Annie, 55 ans, vit à Rangiroa et récemment diagnostiquée BPCO
Jointe par mail – douze heures de décalage horaire obligent – Annie, une passionnée de plongée sous-marine, nous raconte dans quelles mesures elle profite de sa passion, en dépit de sa maladie BPCO. Son lieu de vie et de travail se situent à Rangiroa, un atoll de l’archipel des Tuamotu en Polynésie française. On dit « Ra’i roa » en tahitien, ce qui signifie « Ciel immense » ou « Vaste ciel » en paumotu, une langue polynésienne. Décollage pour l’autre bout du monde !
« Je vis maintenant à Rangiroa où je travaille depuis peu dans un centre de plongée comme secrétaire commerciale. Quand mes problèmes respiratoires ont commencé, l’an dernier, je travaillais comme professeur dans un lycée en Nouvelle Calédonie. J’ai découvert la plongée dans ce pays en 2015 avec mon compagnon, instructeur de plongée. Toute l’année 2018, je n’ai cessé d’être malade. Les bronchites se sont succédées sans vraiment guérir. Des toux incessantes qui empiraient quand je fumais mes deux cigarettes quotidiennes. Un vrai plaisir. Oui, deux seulement, mais depuis 40 ans ! Alors mon médecin m’a envoyée chez un pneumologue et quelques examens médicaux plus tard, le verdict est tombé : je suis atteinte de BPCO à un stade modéré avec un emphysème léger. Selon ce pneumologue, le sevrage tabagique s’imposait. Une évidence pour moi aussi. Je ne fume plus depuis la seconde-même de l’annonce du diagnostic. J’y pense tous les jours mais j’ai bien compris que c’était impératif. Je devais aussi arrêter de plonger selon le pneumologue. Un choc car ma vie sociale est essentiellement tournée vers la plongée. Je venais tout juste de passer mon niveau 3… et jusqu’alors sans aucun problème en plongée. La punition était sévère. A la déception s’ajoutait la peur que cette maladie s’aggrave. Puis, par chance, peu de temps après, j’ai fait la connaissance de pneumologues plongeurs via mon médecin généraliste de Nouvelle Calédonie, lui-même plongeur, et aussi via la Fédération française d’études et de Sports Sous-Marins (FFESSM). Ils m’ont autorisée à continuer à explorer les profondeurs sous certaines conditions : pas de plongée en cas de symptômes respiratoires (dyspnée, exacerbation bien entendu…), pas de plongées successives et un suivi rapproché de ma capacité pulmonaire. Depuis, en suivant leurs consignes, j’ai replongé sans aucun souci particulier. Je remonte lentement et augmente mes paliers de décompression *.
Les autres conditions sont avant tout mon état général le jour J. Le suivi médical est semestriel, pour le moment. J’ai revu un pneumologue à Papeete avant mon départ pour Rangiroa, île éloignée, et la spirométrie était très convenable. Un scanner est prévu en juillet.
Mes conseils sont de prendre vraiment soin de soi, de pratiquer ou de s’astreindre à une activité physique ou à un sport très régulièrement -même si c’est pénible- et surtout ceux faisant travailler les capacités cardiaques. Avant de plonger, une personne BPCO doit impérativement réaliser un check-up complet avec son pneumologue et son cardiologue, si possible des médecins qui connaissent les spécificités de la plongée car les autres ont tendance à asséner un « non » systématique. Et arrêter de fumer totalement ! Attention, les bulles d’emphysème sont une contre-indication absolue.
Voilà, ceci est mon expérience personnelle. Il faut bien être conscient de son état, être suivi médicalement et ne pas mentir… ni se mentir ».
Propos recueillis par Hélène Joubert, journaliste. Merci à Annie pour son témoignage.
* un palier de décompression est le temps que l’on passe à une profondeur donnée afin de réduire le taux d’azote ou d’hélium restant dans les tissus humains (sang notamment).