Selon l’organisation mondiale de la Santé (OMS), la culture du tabac nuit à la santé, à celle des agriculteurs mais aussi à la planète car l’ingérence de l’industrie du tabac se manifeste par les tentatives de remplacement de la culture du tabac, contribuant ainsi à la crise alimentaire mondiale.
👉 La campagne actuelle de l’OMS « Cultivons des aliments, pas du tabac » vise à encourager les divers gouvernements des pays producteurs de tabac à mettre fin aux subventions accordées à la culture du tabac et à utiliser les économies réalisées pour aider les agriculteurs à passer à des cultures plus durables qui améliorent la sécurité alimentaire et la nutrition. Il s’agit également de sensibiliser les communautés de cultivateurs de tabac aux avantages que présente l’abandon de cette culture au profit de cultures durables* mais aussi de dénoncer les efforts déployés par l’industrie pour entraver la recherche de moyens de subsistance durables.
Combien de gouvernements s’engageront ?
L’OMS compte bien compter les points car l’enjeu est crucial : aujourd’hui, nous atteignons le chiffre record de 349 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë. Ces personnes vivent dans 79 pays, souvent des territoires à revenu faible ou intermédiaire, dont plus de 30 sont situés sur le continent africain. Ces pays ont bien souvent également comme point commun de consacrer de vastes terres fertiles à la culture du tabac plutôt que d’aliments sains. Or, la culture du tabac a des répercussions sanitaires, environnementales et sociales qui ont souvent une incidence défavorable sur l’économie des pays producteurs. Dans bien des cas, les devises tirées des exportations de tabac servent à importer des aliments. La culture du tabac crée des problèmes de santé chez les cultivateurs et leurs employés et entraîne des pertes irréversibles de ressources précieuses telles que sources d’eau, forêts, plantes et espèces animales. La culture du tabac est à l’origine d’environ 5 % de la déforestation totale.
Tourner la page du tabac est très difficile. En effet, l’industrie du tabac sait comment empêcher les cultivateurs d’opter pour des cultures de remplacement, tout simplement en les faisant tomber dans le piège de l’endettement. L’industrie du tabac les maintient dans une situation de dépendance, par exemple en leur prêtant de l’argent ou en leur fournissant le nécessaire pour ces cultures (semences ou produits agrochimiques). Ils se retrouvent ainsi dans un cercle vicieux d’endettement, souvent du fait de contrats passés avec l’industrie du tabac, et sont dans l’incapacité d’obtenir un prix juste pour leurs produits. Les sociétés productrices de tabac agissent ainsi en profitant du manque de crédit rural.
* Les plants de tabac et les produits chimiques utilisés dégradent le sol et il est plus difficile de pratiquer la culture intercalaire (qui consiste à faire pousser à proximité étroite deux espèces différentes ou plus). Appauvri, le sol n’offre pas les nutriments essentiels à une agriculture productive.
Cultiver le tabac dégrade la santé des agriculteurs. Pourquoi ?
Les risques encourus par les personnes qui cultivent le tabac sont nombreux, en particulier la “maladie du tabac vert”.
👉 Un cultivateur de tabac sur quatre est touché par cette forme d’intoxication à la nicotine, absorbée par la peau lors de la manipulation des feuilles de tabac.
Elle se manifeste par des symptômes tels que nausées, vomissements, vertiges, maux de tête, transpiration abondante, frissons, douleurs abdominales, diarrhée, asthénie (faiblesse généralisée), essoufflement, etc. Les cultivateurs de tabac sont aussi exposés chaque jour à la poussière de tabac et à d’autres pesticides chimiques. Un cultivateur de tabac qui plante, cultive et récolte peut absorber des quantités de nicotine équivalentes à 50 cigarettes par jour ! De plus, il ramène souvent chez lui des substances nocives (corps, vêtements, chaussures, etc.), engendrant une exposition secondaire pour sa famille, ses enfants. De plus, les maladies broncho-pulmonaires sont fréquentes chez les producteurs de tabac car ils inhalent de grandes quantités de fumée de tabac pendant le séchage. Enfin, les populations vulnérables sont très exposées dans ce type de culture ; les femmes et les enfants étant souvent les plus représentés parmi les travailleurs du tabac. D’après les estimations, 1,3 million d’enfants dans le monde participent à la culture du tabac.
Source visuel : OMS, campagne 31 mai 2023