Beaucoup de soignants craignent un arrêt – injustifié – des vaccinations habituelles à cause du Covid-19.
Une « fake news » circule actuellement, selon laquelle vacciner par le ROR (rougeole, oreillons, rubéole) en période de pandémie COVID-19 serait dangereux. Relayée par les anti-vaccins, non seulement elle n’a aucun fondement scientifique, mais elle exploite la confusion avec le candidat vaccin contre SARS-COV-2 à l’étude par l’Institut Pasteur (Paris). Celui-ci se sert de la souche vaccinale du vaccin rougeole modifié génétiquement en incluant des gènes du virus responsable de la pandémie pour présenter des antigènes spécifiques au système immunitaire (cf. interview du Pr Odile Launay).
Selon le Dr Didier Pinquier (Pédiatrie néonatale et réanimation, CHU de Rouen), il n’est pas question de retarder les vaccinations obligatoires du nourrisson du fait de l’épidémie de coronavirus : « La situation risque de perdurer plusieurs mois et le retard des vaccinations contre la coqueluche (à 8 semaines), les méningites à Haemophilus Influenzae de type b, le pneumocoque, le méningocoque dans la première année (dose de rappel comprise) et de la rougeole pourrait avoir de graves conséquences. » Il n’y a pas de risque à vacciner les enfants en cette période par le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, renchérit le Pr Nicolas Authier, médecin psychiatre et pharmacologue (CHU de Clermont-Ferrand) : « Il est donc recommandé de poursuivre les vaccinations prévues dans le calendrier vaccinal. Si vous deviez être vacciné contre le pneumocoque, il n’y a pas lieu non plus de reporter l’injection. Il faut cependant garder à l’esprit que les vaccins contre les infections à pneumocoque ne protègent en aucun cas contre le SARS-CoV-2. Ces vaccins sont à réserver pour les patients à risque, tels qu’ils sont définis dans les recommandations officielles : personnes immunodéprimées, atteintes de maladies cardiovasculaires ou broncho-pulmonaires, etc. »
Concernant la population générale au-delà de l’âge de 2 ans, la Haute autorité de santé (HAS) considère que les vaccinations recommandées dans le calendrier vaccinal peuvent être différées jusqu’à la levée des mesures de confinement. Bien entendu, ce conseil exclut certaines situations de vaccination d’urgence, en prévention chez les personnes ayant été en contact avec des cas de rougeole, de méningite, de coqueluche, de varicelle… ou en en post-exposition.
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