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Confirmation officielle du lien entre expositions professionnelles et BPCO

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) envoie un signal fort. Dans un avis du 20 novembre 2025, elle confirme le lien direct (« causal ») entre les expositions professionnelles aux vapeurs, gaz, particules et fumées et le développement d’une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Une reconnaissance de leur toxicité que salue Santé respiratoire France.

Dans cette expertise datée de janvier 2025, récemment rendue publique, intitulée « Les facteurs de risques professionnels (autres que les pesticides) en lien avec la survenue des BPCO », l’Anses analyse les expositions professionnelles susceptibles de provoquer cette maladie respiratoire chronique. Elle y décrit des expositions qui touchent une large palette de métiers, soumis à des polluants présents dans l’air et responsables du développement de la maladie. Pour elle, la BPCO est une maladie respiratoire au lien avéré avec de multiples expositions professionnelles.

Des expositions professionnelles multiples

Comme nous l’avions déjà indiqué dans l’article LES BPCO PROFESSIONNELLES, l’Anses rappelle qu’environ 15 % des BPCO ont une origine professionnelle. Après une revue approfondie de la littérature scientifique, l’autorité sanitaire confirme que la BPCO peut résulter de l’inhalation de polluants présents dans l’air : particules minérales (silice, charbon), particules organiques (végétaux, moisissures), ainsi que gaz, vapeurs et fumées.

Les secteurs concernés sont très nombreux et emploient des milliers d’individus : mines et carrières, bâtiment et travaux publics, fonderies, sidérurgie, coqueries, industries textile et chimique, mais aussi agriculture. Ces pollutions « proviennent de réactions thermiques ou chimiques, d’actions mécaniques ou de la combustion de matériaux », décrit-elle.

Sans être exhaustif, dans l’agriculture, les ouvriers manipulant silos, élevages de porcs ou de volailles, production laitière ou pesticides sont exposés à des poussières et vapeurs nocives.

Creuser des tunnels ou asphalter des routes (le bâtiment et les travaux publics) expose chroniquement à des gaz, poussières et vapeurs à des niveaux dangereux. Dans l’industrie textile, les employés des filatures de coton, lin ou chanvre respirent des fibres qui peuvent endommager les poumons. Dans l’industrie chimique, les vapeurs et gaz toxiques représentent un risque respiratoire majeur. Métallurgie, fonderies, sidérurgie et cokeries génèrent des fumées métalliques dangereuses pour les voies respiratoires. La silice, le charbon et d’autres poussières minérales des mines et carrières pénètrent profondément dans les poumons.

Solvants et aérosols chimiques (peinture et le vernissage) mais aussi les fumées de soudage chargées en métaux exposent directement aux risques pulmonaires.

6,3 millions de travailleurs auraient une profession jugée « fortement exposée »

Ainsi, en 2019 en France, 15,1 millions de travailleurs exerçaient une profession considérée comme exposée aux vapeurs, gaz, particules et fumées, sur un total de 26,6 millions d’actifs âgés de 20 à 74 ans, soit 56 % de la population active en emploi. Parmi eux, 6,3 millions occupaient même des postes jugés « fortement exposés ». L’Anses nuance toutefois ces chiffres, précisant que le nombre de travailleurs réellement soumis à une exposition suffisamment polluante pour provoquer une BPCO reste difficile à estimer, en raison des variations dans l’exposition effective aux agents et de la réalisation réelle des tâches à risque.

Un autre facteur complique l’analyse : le tabagisme. Comme l’indique l’agence, « le tabagisme et l’exposition à divers agents professionnels ont un effet additif, voire synergique, sur le risque de développement d’une BPCO (ainsi que sur la mortalité induite par la BPCO) ». Elle souligne ici la difficulté d’attribuer la survenue d’une BPCO à une exposition professionnelle ou au tabac antérieur.

« La multiplication des tableaux des maladies professionnelles en lien avec une même pathologie complexifie les démarches de reconnaissance, pour les assurés comme pour les médecins qui les suivent 

»Cette annonce officielle lance l’idée d’un tableau unique – il en existe déjà plusieurs – recensant l’ensemble des maladies professionnelles responsables de BPCO, incluant la liste des travaux exposants au VGPF (vapeur, gaz, particules, fumées) identifié dans cette expertise de l’Anses 2025, afin de simplifier la reconnaissance des assurés et leurs démarches. Moins de 2 % par an de l’ensemble des demandes de reconnaissance en maladies professionnelles concernent la BPCO, la bronchite chronique ou l’insuffisance respiratoire chronique liée à une exposition professionnelle. Et pour la période 2014‑2022, seules 82 demandes ont été reconnues comme maladies professionnelles, soit moins d’une sur cinq.

Consulter le rapport : Bronchopneumopathie chronique obstructive en lien avec les facteurs

de risque professionnels ; Avis de l’Anses ; Rapport d’expertise collective ; Janvier 2025 

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