A l’occasion de La Parisienne (8-9-10 septembre 2017)…
L’association BPCO a lancé en 2015 sa participation à La Parisienne, une course de 7 km au cœur de Paris. A l’occasion de l’édition 2017 et pour la seconde année consécutive, elle passe le relais à l’APIF, l’Amicale des Pneumologues d’Ile de France.Trois jours durant, au sein du village de la course situé sur le Champ de Mars, pneumologues et infirmières se relaieront pour sensibiliser sur les dégâts de la cigarette mais aussi tester le souffle des participantes.
Quoi de plus opportun de parler activité physique, course à pied et bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) à l’occasion de La Parisienne, parmi les plus médiatiques des courses à pied de France, un concept 100% femmes rassemblant près de 40 000 runneuses ? Depuis quelques années, le village de la course s’est logiquement ouvert à la prévention en santé. L’APIF prodiguera sur place des conseils de prévention du souffle et de sevrage tabagique.
La course à pied ne gomme pas les méfaits d’un tabagisme actif
Pratiquer une activité physique, un sport, ne compense absolument pas les effets néfastes du tabagisme actif. En revanche l’activité physique chez un ex ou non-fumeur améliore largement l’espérance de vie en bonne santé.
Une croyance qui a la vie dure et que ne cesse de démonter devant ses patients le Dr Armine Izadifar, pneumologue libéral et président de l’APIF. « Un fumeur perd dix ans d’espérance de vie comparé à un non-fumeur. La sédentarité pour sa part l’ampute de trois ans. C’est pourquoi l’activité physique régulière est indispensable, mais ne pas fumer l’est au moins tout autant voire plus ! De façon provocatrice, on peut même dire que faire du sport et fumer est contradictoire. Une cigarette après une séance de sport et tous ses bienfaits partent en fumée ».
L’activité physique est bénéfique sur le plan cardiovasculaire de par la néo-angiogenèse qu’elle induit, c’est à dire la formation de nouveaux vaisseaux, capables de prendre le relais en cas de défaillance artérielle (en cas d’excès de cholestérol, de diabète etc.).
Le tabagisme provoque exactement l’inverse ; parmi les nombreux mécanismes délétères, il empêche la néo-angiogenèse et provoque même des vaso-occlusions. En effet, fumer entraîne l’inflammation des vaisseaux sanguins et influe sur la coagulation du sang, favorisant, entre autres, la formation de caillots et donc le déclenchement potentiel d’un infarctus ou d’un accident vasculaire cérébral.
Course à pied et BPCO, un impact sur la force musculaire, un effet modeste sur la fonction respiratoire
En cas de BPCO légère à modérée, chez une personne autonome, la marche rapide et la course à pied récréative sont tout à fait indiquées, au rythme de 30 minutes par jour, cinq jours sur sept au minimum et selon ses propres capacités. Pour des activités plus intenses, il est conseillé au minimum deux fois 45 minutes hebdomadaires. Pour les personnes BPCO à un stade sévère, a fortiori en cas de comorbidités telle une insuffisance cardiaque, l’activité physique doit être initiée en centre de rééducation.
« Les bienfaits de la course à pied, comme de l’activité physique en général ne sont pas si importants en tant que tels sur la capacité respiratoire objectivée par le VEMS (Volume expiratoire maximal seconde), recadre le Dr Izadifar. En revanche, par le réentraînement à l’effort qu’ils permettent, ils sont essentiels sur la tolérance à l’exercice, la qualité de vie et le nombre d’exacerbations. Les patients développent leur quadriceps, si bien qu’ils parviennent à parcourir lors du test de marche de 6 minutes quelques dizaines de mètres supplémentaires pour une VEMS inchangée. D’où l’impact sur la qualité de vie ».
L’occasion de dépister une capacité respiratoire altérée
Sur le village de La Parisienne, les bénévoles de l’APIF proposeront une mesure des débits expiratoires par minispirométrie électronique, laquelle permet rapidement de dépister une BPCO au moyen d’un rapport VEMS/VEM6 (sur 6 secondes). Si ce rapport est inférieur à 0,80, le dépistage de BPCO est considéré comme positif, ce qui s’est avéré être le cas pour 5% des 500 personnes à avoir soufflé dans l’appareil lors de La Parisienne en 2016. La patiente doit ensuite consulter un médecin pour confirmation du diagnostic. Comme la grande majorité des runneuses est assez jeune (37,5 ans âge moyen), les bénévoles ont repéré aussi de nombreux cas d’asthme, d’où l’élargissement cette année à la prévention des maladies respiratoires en général, du tabagisme, des apnées obstructives du sommeil etc. |
Hélène Joubert, journaliste
Pour en savoir plus :
Le site de la Parisienne : http://www.la-parisienne.net/
Le site de l’Amicale des Pneumologues d’Ile de France :http://www.apif.org/ (réservé aux pneumologues)
Droits visuel : La Parisienne