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Échos des congrès. Les déterminants de la dyspnée.

En direct du 22e Congrès de Pneumologie de Langue Française (CPLF, Lyon, 26-28 janvier 2018)

 Age, exacerbations et comorbidités… les déterminants de la dyspnée dans la BPCO

La dyspnée est le symptôme cardinal de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Elément clinique de sévérité de la maladie, cette difficulté à respirer conditionne la prise en charge thérapeutique, dans toutes les recommandations en vigueur, que ce soit celle de la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) en 2016 ou celle du GOLD à l’échelon international en 2017.

Néanmoins, chez une personne BPCO ayant une dyspnée mais souffrant de maladies associées (comorbidités), évaluer la part attribuable de la dyspnée au trouble ventilatoire obstructif n’est pas toujours évident pour le médecin. D’où l’intérêt de repérer certains déterminants supplémentaires qui seraient en mesure d’influencer la dyspnée pour guider au mieux la démarche thérapeutique du pneumologue.

Cette recherche a été conduite à partir de la cohorte du grand Sud-Ouest PALOMB créée en 2014 afin d’obtenir des données en « vraie vie » sur la BPCO en France. 1973 patients BPCO sont suivis en milieux hospitalier et libéral. Les caractéristiques de cette cohorte de patients BPCO sont les suivantes : 65,4% d’hommes, 95,1% de fumeurs ou d’ex-fumeurs, 38% de fumeurs actifs ; 66,8% ont un stade léger à modéré (VEMS), 27,67% ont fait deux ou plus exacerbations dans les douze derniers mois, 72% cumulent deux comorbidités en moyenne. « Globalement, si l’on regarde la fréquence de la dyspnée, les personnes BPCO de notre cohorte sont très symptomatiques, relève le Pr Chantal Raherison-Semjen, pneumologue dans le service des maladies respiratoires au CHU de Bordeaux et coordinatrice scientifique de la cohorte PALOMB. Par ailleurs, à partir du stade 2 de l’échelle de dyspnée, il y a légèrement plus de femmes, ce qui va dans le sens des études déjà publiées ».

Le poids des comorbidités

Parmi les déterminants influençant la dyspnée figurent les exacerbations, avec plus de patients dyspnéiques chez les exacerbateurs fréquents, l’âge (plus les patients sont âgés, plus ils ont tendance à être dyspnéiques), le surpoids (la dyspnée est plus fréquente lorsque l’Indice de Masse Corporelle ou IMC est plus élevé), la bronchectasie (augmentation permanente et irréversible du calibre des bronches) et l’obstruction bronchique. « Sans surprise, la dyspnée augmente avec la sévérité de l’obstruction bronchique, poursuit la spécialiste. Néanmoins, on peut retrouver une dyspnée très importante y compris chez les patients dont l’obstruction bronchique est peu sévère ».

Un autre paramètre récent – la distension pulmonaire ou thoracique (volume excessif de gaz dans le poumon) – a été étudié ; les spécialistes étant convaincus que la distension joue un rôle dans la dyspnée. Effectivement, dans PALOMB, la dyspnée augmente en fonction de la distension, plus importante chez les patients très distendus.

Enfin, parmi les déterminants de la dyspnée analysés, les comorbidités comptent pour beaucoup : plus les patients souffrent de comorbidités cardiovasculaires (hypertension, cardiopathies ischémiques etc.), plus la dyspnée sera conséquente ; cette relation étant aussi observée pour l’anxiété.

« L’algorithme de prise en charge de la BPCO dans les différentes recommandations médicales est fondé sur les symptômes et donc la dyspnée, résume le Pr Raherison-Semjen. Mais au vu de ces résultats, la question se pose sérieusement de tenir compte au moins des comorbidités pour adapter les stratégies thérapeutiques ».

Hélène Joubert, journaliste

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