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14 mars 2022 : bas les masques, mais solidaires des personnes fragiles

« Avec près de 100 000 nouveaux cas par jour en France, je garderai mon masque même après la levée des restrictions sanitaires ! » Ce commentaire reçu par Santé respiratoire France laisse transparaître les craintes des personnes vulnérables à la Covid-19, dont font partie les personnes malades respiratoires chroniques. Car à partir d’aujourd’hui, la présentation du passe vaccinal et le port du masque ne sont plus exigés dans la plupart des lieux collectifs (hors hôpitaux et EHPAD). Une liberté retrouvée, mais redoutée des personnes fragiles, comme les immunodéprimées et celles qui sont très âgées et/ou ayant des maladies chroniques sévères, dont respiratoires.

14 mars 2022. Après une 5e vague de Covid-19 d’une ampleur inédite, la situation sanitaire s’améliore depuis plusieurs semaines. Alors que les contaminations sont en hausse en France, la pression hospitalière diminue progressivement, permettant la levée des plans blancs et une reprise progressive des activités programmées dans les lieux de soins. Dans ces conditions, et alors que les modélisations scientifiques sont encourageantes, le gouvernement a pris de nouvelles mesures d’allègement qui s’appliquent aujourd’hui.

  • En métropole, la présentation du passe vaccinal sera suspendue dans la majorité des lieux publics (restaurants, bars, discothèques, cinémas, théâtres, salles de spectacle, stades, foires et salons, transports interrégionaux…). En revanche, le passe sanitaire (présentation d’une preuve vaccinale, d’un test négatif ou d’un certificat de rétablissement) sera maintenu à l’entrée des hôpitaux, des maisons de retraite et des établissements pour personnes handicapées.
  • Ce jour signe également la fin du masque obligatoire dans tous les lieux, sauf dans les transports collectifs. Le port du masque reste toutefois recommandé pour les personnes positives et les cas contacts à risque, les personnes symptomatiques et les professionnels de santé.
La protection solidaire
Frédéric Le Guillou, président de Santé respiratoire France : « Cette ouverture risque d’isoler encore plus les plus fragiles. Le bon sens voudrait que le port du masque reste recommandé pour toutes les personnes immunodéprimées dont les transplantées, à l’extérieur de leur domicile en milieu fermé (avec un masque FFP2), ainsi que pour leurs proches, en sus des mesures barrières. C’est le cas aussi pour les personnes insuffisantes respiratoires sévères et ayant des comorbidités et/ou qui sont âgées. Ces personnes fragiles ne doivent pas baisser la garde. Leur entourage non plus, qui doit continuer à se faire tester si besoin. Le masque reste la règle dans tous les établissements de santé y compris en consultation externe pour le moment. Il faut focaliser les efforts de protection sur les personnes fragiles, plus qu’on ne le fait actuellement. C’est pour elles une vie d’angoisse et de confinement depuis deux ans, et dont on ne voit pas la fin. »

Comme un goût de liberté enfin retrouvée… Mais pas pour tout le monde

Cette levée prochaine des restrictions est par ailleurs favorisée par la couverture vaccinale élevée dans l’Hexagone. 78 % des Français sont double-vaccinés et 53 % triple-vaccinés. Alors que la vaccination est au point mort (environ 40 000 injections quotidiennes), les centres de vaccination, ouverts début 2021, ferment les uns après les autres. Selon la direction générale de la Santé (DGS), la disparition des vaccinodromes interviendra fin mars.

L’incitation vaccinale n’est pas abandonnée pour autant, il s’agit de protéger via l’immunité collective les 19,6 % de Français non-vaccinés et ceux dont l’organisme ne répond pas au vaccin. Et parmi eux, les personnes immunodéprimées qui peinent à synthétiser des anticorps en dépit de multiples injections, et qui ont payé un très lourd tribut à la pandémie (décès, séquelles, déprogrammations des soins, suspensions des greffes). Ils sont environ 300 000 en France : greffés, dialysés, transplantés, atteints de certains cancers ou prenant des traitements qui affaiblissent leur système immunitaire. Ces « immunodéprimés » sévères sont depuis le début de la crise de la Covid-19 considérés comme « à très haut risque ». Et contrairement à ce qu’il en est pour une majorité, l’arrivée du variant Omicron, extrêmement contagieux mais moins dangereux, n’a rien arrangé. Pour environ 30 % de ces personnes très vulnérables, la vaccination n’apporte aucun anticorps. Et lorsque des anticorps sont synthétisés au moyen du vaccin, la protection demeure largement inférieure à celle du reste de la population. En cas de contamination, le risque de décès est bien plus élevé que dans la population générale. Actuellement, si les personnes non vaccinées sont majoritaires dans les services de réanimation et soins intensifs, les patients avec une défaillance immunitaire sévère sont aussi surreprésentés : ils forment actuellement, dans certains hôpitaux, jusqu’à 30 % des malades hospitalisés pour Covid-19 en réanimation ou en soins intensifs, alors qu’ils ne pèsent que 0,3 % de la population française.

Ce qu’en pensent les plus fragiles…

Deux ans après le début de cette crise sanitaire cauchemardesque, le passe vaccinal s’éloigne, l’on redécouvre les visages des commerçants et de ses collègues… Une épidémie en reflux, mais qui ne rassure pas les personnes avec des défenses immunitaires affaiblies, qui sont de plus en plus inquiètes. « Trop prématuré », « Décision incohérente », « On nous exclut de la vie sociale », « Protégez-nous », « Cette décision arrive trop tôt », « J’ai un peu peur, car le virus est toujours là », « Je ne vois personne, je n’ai pas envie de mourir », « Je vis recluse et dans un stress permanent », « Je ne sors plus », « Chaque sortie peut être mortelle », « Nous sommes les grands oubliés », « Notre survie repose sur le comportement de tous »… Leurs mots sont parfois très forts.

Ce retour au monde d’avant est jugé trop prématuré pour certains, qui viennent d’endurer deux ans d’auto-confinement. Les personnes fragiles, à risque de forme sévère, sont les personnes âgées, ayant des maladies associées, surtout lorsque celles-ci ne sont pas équilibrées ; celles souffrant d’une maladie auto-immune ou sous traitement immunosuppresseur, comme les personnes ayant reçu une transplantation ou une greffe, etc. Dans un tweet du 28 février, le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran appelait à la vigilance vis-à-vis des plus fragiles : « Cet assouplissement des contraintes ne signifie pas absence totale de vigilance, notamment envers nos concitoyens immunodéprimés et fragiles. Restons prudents. »

Cette population se sent abandonnée face à la violence de l’épidémie, dans une France qui recommence à vivre sans eux.

Une 4e dose de vaccin contre la Covid-19 pour les très fragiles
 
Aujourd’hui, en France, les patients sévèrement immunodéprimés doivent effectuer une 4e dose de vaccin contre le Covid-19. Conformément à l’avis du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV) de novembre dernier, les personnes sévèrement immunodéprimées concernées par la 4e dose sont :
 
-Personnes transplantées d’organes solides,
-Personnes transplantées récentes de moelle osseuse,
-Personnes dialysées,
-Personnes atteintes de maladies auto-immunes sous traitement immunosuppresseur agressif de type anti-CD20 ou anti-métabolites,
-Personnes atteintes de certains types de lymphomes traités par anti-CD20 ou inhibiteurs de BTK,
-Personnes atteintes de leucémie lymphoïde chronique,
-Personne atteintes de formes rares de déficits immunitaires primitifs,
– Personnes atteintes de myélomes sous traitement.

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