Témoignages

« Aujourd’hui, la prévention contre le VRS existe, une chance pour protéger son enfant et s’épargner bien des angoisses. »

Témoignage de Coralie, maman de trois enfants, de 6, 3 ans et 17 mois

« Au moins deux de nos enfants ont été infectés par le virus respiratoire syncytial (VRS). Notre fille, la cadette, a fait une bronchiolite quand elle avait environ 5 ou 6 mois, probablement en octobre ou novembre. À l’époque, à l’automne 2022, l’anticorps monoclonal – le nirsévimab – contre le VRS (Beyfortus) n’était pas encore disponible en France et on ne parlait pas encore de vaccination pendant la grossesse. Notre fille était déjà suivie deux à trois fois par semaine par une kinésithérapeute pour un torticolis. C’est cette professionnelle qui m’a alertée, après une séance à la crèche où je n’étais pas présente, en me disant que ma fille respirait de moins en moins bien. Nous étions en pleine épidémie sévère, surtout en Île-de-France, où les hôpitaux étaient saturés et certains bébés transférés en province. Quand elle a commencé à avoir des difficultés respiratoires, nous avons craint le pire. Le médecin qui l’avait vue nous a dit qu’elle se trouvait « entre deux » : ce n’était pas critique immédiatement, mais ça pouvait le devenir en quelques heures, et il aurait peut-être fallu aller aux urgences. Comme les services étaient saturés, il nous a conseillé de maintenir notre fille sous surveillance. Grâce à la disponibilité de notre kinésithérapeute, nous avons réussi à gérer la situation à la maison et éviter l’hospitalisation, mais nous étions vraiment à la limite.

Notre petit dernier, né en avril, a quant à lui subi deux épisodes de bronchiolite. À la maternité, on m’a expliqué que l’immunisation par nirsevimab se fait surtout en hiver, la période épidémique. Il n’a pu recevoir l’injection à sa naissance. Puis, en septembre, cinq mois après, lors d’une visite pour les vaccins obligatoires, notre médecin m’a indiqué que, depuis la veille, le Beyfortus était disponible et qu’elle pouvait nous le prescrire. Nos enfants sont suivis par un médecin généraliste, pas un pédiatre. Dès que j’ai pris rendez-vous, elle m’a expliqué que depuis quelques jours les médecins traitants pouvaient eux-aussi le prescrire et que le produit était disponible en pharmacie et remboursé. Elle m’a présenté l’option, conseillé de le faire, et j’ai accepté immédiatement, en pensant à la grande sœur qui avait eu une forme de bronchiolite un peu sévère. De plus, comme notre petit dernier est gardé en crèche, il aurait contracté le virus tôt ou tard.

Finalement, mon fils n’a eu aucun signe de gravité lors de ce premier épisode de bronchiolite. En revanche, il a subi un second épisode en janvier 2025. Cette fois, c’était un peu plus sérieux, sans que ce soit gravissime, mais il avait beaucoup de difficultés à respirer.

On sait que la bronchiolite chez les tout-petits peut vite devenir sérieuse. C’est pourquoi, pour notre troisième enfant, nous avons accepté la proposition de notre médecin de lui administrer le nirsevimab, sans discussion, après avoir vu le risque que représentait la bronchiolite. Même si nous avions dû le payer de notre poche, nous l’aurions fait. Si la vaccination maternelle avait été disponible deux ans plus tôt, je l’aurais aussi envisagée très sérieusement, tant que l’on me garantissait que le niveau de protection pour mon bébé entre les deux solutions était similaire.

En tant que parent, on ressent forcément de l’angoisse. Surtout la nuit, quand je surveillais la respiration de ma cadette. Je me levais plusieurs fois pour vérifier qu’elle allait bien. L’inquiétude était forte, car on sait qu’avec un tout-petit la situation peut basculer très vite. Cela a entraîné une surveillance constante, une inquiétude permanente. Mon message aux femmes qui vont accoucher pendant l’hiver serait d’accepter l’immunisation, que ce soit pendant la grossesse quand c’est possible, ou après, à la naissance chez le bébé en période hivernale ou en rattrapage. Encore plus s’ils sont gardés en collectivité, la bronchiolite étant quasi inévitable. Être immunisé ne protège pas forcément totalement, mais cela atténue la gravité de la maladie et permet d’éviter des nuits entières à veiller son enfant, voire un passage aux urgences. Aujourd’hui, cette possibilité existe, et j’estime que c’est une chance pour protéger son enfant et s’épargner bien des angoisses. »

Propos recueillis par Hélène Joubert, journaliste (septembre 2025)