratoires n’a pas aujourd’hui la possibilité d’accéder aux services des ergothérapeutes car ceux-ci n’exercent pas en libéral, faute de remboursement de leur consultation par l’Assurance-maladie. Ces ergothérapeutes spécialisés dans le champ respiratoire sont d’ailleurs très peu nombreux en France. Pour accéder aux soins d’un ergothérapeute respiratoire, un des moyens est d’en faire la demande à son pneumologue qui pourra alors orienter vers un stage de réhabilitation respiratoire, justifié par un essoufflement majeur, des activités quotidiennes particulièrement pénibles à réaliser, des difficultés d’adaptation du débit d’oxygène au quotidien ou une mauvaise gestion des traitements de fond. »

 

 

Aller plus loin

L’ergothérapie, une aide précieuse pour aider les personnes insuffisantes respiratoires à mieux vivre au quotidien – Entretien avec Aurélie Charvoz, ergothérapeute au centre de réadaptation respiratoire de l’hôpital Renée Sabran (Hospices Civils de Lyon – HCL, Hyères, Var).

« L’ergothérapie nous apprend à économiser nos ressources »Témoignage de Brigitte, 56 ans, atteinte de BPCO.