BPCO : un tueur silencieux qu’il faut traquer
Si la Ministre de la Santé a clairement choisi de faire de la prévention l’un des piliers de sa future Loi de Santé Publique, dans les faits, la Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) semble être une nouvelle fois l’une des grandes oubliées de notre politique de santé. Les facteurs de risque sont connus et la BPCO relativement facile à prévenir. Et pourtant, plus de 2 malades sur 3 ne sont pas diagnostiqués. A quelques jours de son colloque annuel organisé le 12 novembre au Palais du Luxembourg, et dans le cadre de la Journée Mondiale de la BPCO, l’Association BPCO alerte face au manque d’intérêt qu’accordent nos politiques à cette épidémie. Il devient pourtant urgent de répondre au défi économique et humain qu’elle représente.
Alors qu’elle est la cause de près de 18 000 morts et de 100 000 hospitalisations chaque année en France, la BPCO reste une épidémie qui progresse dans le silence.
- Un silence de par son évolution extrêmement lente. Les manifestations de cette maladie ne sont pas spectaculaires et s’installent sournoisement dans l’organisme, affectant progressivement les fonctions respiratoires.
- Un silence qui résulte aussi d’un sous-diagnostic important : près de 3 malades sur 4 ne sont pas diagnostiqués.
- Un silence autour d’une maladie encore méconnue : 9 Français sur 10 ne savent pas ce qui se cache derrière l’acronyme BPCO, malgré de nombreuses campagnes d’information.
- Enfin, un silence des pouvoirs publics, qui se mobilisent peu sur le sujet. Malgré un travail de 10 années mené par l’association BPCO aux côtés d’autres acteurs, il est rare d’entendre parler de la BPCO du côté des autorités de santé, alors qu’elle a pourtant fait l’objet d’un Plan en 2005.
BPCO : la prévention n’est pas une option !
La prévention à tous les niveaux est la première arme dont nous disposons pour prendre en charge efficacement la BPCO et réduire la mortalité qu’elle induit. Elle doit donc être une impérieuse nécessité, et en aucun cas une option. La prévention est aussi indispensable car à l’instar de toutes les maladies chroniques, la prise en charge de la BPCO représente un coût important pour l’Assurance Maladie.
La prévention doit certes cibler le tabagisme bien sûr, mais également les maladies professionnelles de certains secteurs spécifiques (minier, BTP, fonderie, sidérurgie, industrie textile ou agricole). Elle doit aussi s’exercer sur les jeunes, une cible facile, qui fait l’objet de toutes les convoitises de la part de cigarettiers, et sous toutes ses formes : tabac et cigarette électronique.
Plan anti-tabac 2014 : lutter contre les cancers, c’est bien, ne pas oublier la BPCO, c’est mieux !
Si les récentes mesures du programme national de réduction du tabagisme fixent de nouvelles priorités, notamment en direction des publics les plus fragiles, l’ensemble du Plan ignore une nouvelle fois de mentionner le « tueur silencieux » qu’est la BPCO.
Plus de 10 ans après sa création, l’association BPCO note avec regret que les pouvoirs publics et les autorités en charge de la santé semblent ignorer qu’une des principales maladies chroniques causées par le tabac se nomme BPCO. « En France, plus de 130 000 malades présentent des formes sévères de BPCO qui nécessitent l’administration continue d’oxygène. La BPCO c’est aussi 7,5% de la population française 100 000 hospitalisations par an 17500 décès pour un cout total estimé d’environ 3,5 Milliards d’euro / an à la collectivité.
Ces chiffres ne sont jamais évoqués dans les discours de la ministre de la Santé qui lui préfère cet autre chiffre, tout aussi tragique, des 73 000 morts par cancer dus au tabac ! » s’indigne le Docteur Frédéric Le Guillou, Pneumologue et Président de l’Association BPCO
Prévention : des moyens à la hauteur des enjeux ?
Bien sûr, l’association BPCO partage pleinement les objectifs de baisse du nombre de fumeurs avancés par la ministre de la Santé dans son programme national de réduction du tabagisme. Toutefois, pour que les personnes à risques puissent profiter pleinement des bénéfices « des grandes mesures étatiques » menées en matière de prévention, il conviendrait que les campagnes d’information mentionnent systématiquement la BPCO (causée à 90 % par le tabac), ou que sur les paquets de cigarettes on puisse lire « la toux du fumeur peut cacher une BPCO » avec le visuel d’un malade sous oxygène.
De plus, les mesures de prévention doivent certes permettre d’infléchir la progression de l’épidémie, mais également d’éviter aux personnes déjà atteintes de voir leur état s’aggraver. En cela, il est étonnant que les Pouvoirs Publics ne se soient toujours pas saisis du « dossier Réhabilitation Respiratoire ». Trop peu de malades BPCO ont aujourd’hui accès à des centres de réhabilitation respiratoire en France, en nombre largement insuffisant. La réhabilitation respiratoire comprend le réentrainement à l’effort, l’éducation thérapeutique et la prise en charge psychosociale.
De plus, l’assurance-maladie, malgré les demandes pressantes de la communauté médicale, l’avis très favorable de la HAS et des associations de patients, refuse toujours de coter certains actes de réentrainement à l’effort qui peuvent être délivrés en ambulatoire par des professionnels de santé à des patients atteints de BPCO, ce qui améliorerait leur qualité de vie. Et serait dans l’objectif du virage ambulatoire de prise en charge des maladies chroniques souhaité par la ministre.
La Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) est-elle réellement un fléau évitable ? La réponse est donc clairement positive. Encore faut-il que l’on replace la prévention au cœur du débat et que nos autorités nous donnent les moyens de mener une lutte efficace contre le tabagisme… « Il devient urgent de remobiliser les pouvoirs publics. Il y a bien eu un Plan BPCO 2005-2010, mais celui-ci n’a pas bénéficié d’un budget ambitieux et n’a eu que peu d’impact. L’exemple des Epreuves Fonctionnelles Respiratoires complètes, indispensables au diagnostic et qui ne sont toujours pas obligatoires est en la matière révélateur…
En cause ? Sans doute un problème de sensibilisation sur cet acronyme BPCO, peu connu du grand public, mais pas seulement. L’association BPCO regrette qu’aucune vraie réponse, concrète et efficace, n’ait été apportée aux patients… il faut poursuivre les efforts ! » insiste Frédéric Le Guillou.
L’ensemble de ces questions sera évoqué le 12 novembre prochain lors du colloque de l’association BPCO qui se tiendra au Sénat sous le titre « La BPCO, un fléau évitable, les enjeux de la prévention ».
Patient, médecins d’horizons divers, membres des autorités de santé, de l’assurance-maladie ou de structures en charge de la prévention viendront débattre de la nécessité de poursuivre une politique active de prévention en matière de BPCO.
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