Dans le cadre de son Diplôme Universitaire Patients-Experts Maladies Chroniques, Christine Pochulu a réalisé l’enquête “Programme ETP et sevrage du tabac” (juin 2018), explorant les motivations a posteriori d’anciens fumeurs à suivre des séances d’éducation thérapeutique du patient (ETP), spécifiquement dédiées au sevrage tabagique.
Comme le définissait l’OMS en 1988, l’éducation thérapeutique du patient (ETP) permet d’acquérir des compétences d’auto-soin en renforçant et en maintenant la motivation mais également en développant les compétences d’adaptation face aux situations à risque et en favorisant les changements dans la vie quotidienne pour prévenir les risques de rechute. « De nombreux programmes d’ETP prévoient une unique séance dédiée au tabagisme pour les patients atteints de pathologies, notamment cardiaques et respiratoires, relate Christiane Pochulu. En revanche, s’agissant de programmes entièrement dédiés à l’addiction tabagique elle-même, pratiquement tout reste à créer ». Un programme d’ETP spécifique a cependant été autorisé par l’Agence régionale de santé (ARS) en avril 2011 et, en 2012 et 2013, trois autres ont vu le jour intitulés « Produits, tabacs et opiacées », « La rémission » et « Vivre bien sans produit ».
Enquête ” Programme ETP et sevrage du tabac” : les résultats
Par le biais d’entretiens semi-dirigés, la patiente-experte a approfondi les attentes d’ex-fumeurs vis-à-vis d’un programme d’ETP spécifiquement lié au sevrage. L’enquête a inclus 15 personnes âgées de 48 ans à 62 ans atteintes de BPCO, ayant cessé de fumer depuis 1 an et plus, après 4 tentatives d’arrêt en moyenne.
-La conscience des conséquences négatives du tabac, le désir d’être accompagné dans la démarche de changement, la motivation au changement étaient les trois motifs cités pour participer à un programme d’ETP. Le désir de prendre soin de sa santé arrive en tête, devant le diagnostic de BPCO. S’en sentir capable également.
– Les besoins exprimés dans le cadre de la prévention de la rechute sont les suivants : recevoir une aide extérieure (être guidé et mieux outillé, recevoir un soutien moral, se confier, mieux gérer ses émotions), améliorer son bien-être psychologique et donc son estime de soi, ainsi que son réseau social et ses relations interpersonnelles, s’accorder une pause pour se ressourcer, réorganiser sa vie.
-Au rythme idéal de quatre séances d’ETP mensuelles, neuf thèmes d’ateliers ont été sélectionnés, avec, par ordre décroissant, « Mon histoire avec le tabac », » Quelle activité physique pour moi », « Je gère mes envies et mon stress », « La sophrologie », « La méditation », « Le tabac, plaisir ou souffrance », « Nutrition & Bien-être », « Les aides au sevrage ».
-Sans surprise, ces ateliers, menés dans des lieux moins médicalisés que l’hôpital, devraient être dirigés par des intervenants empathiques, ne stigmatisant pas les patients et sachant susciter la motivation.
« Presque unanimement, les participants déclarent qu’un tel programme d’ETP axé sur le sevrage tabagique aurait pu les aider à arrêter – et plus tôt – ainsi qu’à maintenir l’arrêt du tabac, résume l’auteure. Le travail sur l’estime de soi a été jugé primordial. Créer des liens au sein d’un groupe, bénéficier de la présence d’ex-fumeurs et plus encore de celle de patients-experts leur semble des ressources à mettre à profit ».
La mise en place en 2016 par les ARS de la déclinaison du Programme national de réduction du tabagisme (PNRT) pourrait ouvrir la voie à de nouveaux projets d’ETP focalisés sur le sevrage tabagique.