Communiqué
Dans la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) sévère, la primo-prescription de la triple thérapie au moment de la commercialisation des premiers traitements en juillet 2018 était restreinte aux médecins pneumologues. En novembre 2019, suite à une décision du Conseil d’Etat, celle-ci a été levée. Rebondissement en octobre 2020 avec l’application d’une décision du Comité de transparence de la Haute autorité en santé (mars 2020) qui repositionne ces traitements en primo-prescription par les pneumologues quel soit leur mode d’exercice, libéral ou hospitalier.
La triple thérapie inhalée contient un corticoïde, un bronchodilatateur bêta-2 agoniste de longue durée d’action (LABA) et un bronchodilatateur anticholinergique de longue durée d’action (LAMA). Ces trois médicaments sont administrés en monoprise au moyen d’un dispositif unique. Cette triple thérapie est indiquée dans le traitement continu de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) modérée à sévère chez les adultes non traités de façon satisfaisante par l’association d’un corticostéroïde inhalé et d’un bêta-2 agoniste de longue durée d’action.
S’il est vrai que l’évaluation par le pneumologue est essentielle car cette triple thérapie est réservée aux formes sévères de BPCO, la restreindre à la prescription par le spécialiste nous semble constituer une restriction à l’accès aux soins, a fortiori dans les zones de moindre densité médicale spécialisée et en temps de pandémie de Covid-19 où ces patients, extrêmement fragiles, hésitent à se rendre en consultation par crainte de la contamination.
De plus, cette restriction de prescription par le spécialiste n’est pas un argument valable du point de vue médico-économique : la prescription individuelle de trois voire deux produits (association fixe corticoïdes-bêta 2 mimétique avec un anticholinergique de longue durée d’action) affiche un coût supérieur à la prise unique. Le contournement est aisé par le médecin généraliste. C’est d’ailleurs ce qui est réalisé en pratique, le plus souvent.
Un non-sens, d’autant que ces thérapeutiques sont abordables. Leur coût est bien éloigné de celui des biothérapies par exemple, qui, lui, justifie leur prescription spécialisée.
L’association Santé respiratoire France s’interroge sur le bien-fondé d’une telle décision, qui ne repose ni sur des arguments économiques, ni sur des considérations médicales et creuse potentiellement une inégalité de prise en charge entre les patients.
De plus, cette prescription réservée au spécialiste limite l’accès au traitement unique, qui nous semble pourtant un atout du point de vue de la qualité de vie des malades et de l’observance médicamenteuse pour un traitement qui est pris au long cours.
Santé respiratoire France souhaite la levée de la prescription initiale de la thérapie trois-en-un par le pneumologue. Bien entendu, la prescription par le médecin généraliste pourrait être conditionnée par une visite dans les trois à six mois chez le pneumologue, pour une évaluation globale et experte de la pathologie du patient, chez ceux n’ayant pas de suivi pneumologique (comme cela est précisé dans le Guide du parcours de soins BPCO de la HAS avec une évaluation fonctionnelle respiratoire dans les six mois).
Par conséquent, Santé respiratoire France demande à la Haute autorité en santé de revoir les conditions de la primo-prescription de la triple thérapie et de l’élargir au médecin généraliste.
Dr Frédéric Le Guillou, président de Santé respiratoire France
Santé respiratoire France a adressé cette demande par courrier à la Haute autorité en Santé.