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Dr Jean-Claude Cornu : « Au contact du public de la Foire de Verdun, pour dépister les maladies respiratoires et sensibiliser sur leurs facteurs de risque »

« J’adore ces opérations ! », affirme Dr Jean-Claude Cornu, chef du service de Pneumo-Phtisiologie au Centre Hospitalier de Verdun Saint-Mihiel en Lorraine, et délégué régional de l’association Santé respiratoire France. Il revient de la Foire de Verdun (septembre 2024) où il tenait un stand baptisé « Prenez le temps de souffler ». Il s’explique : « Il est parfois nécessaire de contourner les parcours habituels pour atteindre directement le grand public. Les personnes souffrant d’une maladie respiratoire sans le savoir doivent être dépistées. De même, celles dont les mauvaises habitudes les exposent à devenir potentiellement malades doivent être sensibilisées. »

Souvent, le temps manque en consultation médicale. En tout et pour tout, patient et médecin ne disposent que d’une quinzaine de minutes, les sujets abordés sont forcément limités. Le médecin n’a pas toujours le temps de creuser, d’explorer, de réfléchir. « C’est pourquoi, dans une certaine mesure, nous effectuons ici, sur le terrain, le travail de dépistage que les médecins généralistes n’ont pas toujours le temps de réaliser, justifie le Dr Cornu. Le but n’est pas de le court-circuiter, mais bien de dépister les patients qui n’arriveraient pas forcément jusqu’à lui ! »

Le Dr Cornu plébiscite ce contact direct, sur le terrain, en l’occurrence ici la Foire de Verdun, et il « continuera à organiser ce genre d’actions aussi longtemps que possible, car elles sont enrichissantes. Elles permettent de rencontrer des personnes qui ne sont pas forcément malades, mais qui peuvent ensuite en discuter avec leurs proches et leur médecin. Cela constitue un excellent moyen de sensibiliser le public, de l’inciter à se faire dépister, ou à le diriger vers les soins lorsqu’un problème est détecté. En résumé, il s’agit de sensibilisation, d’information et de dépistage. »

Concernant le dépistage, « on recherche principalement des signes de problèmes respiratoires – essoufflement, toux – ou des facteurs de risque, précise-t-il. Le dépistage est effectué en réalisant une spirométrie. Pour ce test de mesure des capacités respiratoires, l’individu souffle dans un petit appareil, comme pour éteindre les bougies de son gâteau d’anniversaire. Cet examen permet de détecter différentes pathologies. Bien sûr, notre principal objectif reste la bronchopneumopathie chronique obstructive ou BPCO, surtout chez les fumeurs, mais nous pouvons aussi repérer des conséquences respiratoires chez les personnes atteintes d’obésité, ou suspecter des pathologies plus rares. Nous parlons également d’asthme, même si dans ce cas, la spirométrie est le plus souvent normale en dehors des crises. »  

De l’importance des opérations de terrain….

« Mesurer, en quelques secondes seulement, le taux de monoxyde de carbone dans l’air expiré, c’est encore plus impactant que la spirométrie, estime le Dr Cornu. Ce qui m’a surpris, c’est que le public était bien plus impressionné par les résultats du test du monoxyde de carbone que par les anomalies de la spirométrie. Il faut bien admettre que, souvent, on reste un peu sur notre faim avec la spirométrie, car la majorité des fumeurs ne présente pas de troubles respiratoires notables. Seuls environ 20 % d’entre eux ont une anomalie du souffle. D’autres seront victimes d’un infarctus, d’un cancer, d’un accident vasculaire cérébral (AVC), etc. mais ne développeront pas nécessairement une BPCO. »

En revanche, un taux de monoxyde de carbone élevé interpelle fortement. « Lorsque je leur explique que c’est le même gaz qui tue lors d’intoxications avec un chauffe-eau, ça les surprend, déclare le pneumologue, et cela ouvre immédiatement la discussion sur les effets néfastes du tabac, les conséquences, finalement assez méconnues. Pour eux, le tabac rime surtout avec le cancer, mais ils n’ont pas suffisamment conscience de la toxicité du monoxyde de carbone sur le plan cardiovasculaire. »

« Nous avons essayé de promouvoir l’activité physique. Comment je m’y suis pris ? En affichant un poster dessiné par l’artiste et graphiste “Kapi”, qui explique l’importance de l’activité physique, mais avec un focus sur la sédentarité, ce que je trouve pertinent. Car avant de dire aux personnes qu’elles devraient faire du sport, il est plus facile de leur suggérer d’éviter la sédentarité. C’est moins contraignant et plus facile à accepter. »

Kapi a autorisé le Dr Cornu à utiliser cette affiche, qui inclut désormais les logos de Santé respiratoire France et de l’Hôpital de Verdun Saint-Mihiel. Le graphisme ludique attire l’œil, quel que soit l’âge. Le Dr Cornu a même commandé à l’artiste une nouvelle affiche présentant des moyens pratiques pour éviter la sédentarité, comme marcher régulièrement, se lever toutes les deux heures pour préparer un café, ou encore répondre au téléphone debout. L’affiche suscite de nombreuses questions sur la sédentarité. « Les gens comprennent mieux qu’il ne s’agit pas nécessairement de faire trois heures de sport par semaine, souligne le pneumologue, mais simplement de bouger au moins une demi-heure par jour, ce qui est accessible à beaucoup d’entre nous. »

Si Jean-Claude Cornu revient satisfait de son opération de terrain à la Foire de Verdun, il reste néanmoins un peu sur sa faim : « le seul inconvénient de ces actions, c’est que l’on ne touche pas toujours le bon public. Je veux dire que certaines personnes viennent juste pour « jouer », comme souffler dans le spiromètre ou faire du vélo, sans prendre la démarche au sérieux. Beaucoup de non-fumeurs sont venus s’amuser à se comparer, tandis que les fumeurs hésitent à se prêter à un vrai dépistage. Mais malgré cela, nous réussissons à convaincre certaines personnes de se faire dépister. Cette année, sur 160 spirométries réalisées, nous en avons eu une quinzaine d’anormales, dont au moins trois BPCO avancées. Ce sont des patients que nous avons convoqués en consultation. C’est un peu moins que l’année dernière. » Car pour toucher le plus grand nombre, il est convaincu qu’il faut se placer au cœur de la foire, entre les stands des vignerons et ceux des jacuzzis, à un carrefour stratégique pour mieux attirer les fumeurs et les curieux. 

« Cette année, le fait de bénéficier d’un emplacement dans un grand hall dédié à la santé s’est révélé quelque peu contre-productif, regrette-t-il, attirant plutôt des personnes déjà soucieuses de leur santé ou intéressées par les petits cadeaux distribués. Malgré tout, l’impact médiatique a été important, avec au moins trois reportages vidéo et des passages à la télévision locale. Le département a également produit une vidéo, et cela va se prolonger avec des actions sur les réseaux sociaux. » Pour 2025, il a déjà demandé à être de nouveau placé parmi les commerçants et artisans, un emplacement bien plus judicieux pour atteindre une population plus large.

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