Le Dr François Vincent, pneumologue au CHU de Limoges, conseiller régional de Nouvelle Aquitaine et président du groupement d’intérêt public « Autonome Lab » avec le soutien du Conseil Régional d’Aquitaine explique l’objectif de ce groupement
Dr François Vincent (photo): Autonome Lab existe depuis 6 ans (1) et a été créé sur la volonté de regrouper l’ensemble des personnes qui vont adapter ce que l’on appelle le logiciel. Cela va de l’architecte jusqu’à l’installateur, en passant par le chercheur, qui va pouvoir réfléchir sur des parcours visuels pour flécher et rendre plus facile le cheminement d’une personne en capacité de vivre avec son handicap à son domicile. Mais aussi avec le sociologue qui va pouvoir réfléchir avec d’autres professionnels sur l’acoustique, sur la lumière dans le bâtiment. Tous ces gens là doivent se réunir. Il faut qu’ils expérimentent dans un domaine très précis qui s’appelle l’habitat. Nous sommes soit chez les particuliers, soit nous construisons de nouveaux bâtiments. Nous allons construire 15 bâtiments à Limoges avec une petite entreprise qui s’appelle « Le grand – La mutuelle du Limousin » et nous allons réaliser le bâtiment du futur, adapté aux personnes en situation de handicap.
Quelles sont les pathologies prises en compte par Autonome Lab ?
Initialement, c’était la vieillesse. En particulier les personnes qui sont en situation de handicap, après 65 ans. Nous avons en Limousin une population très âgée. Mais nous avons réuni, dans un collège d’Autonome Lab, toutes les associations qui voulaient bien venir collaborer avec nous. Nous avons ainsi l’association des diabétiques, une association cardiaque, des malades d’Alzheimer et, depuis peu, des patients atteints de BPCO. Nous sommes en train de réfléchir à ce que l’on peut faire, en particulier avec les outils du numérique, ce que l’on pourrait adapter dans l’habitat du présent, puis dans l’habitat du futur. Ainsi, la première question qui a été demandée à un représentant de l’association, a été relative à l’énurésie, dont souffrent les personnes. Nous avons élaboré une solution, à partir de choses qui existent déjà, pour faire un chemin lumineux. Quand la personne va se relever sur le bord de son lit, la lumière va s’allumer. Quand elle va se redresser, une seconde lumière va l’éclairer jusqu’aux toilettes. Et cette information va être transmise en permanence sur le smartphone de l’aidant ou de l’enfant qui peut habiter loin ou être proche, parce que, si jamais entre la première lampe et la deuxième lampe, il se passe dix minutes, il y a un problème. Voici concrètement ce qu’est Autonome Lab.
Quand une proposition est faite chez vous, comment le dossier est-il traité concrètement ? Qui le travaille ?
On travaille tous ensemble. Nous avons, au sein d’Autonome Lab, des ingénieurs, des techniciens qui prennent le projet en main et qui essaient de voir, avec les professionnels, si nous avons les outils pour répondre. Parmi les professionnels, nous avons un électricien, une personne qui a fait l’installation et qui va vérifier si elle a été bien faite. Et surtout, elle va vérifier si elle a l’information.
Est-ce que vous pouvez nous citer des exemples de ce qui est fait à l’intérieur de votre laboratoire ? Vous avez cité, par exemple, ce cheminement lumineux.
Par exemple ce qui pourrait être utile pour la BPCO : nous avons travaillé avec une équipe du Lab pour mesurer les déplacements d’une personne au cours d’une journée à l’intérieur et à l’extérieur du domicile. On lui a mis un GPS, plaqué avec un petit tissu sur son vêtement, un T-shirt connecté, pour une période de six mois. Nous connaitrons les résultats sur l’ensemble des malades que l’on surveille au prochain printemps 2017.
[Propos receuillis par Bruno ROUGIER, journaliste santé France info, au cours de la table ronde sur le thème “Vivre comme et avec les autres : les modèles participatifs”, organisée dans le cadre de la 9è rencontre de l’Association BPCo]
(1) Depuis 2010, l’association Autonom’Lab a fédéré une trentaine d’acteurs : associations d’usagers université et laboratoires de recherche, établissements et services hospitaliers, sanitaires et médico-sociaux, entreprises, avec au premier chef, Legrand, qui préside le comité nationale de la filière Silver Economie, associations, collectivités locales, organisme consulaire. Ses statuts précisent : ” Le GIP Autonom’Lab assure une mission d’intérêt général pour évaluer et développer les innovations susceptibles de favoriser le bien vieillir, que ce soit en termes de santé ou d’autonomie.”