60 % des personnes ayant un trouble du sommeil présentent une somnolence excessive
Longtemps sous-estimée, la somnolence est désormais reconnue comme un signal d’alerte, un indicateur précoce d’altération de la vigilance, de la performance et de la santé mentale. L’INSV – Institut national du sommeil et de la vigilance – a choisi d’en faire le sujet central de son enquête annuelle 2025 OpinionWay *, réalisée en partenariat avec la Fondation VINCI Autoroutes. Qu’en retenir ?
À l’occasion de la 25ᵉ Journée du sommeil, ce vendredi 14 mars, l’étude 2025 de l’INSV met en évidence une réalité préoccupante : depuis 2020, l’état de santé mentale des Français, en particulier des jeunes adultes, s’est dégradé tandis que la somnolence a progressé.
Face à des rythmes de vie toujours plus intenses, une utilisation massive des outils numériques et des horaires de sommeil décalés, les Français dorment en moyenne trop peu, avec des conséquences directes sur leur vigilance et leur bien-être psychique. L’enquête révèle que plus d’un quart des adultes souffrent de somnolence, un phénomène particulièrement marqué chez les jeunes adultes, les travailleurs de nuit et ceux aux horaires irréguliers. Autre constat marquant : la progression du nombre de personnes souffrant d’anxiété et/ou de dépression. L’INSV considère qu’il est urgent de rechercher l’existence de troubles psychiques chez les personnes qui se plaignent de somnolence, afin de leur proposer une prise en charge globale adaptée.
Les habitudes de sommeil des Français 😴
- En semaine, les Français dorment en moyenne 7 heures par nuit et 7h38 le week-end. Près d’un quart dort moins de 6 heures par nuit, un temps de sommeil insuffisant.
- Une tendance au coucher de plus en plus tardif. En semaine, l’heure moyenne du coucher est passée à 23h11 et à 23h55 le week-end. Le lever est lui aussi légèrement retardé : 6h30 en semaine et 7h45 le week-end.
- Malgré ces horaires décalés, la durée de sommeil s’est allongée, les Français s’endormant plus rapidement qu’en 2024 (31 minutes en semaine contre 37, et 32 minutes le week-end contre 40). En moyenne, ils dorment désormais 7 heures par nuit en période de travail (contre 6h42 en 2024) et 7h38 le week-end ou en congés (contre 7h25).
- 73 % des Français se réveillent la nuit, avec en moyenne deux réveils nocturnes. Ce phénomène touche particulièrement les femmes et les 50-65 ans.
- Seuls 46 % des Français se disent satisfaits de la qualité de leur sommeil, tandis que plus d’un quart souffre de somnolence, un taux qui atteint 36 % chez les 18-24 ans. Ces chiffres montrent que les besoins en sommeil restent largement non couverts.
Somnolence diurne : quand le manque de sommeil nous rattrape

👉 26 % des Français souffrent de somnolence, dont 7 % de forme sévère. Ce phénomène touche davantage les jeunes adultes (18-24 ans), les travailleurs de nuit et les personnes au sommeil irrégulier.
La somnolence se manifeste de différentes façons : une envie irrépressible de dormir à certains moments de la journée, une somnolence plus ou moins continue, ou encore des difficultés à se réveiller le matin ou après une sieste (inertie du sommeil). Ses effets négatifs sur les performances cognitives (troubles de l’attention), l’humeur (irritabilité, nervosité) et le risque d’accidents, y compris au volant, sont largement documentés par les études.
La somnolence excessive, chez près de 60 % des personnes ayant un trouble du sommeil
- Peu de Français se disent somnolents. Cependant, lorsque l’on se fie à l’échelle d’Epworth, plus d’un quart d’entre eux souffrent de somnolence, dont 7 % de manière sévère.
- Les disparités sont marquées : 51 % des personnes dites « du soir« , 52 % des « petits dormeurs » (moins de 6 heures par nuit), 58 % des moins de 35 ans et 59 % des personnes ayant un trouble du sommeil (insomnie, syndrome d’apnées du sommeil, cauchemars récurrents…) présentent des symptômes de somnolence.
La somnolence, un danger au volant 🚗
- 32 % des Français ayant conduit au cours des 12 derniers mois déclarent avoir eu un épisode de somnolence les forçant à s’arrêter. Ce phénomène concerne 46 % des conducteurs parcourant 20 000 km ou plus par an, 45 % des personnes travaillant de nuit, avec des horaires irréguliers ou décalés, et 41 % des personnes souffrant de troubles du sommeil.
- Ces chiffre corroborent ceux d’une autre enquête, pilotée par le Pr Pierre Philip, chef du service universitaire de médecine du sommeil du CHU de Bordeaux, menée auprès de 13 187 conducteurs abonnés au télépéage**. Elle révélait que près d’un tiers des conducteurs (29 %) avaient vécu au moins un épisode de somnolence sévère au cours de l’année. Parmi ces derniers, 40 % ont signalé avoir frôlé un accident ou en avoir eu un en raison de la somnolence.
Somnolence et santé mentale, un lien avéré
Un Français sur quatre souffrant de somnolence présente également des symptômes d’anxiété ou de dépression. 60 % des personnes en dépression chronique ont des troubles du sommeil. Pourtant, moins d’un Français sur 4 fait spontanément le lien entre somnolence et souffrance psychique.
💬 Le Pr Jean-Arthur Micoulaud, psychiatre, neurophysiologiste et médecin du sommeil au CHU de Bordeaux, explique : « En psychiatrie, nous savons que les troubles du sommeil et ceux de la santé mentale sont intimement liés, l’un favorisant l’autre et inversement, mais nous devons encore découvrir les mécanismes physiopathologiques conjoints. »
Pour s’informer sur le sommeil, connaître et partager les actions prévues : www.journeedusommeil.org
Références
* Enquête OpinionWay menée du 6 au 16 décembre 2024 selon la méthode des quotas auprès de 1000 Français âgés de 18 à 65 ans représentatifs de la population française.
*Étude « Somnolence sur autoroute » – CHU de Bordeaux – Fondation VINCI Autoroutes – 2024
Hélène Joubert, journaliste