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Care labs, inventeur des chèques santé

Vincent Daffourd (photo) a eu l’idée de lancer un « chèque santé » après une infection pulmonaire en Chine qui le conduit à subir trois années de soins à domicile. Il raconte son parcours et ce qui l’a conduit à créer son entreprise Care Labs avec un chèque santé  utilisable à partir d’une application mobile et adaptable à la BPCO.

A quel moment et dans quelles circonstances avez-vous décidé de créer ce « Chèque Santé » ?

Vincent Daffourd : L’idée de créer un chèque santé est née d’une expérience plutôt malheureuse. J’ai été diagnostiqué en 2009 de la BPCO. J’ai très vite découvert que l’activité physique allait pour moi être une solution primordiale dans l’accompagnement et la stabilisation de la dégénérescence de cette maladie. J’ai donc eu la chance d’être accompagné au CHU de Montpellier par le docteur Baruch qui, lui-même, était à Biarritz et qui a lancé une théorie sur une thérapie complémentaire à base d’activités physiques adaptées et axée sur mon sport favori, le surf. Je me suis tout de suite inscrit dans ce qui semble un peu surprenant, mais qui s’est avéré extrêmement positif. En moins d’un an, j’ai réussi à sortir de l’hôpital et, d’autre part, à me sevrer de tout traitement médicamenteux pour me consacrer à des traitements non médicamenteux, donc à un suivi diététique, psychologique et activités physiques adaptées. Nous avons tout d’abord commencé par créer une association qui permettait à tous nos patients de pratiquer ce type d’activités entre la côte basque et la côte méditerranéenne. Le premier frein ressenti était le même que le mien, c’est-à-dire que, malheureusement nous sommes sur des pratiques qui ne sont prises en charge par personne, ni par les régimes obligatoires, ni par les régimes complémentaires. C’était un véritable problème.

En 2014, vous créez une start-up et avec elle ce fameux chèque santé. Comme fonctionne ce dispositif ? N’est-ce pas un peu le même principe que les tickets restaurants ?

Il est né d’une blague, d’une boutade que j’ai lancée à mes compagnons. « Je suis hospitalisé, je continue de recevoir des carnets de chèques déjeuner, je dois suivre un traitement d’ostéopathie et je pourrais utiliser mes chèques déjeuner ». L’idée a suivi son cours et j’ai décidé, quand j’ai été remis sur pied, de créer cette réalité. Nous avons monté sur la base fonctionnelle des chèques déjeuner, une start-up en juin 2014 avec des chèques santé qui peuvent être financés par différents financeurs, des associations de patients, des collectivités, des mutuelles ou des employeurs. Ils existent pour les patients, mais aussi pour les aidants. Aujourd’hui, nous avons environ 50 000 bénéficiaires, en moins d’un an. Ce qui signifie que nous avons répondu à une vraie demande, tant du côté des financeurs qu’au niveau des bénéficiaires.

A qui cela s’adresse-t-il ?

En fait, l’idée  est très simple : sans discrimination économique, pour toute personne qui a besoin d’accompagnements complémentaires aux accompagnements thérapeutiques peu couverts, c’est une vraie prise en charge en prévention sous ses trois formes : l’activité physique d’une part, l’accompagnement psychologique d’autre part, l’accompagnement diététique. On en arrive même aujourd’hui à fournir des produits pour des patients qui n’ont pas les moyens de les acquérir.

Aujourd’hui, combien de professionnels de santé sont concernés, et quels sont ces professionnels ?

En 17 mois, nous avons affilié 27 682 professionnels de santé, thérapeutes et enseignants en activités physiques adaptées, mais aussi associations sportives référencées et labellisées comme étant en possibilité d’accueillir ceux qui se sont conventionnés à notre dispositif spontanément, puisque nous n’avions pas d’équipe commerciale, mis à part un relais médiatique très fort qui nous a accompagnés depuis 2 ans maintenant en faisant la promotion de ce dispositif. Presque 28 000 professionnels sont en capacité d’accepter ce titre sur le territoire français et nous nous apprêtons à dupliquer le modèle sur les Etats-Unis.

Vous l’avez dit rapidement, mais c’est important. Qui finance les chèques ?

Les financeurs sont les organismes complémentaires d’assurance maladie (mutuelles, assurances santé et institutions de prévoyance). Ils sont intégrés dans certains accords de branche et en cours d’intégration dans un certain nombre d’autres, puisque nous avons réussi à fédérer l’ensemble des parties prenantes dans les organisations syndicales et les organisations patronales à qui nous avons montré qu’il y avait un réel retour sur investissement sur les comptes de l’entreprise lorsque l’employeur décidait de financer ce type de titre pour ses salariés ou pour les ayants droits de ces salariés. Nous compton,s également cibler les collectivités, ARS, Conseils régionaux, Conseils départementaux, métropoles et communes. Et, enfin, les associations de patients.

Si je veux bénéficier de ces chèques, quelles sont les conditions pour y accéder ?

Notre très jeune entreprise n’a que deux ans. Aujourd’hui, nous avons 5 accords cadre nationaux avec des mutuelles françaises et 41 autres en cours. Nous sommes passés de 0 à 24 salariés en 18 mois et nous allons opérer 30 recrutements dans les prochains mois. La demande est très forte de part et d’autre. Votre mutuelle, si elle y participe, va vous écrire pour vous en informer. Votre employeur, qui vous livrait vos carnets de chèques déjeuner, vous remettra une carte de paiement – basée sur une application mobile – et nos partenaires dans cette solution vous communiqueront ce droit.

Peut-on adapter ce chèque à la BPCO ?

Oui, on peut l’adapter à la BPCO, comme à tout type de pathologie qui, comme la BPCO, nécessite un accompagnement sur des activités physiques adaptées mais aussi sur le soutien psychologique. On travaille d’ailleurs avec d’autres acteurs. On s’apprête à travailler avec Europe Assistance par exemple, et d’autres partenariats de ce type sont en cours.

Combien de chèques votre jeune entreprise a-t-elle déjà distribué et pour quel montant ?

Je ne suis pas capable de vous dire combien de chèques mais le montant global dépasse les 100 millions d’euro sur le premier semestre 2016. Il faut savoir que le reste à charge sur ce type de prestation est de 11 milliards d’euros pour les patients. Et, paradoxalement, il a été démontré que l’activité physique et la diététique sont des facteurs d’économies monstrueuses pour le régime obligatoire, alors même qu’il ne prend pas en charge ce type de prestation.

[Propos receuillis par Bruno ROUGIER, journaliste santé France info, au cours de la table ronde sur le thème « Vivre comme et avec les autres : les modèles participatifs », organisée dans le cadre de la 9è rencontre de l’Association BPCo]

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