Dossiers
BPCO, il n’y a pas que le tabac

BPCO, il n’y a pas que le tabac

15% des bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) relèvent d’une exposition à des nuisances respiratoires subies sur le lieu de travail, qui accélèrent le déclin du Volume expiratoire maximal par seconde (VEMS), corrélé à l’intensité de l’exposition, en concentration et en durée. Dépister le syndrome obstructif relève de la mission des médecins du travail lorsqu’il existe des facteurs de risques professionnels (silice cristalline, poussières de charbon, de coton, de céréales et endotoxines bactériennes) ; l’arrêt de l’exposition à ces risques permettant de limiter l’aggravation de la fonction respiratoire et d’en réduire les complications. Des secteurs professionnels sont formellement désignés, qu’ils soient en milieu industriel (industrie minière, bâtiment et travaux publics, fonderie, sidérurgie, industrie textile) ou en milieu agricole (milieu céréalier, production laitière, élevage de porcs). Pour d’autres, une relation de causalité reste à étayer (travail du bois, soudage, travail en cimenterie, usinage des métaux).

Les femmes, une sensibilité accrue

Comme pour le tabac, les femmes auraient une sensibilité accrue aux polluants industriels inhalés comparativement aux hommes. L’association entre exposition aux poussières biologiques, BPCO et emphysème est d’ailleurs bien démontré chez elles. Par ailleurs, l’emploi fréquent de produits ménagers, tous des irritants bronchiques, contribue à aggraver une hyperréactivité bronchique existante. Le surrisque de BPCO chez les femmes utilisant régulièrement des désinfectants a été confirmé en 2017 par l’analyse de la cohorte américaine d’infirmières (Nurses’ Health Study II*. L’utilisation au moins 1 fois par semaine de désinfectants pour surfaces augmente de 22% le risque de développer une BPCO. Un surrisque à prendre en compte chez les femmes travaillant dans le secteur de la propreté et du nettoyage.

Les affections respiratoires professionnelles dues aux produits phyto sanitaires sont encore peu explorées. Néanmoins des indices existent quant au lien entre certains fongicides, herbicides et pesticides, et certaines rhinites, asthmes et certains signes d’irritation respiratoires. Une étude a montré que les enfants le plus exposés aux pesticides organophosphorés sont ceux ayant la capacité respiratoire la plus faible, les exposant à un risque ultérieur de BPCO.

HJ

 

*Dumas O et coll. Occupational exposure to disinfectants and COPD incidence in US nurses : a prospective cohort study. European Respiratory Society International congress (Milan) : 9 – 13 septembre 2017.

 

Lire le DOSSIER « Avoir une BPCO et travailler »