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ToggleRespirer mieux après 60 ans : il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer !

Les bénéfices respiratoires et bronchiques du sevrage tabagique existent chez les seniors, même après des années de tabagisme. Comme le soulignait le Dr Gérard Peiffer, pneumologue à l’hôpital de Mercy – CHR Metz Thionville, lors du 19ᵉ Congrès de Tabacologie (27 et 28 novembre 2025 à Caen) : « Il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer ».
Les premiers effets positifs sur le système respiratoire apparaissent rapidement :
- Vingt-quatre heures après l’arrêt, le taux de monoxyde de carbone expiré revient à celui d’un non-fumeur, ce qui améliore la saturation en oxygène.
- Trois jours après, l’obstruction bronchique diminue.
- Quelques semaines à trois mois plus tard, la toux et la dyspnée s’atténuent progressivement, le souffle revient et la marche devient plus facile.
- Entre un et neuf mois, les cils bronchiques retrouvent une fonction normale, améliorant l’élimination des sécrétions et réduisant les risques d’infections respiratoires, tandis que la fonction pulmonaire continue de s’améliorer.
- À long terme, le sevrage prévient l’aggravation de maladies respiratoires existantes et réduit les risques de complications.
Ainsi, chez les seniors atteints de BPCO, arrêter de fumer reste prioritaire : cela soulage les symptômes, diminue la fréquence et la sévérité des exacerbations et améliore la capacité respiratoire, facilitant les activités quotidiennes comme marcher ou monter des escaliers. Le risque ne disparaît pas immédiatement ni complètement, mais il diminue progressivement au fil des années, avec une réduction d’environ moitié après dix ans. L’amélioration de la fonction pulmonaire et la diminution de l’essoufflement se traduisent par une meilleure qualité de vie et plus d’autonomie, et même à 60 ans, arrêter de fumer peut prolonger l’espérance de vie d’environ trois ans.
Beyfortus chez les enfants, Abrysvo chez les adultes : la pharmacovigilance confirme leur tolérance

Le nirsévimab (Beyfortus) a démontré son efficacité, il confirme maintenant sa bonne tolérance. L’ANSM atteste de la sécurité du nirsévimab administré aux nourrissons ainsi que celle des vaccins contre le virus respiratoire syncytial (VRS) destinés aux adultes (Abrysvo, Arexvy, mResvia). Beyfortus est un anticorps monoclonal administré aux nourrissons pour prévenir les infections graves à VRS. Les vaccins Abrysvo, Arexvy et mResvia sont recommandés chez les adultes de 75 ans et plus, ainsi que chez les adultes de 65 ans et plus présentant des comorbidités, comme une insuffisance cardiaque ou une BPCO. Abrysvo est également indiqué chez les femmes enceintes (32 à 36 semaines d’aménorrhée) pour protéger le nouveau-né via le transfert transplacentaire d’anticorps. Les enquêtes de pharmacovigilance* menées en 2024 montrent une bonne tolérance pour chacun de ces traitements.
Une étude française EPI-Phare publiée en novembre 2025 confirme la sécurité d’Abrysvo pendant la grossesse. Alors que la France est actuellement en période épidémique de bronchiolite, la campagne actuelle d’immunisation avec Beyfortus pour les enfants et Abrysvo pour les femmes enceintes qui a commencé le 1er septembre se poursuivra jusqu’à fin janvier 2026.
A noter : les vaccins contre le VRS sont recommandés par les autorités sanitaires chez les seniors (toutes les personnes de plus de 75 ans, et celles âgées de 65 ans et plus atteintes de pathologies respiratoires chroniques ou cardiaques, en particulier BPCO et insuffisance cardiaque) mais pas encore remboursés. Pour en savoir plus lire l’article de l’ANSM « Protéger les plus âgés contre le VRS »
* Les enquêtes de pharmacovigilance servent à surveiller les médicaments après leur mise sur le marché. Elles permettent de repérer des effets indésirables qui n’avaient pas été identifiés lors des essais cliniques.
« Proches aidants cancer », que révèle le baromètre de l’INCa ?

L’Institut national du cancer (INCa) publie les résultats du Baromètre « proches aidants cancer », réalisé fin 2024. Cette enquête dresse un panorama de la situation des aidants accompagnant des personnes atteintes de cancer en France, notamment le cancer broncho-pulmonaire, de leurs besoins et des dispositifs de soutien accessibles.
En France, un Français sur quatre apporte régulièrement une assistance à une personne en perte d’autonomie, qu’il s’agisse de vieillissement, de maladie chronique ou grave, ou de handicap. Les proches aidant un patient atteint de cancer représenteraient environ 13 % de la population, selon les estimations.
L’étude souligne l’implication majeure de ces aidants : 68 % consacrent une part importante de leur temps à l’accompagnement, qu’il s’agisse de soutien psychologique (74 %), d’aide aux tâches quotidiennes et domestiques (71 %) ou de coordination des soins et des rendez-vous médicaux (67 %). Pourtant, 37 % des répondants ne se considèrent pas comme aidants, limitant ainsi l’accès aux dispositifs de soutien et retardant l’orientation vers les ressources adaptées.
La charge liée à ce rôle a un impact sur la qualité de vie. L’enquête révèle que 46 % des aidants rapportent des conséquences sur leur santé mentale, avec stress et anxiété accrus, 37 % sur le sommeil et 30 % sur leur condition physique. Comparés aux aidants d’autres pathologies, ils sont plus jeunes, avec 60 % âgés de moins de 50 ans, et confrontés à un parcours plus fragmenté, nécessitant des ajustements constants face aux différentes phases thérapeutiques.
Pour mieux soutenir les aidants, ceux-ci expriment le besoin d’informations claires sur les aides disponibles, les dispositifs de soutien et leurs droits, ainsi que d’une reconnaissance explicite de leur rôle dans le parcours de soins. Les périodes de transition, comme l’annonce du diagnostic, les phases de traitement, la fin de vie et la période post-traitement, sont particulièrement critiques. De plus, le recours aux dispositifs existants reste limité : seulement 25 % ont bénéficié d’une aide à domicile, 14 % d’un soutien psychologique ou d’un congé spécifique et 10 % d’un dispositif de répit.
Un vaccin pneumococcique à 21 valences, désormais remboursé pour les adultes
Capvaxive, vaccin à 21 valences contre le pneumocoque (ce qui signifie qu’il protège contre 21 types différents de la bactérie Streptococcus pneumoniae), a obtenu son remboursement au Journal officiel dans les indications recommandées par la Haute Autorité de santé (HAS), le 2 décembre. Il s’agit du deuxième vaccin pneumococcique à dose unique remboursé chez l’adulte, après le Prevenar 20, le 14 octobre. La HAS avait recommandé d’étendre la vaccination pneumococcique à une dose à toutes les personnes de plus de 65 ans, au-delà des adultes à risque, d’abord par le Prevenar 20, intégré au calendrier vaccinal 2025 avant l’obtention de son remboursement en octobre. L’autorité sanitaire avait publié en juillet un rapport sur la place de Capvaxive, concluant que « le vaccin VPC 21 peut être utilisé, au même titre que le vaccin VPC 20, dans le cadre de la stratégie actuelle de vaccination contre les infections pneumococciques chez l’adulte, à savoir chez les personnes âgées de 65 ans et plus et chez les personnes de 18 à 64 ans à risque ».
Pour les adultes non vaccinés ou déjà vaccinés (VPC 13*, VPP 23** ou VPC 13 + VPP 23), une dose unique de Capvaxive ou de Prevenar 20 est recommandée (délai d’un an après VPC 13 ou VPP 23, et cinq ans après VPC 13 + VPP 23). La co-administration avec le vaccin contre la grippe saisonnière est possible.
*Vaccin Pneumococcique Conjugué 13-valent ; **Vaccin Pneumococcique Polyvalent 23-valent, ou polysaccharidique
Toux chronique réfractaire : un fardeau sous-estimé

Plus d’un quart des patients souffrant de toux chronique (persistante depuis au moins huit semaines) présentent une forme résistante aux traitements (réfractaire), selon une enquête européenne. Ce type de toux, associée à davantage de comorbidités et de troubles psychiques, altère significativement la qualité de vie.
La toux chronique touche environ 5 % de la population européenne et certains développent une toux dite réfractaire ou inexpliquée. Ce phénomène pourrait être lié à une hypersensibilité du réflexe de la toux, c’est-à-dire que les voies respiratoires réagissent de façon exagérée à des stimulations banales. Ce phénomène s’explique par une activation accrue des nerfs impliqués dans ce réflexe (cf. article TOCRI : La toux chronique, une maladie à part entière, 2023).
Pour mieux comprendre cette population, une équipe européenne a analysé les données d’une enquête dans quatre pays (Allemagne, Espagne, France et Italie) auprès de 5 352 répondants ayant déclaré une toux chronique au cours des 12 derniers mois (sévérité ≥ 4/10 sur une échelle visuelle analogique). Les participants ne devaient pas avoir fumé récemment, ni avoir été concernés par un cancer bronchique, une maladie pulmonaire interstitielle ou un traitement tussigène. La toux était qualifiée de « possiblement réfractaire » si elle ne répondait pas à un ou deux antitussifs, et de « probablement réfractaire » après échec de trois antitussifs.
Parmi les 591 patients souffrant de toux chronique au moment de l’enquête, 27,9 % présentaient une forme réfractaire, dont 9,5 % probable. Ces patients étaient majoritairement des femmes (66,7 % contre 57,3 %) et présentaient davantage de comorbidités, notamment infectieuses, digestives, respiratoires et cardiaques. Leur santé mentale était plus fragile, avec des scores plus élevés de dépression et d’anxiété, et des troubles du sommeil plus fréquents. L’incontinence urinaire était également plus souvent signalée. Ces patients déclaraient plus souvent avoir souffert d’asthme, d’allergies ou de maladies respiratoires chroniques (BPCO, rhinite ou sinusite chronique) au cours des 12 derniers mois.
La qualité de vie liée à la santé était significativement réduite chez les personnes atteintes de toux réfractaire, tant sur les dimensions physique que psychique. Le fardeau médical se traduisait par un recours aux soins plus fréquent : en moyenne 9,87 visites auprès d’un professionnel de santé au cours des six derniers mois, contre 6,26 pour les autres patients, avec davantage de consultations spécialisées (allergologie, ORL, pneumologie), de passages aux urgences et d’examens diagnostiques. Ainsi, malgré cette prise en charge intensive, les traitements disponibles semblent insuffisants : 53,6 % des patients atteints de toux réfractaire ont cessé de chercher des soins pour soulager leur toux, contre 37,3 % des patients non réfractaires.
Référence : Domínguez-Ortega J, Virchow JC, Guilleminault L, et al. Prevalence and burden of possible refractory chronic cough in four European countries. ERJ Open Res. 2025 Jul 14;11(4):00888-2024. doi: 10.1183/23120541.00888-2024.
Être appareillé pourrait améliorer la survie des personnes atteints de diabète de type 2 et d’apnées du sommeil
Traitement par pression positive continue (PPC) : des éléments de preuves supplémentaires de ses bénéfices à court, moyen et long terme…si elle est correctement utilisée !
Une étude suédoise avec un suivi de 14 ans montre que le traitement par pression positive continue (PPC) pourrait réduire de 26 % le risque de décès chez les personnes souffrant à la fois de diabète de type 2 (DT2) et du syndrome des apnées obstructives du sommeil (SAOS), soulignant l’importance d’un dépistage précoce de cette pathologie chez ces patients.
Le syndrome des apnées obstructives du sommeil touche environ 1 milliard d’adultes dans le monde âgés de 30 à 69 ans, et on estime que 50 à 80 % des adultes atteints de DT2 en sont concernés, la plupart étant non diagnostiqués. Chez les personnes diabétiques, le SAOS augmente de plus de 50 % le risque de maladies cardiovasculaires (insuffisance cardiaque, accident vasculaire cérébral) et le risque de mortalité toutes causes confondues de 24 % par rapport à celles sans SAOS.
« Malgré l’impact considérable de l’apnée du sommeil sur les maladies cardiovasculaires et la survie, elle reste souvent non diagnostiquée chez les patients diabétiques et n’est pas systématiquement prise en compte dans la prise en charge du diabète », explique le Dr Jonas Agholme, de l’Université de Linköping en Suède. « De plus, l’effet du traitement par PPC sur la survie chez ces patients n’était pas clairement établi. »
Pour répondre à cette question, les chercheurs suédois qui présentaient leur étude au congrès européen de diabétologie (septembre 2025, Vienne) ont analysé les données de cinq registres nationaux entre 2010 et 2024, identifiant 12 388 patients DT2 ayant reçu un appareil PPC et 737 911 patients DT2 dont le statut SAOS était inconnu et qui n’avaient jamais reçu de PPC, afin de comparer la survie à long terme.
Malgré une possible dilution liée à la présence de patients sans SAOS dans le groupe contrôle, la forte prévalence des apnées du sommeil chez les personnes diabétiques, ainsi que le risque accru de complications, permet de détecter des effets cliniquement pertinents du PPC.
Le groupe traité par PPC comprenait moins de femmes (31 % contre 43 %), était plus jeune (58 ans en moyenne contre 65 ans) mais avait un indice de masse corporelle plus élevé (IMC de 34,7 kg/m² contre 30,6 kg/m²). Sur 12 388 patients traités par PPC, 764 (6,1 %) sont décédés sur 14 ans, contre 212 336 (28,7 %) parmi ceux non traités.
Après ajustement sur l’âge, le sexe, les antécédents cardiovasculaires et d’autres facteurs variables (IMC, tabac, cholestérol, fonction rénale, tension artérielle, traitements médicamenteux), le traitement par PPC était associé à une réduction de 26 % du risque de décès toutes causes confondues sur 14 ans.
« Cette étude, réalisée dans des conditions réelles, met en évidence les bénéfices potentiels du PPC chez les patients diabétiques atteints d’apnée du sommeil, un enjeu clinique longtemps non résolu, commente le Dr Agholme. Cependant, des recherches plus rigoureuses sont nécessaires pour confirmer l’effet causal du traitement. »*
* Il s’agit en effet d’une étude observationnelle : des biais résiduels ou de sélection existent. De plus, les données sur l’adhésion au PPC étaient limitées à un petit sous-groupe, et la sévérité des apnées n’était pas disponible, ce qui empêche d’analyser si l’effet varie selon la gravité.
Référence : Breathing device could have profound impact on survival for people with sleep apnoea and type 2 diabetes ; abstract 366 at the Annual Meeting of The European Association for the Study of Diabetes (EASD)
Comprendre le retard au diagnostic de la BPCO

La BPCO est souvent diagnostiquée tardivement chez des patients présentant des facteurs de risque, malgré des symptômes évocateurs, avec un long délai entre la première consultation et le diagnostic formel. Une étude qualitative comparative française, ABCD, a identifié les obstacles au diagnostic de la BPCO. Cette analyse repose sur des entretiens structurés menés auprès de 15 patients et de 15 médecins généralistes et pneumologues.
Avant d’obtenir un diagnostic, les patients peuvent rencontrer jusqu’à 12 obstacles lesquels peuvent se combiner entre eux :
– Phase 1, avant la consultation : méconnaissance de la BPCO, déni des symptômes, crainte du cancer du poumon, retard dans les consultations.
– Phase 2 (soins primaires) : chronicisation de la bronchite, priorité donnée à des maladies présentant des symptômes similaires ou plus graves, absence de dépistage, manque de temps et de traitements curatifs.
– Phase 3 (médecine spécialisée) : traitement avant le diagnostic, orientation tardive vers un pneumologue, difficultés d’accès aux spécialistes et aux résultats d’examens, réticence du patient à subir des examens complémentaires, nécessité d’examens supplémentaires pour confirmer le diagnostic.
Des données qui cherchent à sensibiliser patients, médecins et autorités sanitaires à leur rôle dans la lenteur du parcours diagnostique, pour lever les obstacles. Les auteurs soulignent qu’aucune campagne d’information nationale de grande envergure n’a été menée en France, ce qui contribue probablement à la difficulté à reconnaître les symptômes et signes précoces de la maladie.
Référence : Roucoux G, Scanferla E, Delorme M, et al; ABCD Study Group. Twelve barriers to COPD diagnosis in France : a comparative qualitative study. BMJ Open Respir Res. 2025 Jan 22;12(1):e002708.
Quels droits à la retraite pour un proche aidant ?
Si mettre sa carrière en pause pour accompagner un proche peut affecter la retraite, des dispositifs permettent heureusement de préserver certains droits. Pour les parents ou proches accompagnant un enfant en situation de handicap, il est possible de bénéficier de trimestres supplémentaires appelés « majorations de durée d’assurance ». Un trimestre est accordé pour chaque période de 30 mois de prise en charge (dans la limite de huit trimestres), y compris si l’aidant poursuit son activité professionnelle. Il faut habiter avec l’enfant ayant un taux d’incapacité d’au moins 80 % et percevoir l’une des prestations suivantes : allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) ou l’un de ses compléments.
Pour les aidants d’adultes en situation de handicap, même principe : un trimestre pour chaque période de 30 mois civils consécutifs d’accompagnement, mais à condition d’avoir cessé totalement son activité et de vivre avec la personne aidée.
De plus, depuis le 1er septembre 2023, l’Assurance vieillesse des aidants (AVA) modernise et unifie ces dispositifs. La Caisse d’allocations familiales (CAF) peut affilier automatiquement à l’assurance vieillesse les personnes s’occupant exclusivement d’un proche en situation de handicap, adulte ou enfant, dès lors qu’elles perçoivent une prestation comme l’AEEH, la prestation de compensation du handicap (PCH) ou l’allocation journalière de proche aidant (AJPA). Cette affiliation gratuite permet de valider jusqu’à quatre trimestres par an, même sans activité professionnelle. Le dispositif s’étend désormais aux aidants n’ayant pas de lien familial ou ne vivant pas sous le même toit que la personne aidée.
Les banques continuent de voir l’industrie du tabac comme un placement anodin…
Sept ans après avoir annoncé leur désengagement du tabac, les banques mondiales avaient fait miroiter une victoire dans la lutte contre le tabagisme, sous l’impulsion de l’ONG australienne Tobacco Free Portfolio et de l’Organisation mondiale de la santé. En France, Crédit Agricole, Société Générale, BNP Paribas et le groupe BPCE avaient signé cette charte. Malgré cet engagement, les banques françaises détiendraient encore près de 3 milliards d’euros d’actions dans l’industrie du tabac. La Société Générale affirme sur son site qu’elle « exclut de son univers d’investissement les producteurs de tabac ». Pourtant, une enquête de l’organisme Profundo, publiée par l’Alliance contre le tabac (ACT), a révélé en octobre 2025 que les banques françaises continuent de « financer et parier sur ce commerce mortifère », selon l’association. Pire, ces investissements ont augmenté ! Les quatre principales banques françaises détiennent 2,8 milliards d’euros de titres dans l’industrie du tabac, soit une hausse de 280 % entre novembre 2023 et mai 2025. Ces investissements portent principalement sur Philip Morris International (1,4 milliard de dollars), British American Tobacco (860 millions) et Imperial Brands (441 millions). La réponse des banques françaises ? Ces investissements seraient indirects avec des produits boursiers, souvent complexes, incluant des actions de sociétés du tabac.
Comment parler des chiffres en « langage patient » ?
Résultats d’analyses, risques, succès thérapeutiques : entre médecins, habitués à manipuler ces chiffres au quotidien, et patients, pour qui ils peuvent sembler abstraits, difficiles à comprendre ou inquiétants, les données créent souvent des malentendus, sources de mauvaises décisions.
C’est un point essentiel à prendre en compte, comme le montre les données du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PAIA) de 2023 (une enquête menée par le Centre national des statistiques de l’éducation des États-Unis) indiquent que seulement 34 % des 4 637 adultes américains interrogés étaient capables d’effectuer des tâches numériques simples (par exemple, identifier la valeur la plus élevée dans une liste non ordonnée).
Une équipe propose des stratégies concrètes pour rendre les chiffres plus accessibles et donc utiles aux profanes :
Préférer les chiffres aux mots :
Des termes comme « rare », « fréquent » ou « improbable » restent vagues et sont perçus très différemment par les patients. Pour certains, « rare » correspond à 1 %, pour d’autres à plus de 30 %. Mieux vaut présenter les risques à l’aide de chiffres concrets, même si cela nécessite une simplification scientifique. Par exemple, plutôt que de dire « votre risque est faible », indiquer « chez 4 patients sur 100, la maladie s’aggrave ». L’usage de références sur 100 ou 1 000 personnes facilite la compréhension.
Faciliter la comparaison entre les données :
Des chiffres précis comme « 1 patient sur 384 » sont exacts scientifiquement, mais difficiles à interpréter pour le grand public. Les études montrent que de nombreux patients ont du mal à comparer plusieurs risques. En revanche, présenter les informations sous forme de pourcentages ou de fréquences sur 100 ou 1 000 personnes les rend beaucoup plus accessibles.
Privilégier les différences absolues aux chiffres relatifs :
Communiquer une réduction relative des risques, comme « 50 % de risque en moins », peut impressionner mais induire en erreur. Les valeurs absolues sont plus parlantes. Par exemple, si une stratégie de prévention (prophylaxie) réduit le risque d’infarctus de 2 cas à 1 cas sur 100 patients, la réduction absolue est de 1 %, alors que la réduction relative est de 50 %. Pour les patients, l’information absolue est plus claire : sur 100 personnes, 2 ont un infarctus sans prophylaxie, contre 1 avec prophylaxie.
Utiliser des aides visuelles, mais judicieusement :
Les images et modèles aident à rendre les chiffres plus concrets. Les « icon arrays » (tableaux d’icônes) sont utiles : 100 petites figurines, dont certaines sont colorées, permettent de saisir intuitivement les probabilités. Les diagrammes à barres ou en camembert peuvent également être employés. S’ils sont simplifiés !
Le contexte !
Les chiffres prennent tout leur sens lorsqu’ils sont correctement interprétés. Les auteurs illustrent : pour l’HbA1c (qui traduit le taux de sucre sanguin des 3 derniers mois), un chiffre comme 8,3 % peut paraître abstrait, surtout pour une personne récemment diagnostiquée diabétique. Il devient compréhensible seulement dans le contexte de la fourchette normale, de l’objectif thérapeutique et de l’impact des petites variations. Une formulation claire comme « Votre HbA1c est de 8,3 %. Notre objectif est de descendre en dessous de 7 %. Une baisse de 0,5 % représente déjà un progrès important » permet de guider le patient et de montrer l’importance, par exemple, d’un traitement.
Référence : Zikmund-Fisher BJ, Thorpe A, Fagerlin A. How to Communicate Medical Numbers. JAMA. 2025 Oct 28;334(16):1474-1475. doi: 10.1001/jama.2025.13655. PMID: 40991282.
Moins de crises d’asthme et moins d’hospitalisations grâce à une appli

Une étude néerlandaise présentée à l’European Respiratory Society 2025 (septembre 2025) montre que la surveillance à domicile des enfants asthmatiques via l’application mobile Luchtbrug réduit les passages aux urgences et les hospitalisations. L’application permet aux enfants et à leurs parents de suivre leurs symptômes et leur fonction respiratoire, tout en offrant un plan d’action personnalisé. En cas de signes de crise, le système alerte l’hôpital afin que le médecin ou l’infirmier puisse contacter la famille et ajuster le traitement si nécessaire. L’analyse a porté sur 2 528 enfants âgés de 6 à 17 ans, suivis entre 2017 et 2023 dans six hôpitaux, dont 53,7 % ont utilisé l’application régulièrement.
Chez les enfants suivis avec l’application, le risque de passage aux urgences a été divisé par deux, tandis que le risque d’hospitalisation a été réduit de 57 %. Les consultations médicales ont également diminué, avec une baisse de 8,6 consultations par an pour 100 patients. Parallèlement, la proportion d’enfants ayant un bon contrôle de l’asthme est passée de 77 % avant l’utilisation de l’application à 86 % après.
Ces données en vie réelle confirment les bénéfices déjà observés lors d’essais cliniques, montrant que la télésurveillance réduit les besoins hospitaliers et améliore le contrôle de l’asthme, tout en facilitant des soins plus efficaces et potentiellement moins coûteux, estiment les auteurs de l’étude.
Référence : Marc Oppelaar et coll. Assessment of healthcare consumption and asthma control after implementation of remote monitoring in long-term multicentre paediatric asthma care, Abstract OA2346 (ERS 2025)
Rééducation physique et syndrome post-COVID : un impact positif sur l’immunité

Une étude présentée au congrès européen de l’ERS 2025 montre que l’exercice pourrait aider à restaurer un système immunitaire plus normal et bien régulé chez les personnes atteintes du syndrome post-COVID. L’essai (randomisé et contrôlé), a été réalisé par une équipe de l’université de Loughborough au Royaume-Uni, et présenté par le Dr Enya Daynes.
Le Dr Daynes a expliqué que les personnes souffrant du syndrome post-COVID présentent un risque accru de dysrégulation immunitaire, où le système immunitaire devient parfois hyperactif ou mal orienté, attaquant les cellules saines ou réagissant fortement à des éléments non dangereux. Cela entraîne une inflammation persistante et des symptômes tels que fatigue, douleurs articulaires et malaise général, fréquents dans le syndrome post-COVID.
L’essai a inclus 31 patients hospitalisés pour COVID et diagnostiqués avec le syndrome post-COVID. Certains ont été assignés au hasard à un programme de rééducation basé sur l’exercice pendant huit semaines, comprenant marche sur tapis, vélo et renforcement musculaire, tandis que d’autres recevaient les soins habituels.
Les chercheurs ont observé que les patients ayant suivi le programme d’exercice présentaient des améliorations significatives de leurs cellules immunitaires par rapport au groupe témoin (cellules CD4+ T, responsables de la réponse rapide aux infections précédemment rencontrées, et des cellules CD8+ T, qui permettent d’identifier et de combattre plus rapidement de futures infections).
Selon le Dr Daynes, l’exercice favorise la circulation sanguine, mobilise les cellules immunitaires et améliore leur capacité à détecter les menaces. Il facilite la communication entre cellules immunitaires, augmente leur production et leur renouvellement, réduit l’inflammation chronique et crée un environnement équilibré pour le fonctionnement du système immunitaire.
Référence : Abstract no: OA6534 “Effect of 8-week exercise-based rehabilitation on immune cell counts in Post- COVID syndrome following hospitalisation: a randomised controlled trial”, by De Enya Daynes et al ; 30 September, 2025
L’usage croissant des poêles à bois en Europe, un facteur de risque environnemental pour la santé respiratoire

Une troisième étude présentée au congrès européen de l’European Respiratory Society cet automne apporte une confirmation : l’utilisation de poêles à bois à l’intérieur des habitations est liée à une diminution de la fonction pulmonaire. Cette recherche a été présentée par le Dr Laura Horsfall, chercheuse principale à l’Institute of Health Informatics de l’University College de Londres.
L’utilisation de combustibles solides pour le chauffage domestique a augmenté en Europe, stimulée par la promotion du bois comme énergie renouvelable et la hausse des prix des énergies fossiles. Au Royaume-Uni, la part de la pollution de l’air par les particules fines PM2,5 provenant du chauffage au bois domestique représente désormais 20 % du total, contre 4 % pour les émissions des véhicules routiers. Les émissions annuelles issues spécifiquement du bois domestique ont presque doublé, passant de 3 200 tonnes en 2009 à 6 000 tonnes en 2023.
Le Dr Horsfall a rappelé que le chauffage au bois produit une pollution de l’air nocive, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, incluant des substances cancérigènes. Malgré cette constatation, la pollution liée à cette source a doublé depuis 2009, alors que de plus en plus de foyers installent et utilisent des poêles à bois.
Pour étudier cette question, les chercheurs se sont appuyés sur l’English Longitudinal Study of Aging (ELSA) afin d’examiner le lien entre l’usage déclaré de combustibles solides à domicile en Angleterre et le déclin de la fonction pulmonaire. La fonction respiratoire a été évaluée par la mesure du VEMS (volume expiratoire maximal en une seconde).
L’étude a montré que, malgré un profil initial plus sain et un taux de tabagisme plus faible chez les utilisateurs de poêles à bois, le déclin de la fonction pulmonaire sur huit ans était plus rapide chez ces derniers que chez les non-utilisateurs, quel que soit le milieu socio-économique et le type de logement. Ces résultats suggèrent un lien important entre l’usage de combustibles solides et la dégradation respiratoire. Selon le Dr Horsfall, les niveaux élevés de particules provenant des poêles endommagent les tissus respiratoires et provoquent une inflammation, de manière similaire à la fumée de cigarette.
Référence : Abstract no: PA5850 “The rising threat of domestic wood burning to Europe’s respiratory health: A case study using longitudinal data from England and Wales”, by Laura Horsfall et al ; 30 September 2025
Rédaction Hélène Joubert, journaliste (décembre 2025)