Lors de la semaine du 7 février 2022, la forte médiatisation du remplacement jugé trop lent par les autorités sanitaires de certains ventilateurs et appareils de pression positive continue (PPC) Philips défectueux a créé une vague d’inquiétudes et d’interrogations légitimes de la part des patients utilisateurs de ces machines. Vous avez été nombreux à nous solliciter à ce propos. L’association Santé respiratoire France est particulièrement vigilante sur l’évolution de la situation. A ce stade des connaissances, elle appelle à ne pas céder à la panique, à poursuivre son traitement, conformément aux recommandations de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et de la Société de pneumologie de langue française (SPLF).
Une dégradation de la mousse insonorisante
Ce dossier a débuté à la mi-2021, à la suite de la découverte d’effets potentiellement délétères liés à la dégradation de la mousse insonorisante à l’intérieur d’appareils de PPC et de ventilateurs de marque Philips. En se dégradant, avec le temps, la chaleur et l’humidité ou un mode de nettoyage non approprié de l’appareil, celle-ci relargue des composés organiques volatiles (COV).
Sur ce lien vous trouverez la liste des appareils concernés
En cas d’exposition aux particules de mousse dégradée, les risques potentiels identifiés par Philips sont une irritation (peau, yeux et voies respiratoires), une réaction inflammatoire, des maux de tête, de l’asthme, des effets indésirables sur d’autres organes (reins, foie, etc.), une toxicité et des risques cancérigènes. De plus, en cas d’exposition à des composés organiques volatils, les risques potentiels comprennent : maux de tête/étourdissements, irritation (yeux, nez, voies respiratoires, peau), hypersensibilité, nausées/vomissements, toxicité et risques cancérigènes. Cependant, à ce jour, Philips n’a reçu aucun signalement d’impact sur les patients résultant de ce risque (ou supposé l’être).
Dès juin 2021, Philips a lancé un rappel mondial de plusieurs modèles fabriqués avant le 26 avril 2021, dont 370 000 en France. La société s’était également engagée à remplacer les appareils concernés en France. Force est de constater que le plan de remplacement n’a, à ce jour, que peu progressé. En effet, au 4 février 2022, la société Philips Respironics n’avait remplacé que 7 % des appareils défectueux.
Santé respiratoire France déplore l’alarmisme ambiant et soudain de cette affaire, laquelle est suivie au plus près par les autorités sanitaires, les sociétés savantes et les associations de patients concernées.
Ne pas interrompre le traitement sans avis médical
L’association, conformément aux recommandations rassurantes formulées par la Société de pneumologie de langue française (SPLF) ainsi que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), appelle les personnes concernées à poursuivre le traitement avec la machine PPC indiquée notamment dans les apnées du sommeil, le temps que le matériel soit remplacé. En effet, tout arrêt de traitement, sans avis médical, peut présenter à court terme un risque avéré pour la santé, par exemple une somnolence à l’origine d’accidents de la circulation et du travail, un surrisque cardiovasculaire, ou encore une aggravation de l’insuffisance respiratoire. Les premières études ne mettent pas en évidence de surrisque de cancer lié à l’utilisation des ventilateurs et appareils de PPC concernés.
Les pneumologues et les prestataires de santé à domicile sont tenus de prendre contact avec les patients usagers des appareils Philips devant être remplacés, afin d’organiser la réparation ou la substitution de l’équipement, selon la disponibilité du matériel.
En cas de céphalées, d’irritation (peau, yeux, voies respiratoires), de réactions inflammatoires, de toux, de pression thoracique, d’asthme et d’infection des sinus, voire d’autres symptômes pouvant être liés à l’utilisation du dispositif, contactez votre médecin.
Pour aller plus loin sur la conduite à tenir
Une procédure et une évaluation scientifique suivies de près
Jeudi 11 février, l’ANSM a prononcé une mesure de police sanitaire à l’encontre du fabricant Philips afin de le contraindre d’une part à accélérer le changement des machines défectueuses et, d’autre part à conduire des recherches sur les risques sanitaires supposés.
En savoir plus sur cette décision
L’ANSM a également annoncé réunir prochainement un comité d’experts, composé de professionnels de santé, de scientifiques et d’associations de patients, pour permettre d’évaluer les risques lié à l’utilisation de ces machines et faire évoluer si besoin les conduites à tenir.