Selon la science et l’analyse de l’Observatoire régional (ORS) d’Île-de-France, la pollution de l’air est un cofacteur de morbi-mortalité par Covid-19. En somme, elle participe des conséquences sur la dégradation de la santé et aux décès liés à l’infection par le virus SARS-Cov-2.
L’étude menée par Santé publique France dans le cadre du programme de surveillance Air et santé (Psas) « Impact de la pollution de l’air ambiant sur la mortalité en France métropolitaine avril 2021 », avec notamment la contribution de l’ORS Île-de-France, a estimé que les bénéfices des baisses de la pollution de l’air ambiant observées durant le premier confinement au printemps 2020 étaient d’environ 2 300 décès évités en lien avec une diminution de l’exposition de la population française aux particules, et d’environ 1 200 décès évités en lien avec une diminution de l’exposition au dioxyde d’azote (NO2).
La pollution diminue la réponse immunitaire de l’organisme face aux infections
Sur la question de l’exposition à la pollution de l’air comme facteur aggravant de la maladie, Sabine Host, responsable des questions de santé et d’environnement à l’ORS Île-de-France a rédigé avec Célia Colombier le rapport « Pollution de l’air et Covid-19 » conclut : « Si les mécanismes qui sous-tendent le rôle de la pollution sur la gravité de la Covid-19 doivent être approfondis, il n’y a cependant aucun doute sur le fait que l’exposition à court et long terme à la pollution atmosphérique ambiante est à l’origine de maladies chroniques, et que la pollution diminue la réponse immunitaire de l’organisme face aux infections. Ainsi, la pollution de l’air peut être considérée comme un cofacteur de morbi-mortalité par Covid-19. Par ailleurs, il n’y a pas de données scientifiques probantes permettant d’affirmer que le virus peut être transporté par des particules atmosphériques. »
En effet, depuis le début de la pandémie de Covid-19, de nombreux scientifiques ont relevé des foyers épidémiques importants dans des régions très polluées. Cela a donné lieu à de multiples questionnements sur les modes de propagation du virus ou sur les interactions avec les effets de la pollution atmosphérique. Mais l’idée que la pollution soit une sorte de cheval de Troie pour le SARS-CoV-2 est à ce jour écartée.
Tirer les leçons de la pandémie de Covid-19
Un an et demi après le début de la pandémie, est-il possible de tirer des leçons pour orienter les politiques de lutte contre la pollution atmosphérique ? « Les effets des mesures prises pendant la période du confinement sur la qualité de l’air démontrent qu’une limitation du trafic routier permet de réduire la pollution de l’air, répond Sabine Host. Mais il faut aussi actionner des leviers relatifs à d’autres secteurs tels que le chauffage domestique et l’agriculture. Nous avons pris conscience qu’il ne faut pas oublier les autres sources qui sont des contributeurs importants, et faciliter plus encore les mobilités « douces » (actives). Les futures politiques publiques devront désormais mieux intégrer le risque infectieux, sans négliger les enjeux liés aux facteurs environnementaux ; des synergies existent entre les actions et stratégies de lutte contre la pollution atmosphérique et les dispositions mises en œuvre dans le but de prévenir le risque épidémique. »
A quoi servent les Observatoires régionaux de santé (ORS) ? Les Observatoires régionaux de santé (ORS) dressent des constats sur la santé de la population et ses déterminants, dont l’environnement au sens général du terme. L’ORS Ile-de-France est expert sur la santé environnementale et en particulier la santé des Franciliens liée à la pollution de l’air. Sabine Host, chargée d’études à l’ORS Ile-de-France et responsable des questions santé/environnement, raconte : « Le programme Erpurs, initié au début des années 1990 par l’ORS Ile-de-France, constitue un système permanent de surveillance des effets de la pollution atmosphérique urbaine à Paris et les trois départements de proche couronne. Révolutionnaire dans l’histoire de la lutte contre la pollution atmosphérique, il a inspiré la mise en place d’un dispositif national de surveillance des effets sanitaires : le programme de surveillance Air et santé (Psas) de Santé publique France. » |
Hélène Joubert