Si quelque 620 000 kits d’aide à l’arrêt au tabac ont été distribués par les partenaires de l’opération “Moi(s) sans tabac”, entre le 1er et le 30 novembre, on notera la très faible mobilisation des professionnels de santé sur le sujet, à l’exception des pharmacies d’officine, qui ont été 17 000 à participer à l’opération. Au total, le site “Moi(s) sans Tabac” a enregistré le 30 novembre un peu plus de 180 000 participants. Un succès en demi teinte qui aura eu pour mérite principal de lancer un mouvement en faveur de l’arrêt du tabac plutôt que contre la cigarette.
La ministre de la Santé évoque dans son communiqué de fin d’opération “une forte mobilisation des professionnels de santé et des partenaires”. Dans les faits, si les pharmaciens d’officine, en première ligne avec les patients, semblent avoir réellement joué le jeu, les autres professionnels de santé, sans préjuger de leur engagement personnel au sein de leur lieu d’exercice, ont purement et simplement boudé l’opération “Moi(s) sans Tabac”. L’Alliance contre la tabac, qui a lancé un Appel des 100 000 en direction des professionnels de santé, n’aura ainsi recueilli que 5091 signatures, avec un compteur qui affichait fin novembre “il manque encore 94 909 signatures”. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été encouragés à le faire par la présidente de l’Alliance, Mme Michèle Delaunay, que l’Association BPCO a eu le plaisir et l’honneur d’accueillir pour sa 9è Rencontre du Sénat, le 10 novembre dernier.
Selon le bilan dressé par le ministère de la Santé, plus de 100 partenaires nationaux et plus de 3000 partenaires régionaux se sont engagés dans cette opération fortement relayée par les médias. Le dispositif “Tabac info service” a reçu plus de 15 000 appels en octobre et novembre sur sa ligne téléphonique (39 89), soit une augmentation de 35 % par rapport à la même période en 2015. Le nombre de visiteurs du site internet tabac-info-service.fr a été multiplié par 4, avec 1,3 million de visites, de mi-octobre à mi-novembre. Il faudra attendre quelques jours pour connaitre la fréquentation du site sur l’ensemble du mois de novembre. Par ailleurs, plus de 72 000 fumeurs se sont inscrits sur la nouvelle application de coaching Tabac Info Service. Enfin, les participants se sont également mobilisés sur les réseaux sociaux pour partager le vécu de leur arrêt du tabac : la page Facebook a compté jusqu’à 10 000 interactions par semaine et a bénéficié de 69 328 likes. l’opération s’est achevée, mais Tabac Info Service reste ouvert sur Internet pour aider les fumeurs.
Lancement d’une action pilote
Reste désormais à poursuivre cette opération par d’autres voies. Car selon l’étude parue dans le journal spécialisé Heart, les fumeurs de moins de 50 ans sont huit fois plus susceptibles que les non-fumeurs du même âge d’avoir une crise cardiaque majeure. “Fumer est peut-être le plus puissant de tous les facteurs de risque, dont l’effet s’exerce beaucoup plus tôt que tout autre”, notent les auteurs de l’étude. Cette nouvelle alerte sur les risques du tabac devrait inciter les fumeurs à consulter leur médecin traitant, voir au-delà un pneumologue ou un tabacologue, pour mesure l’âge de leur poumon. La ministre de la Santé a récemment rappelé qu’une convention l’objectifs et de gestion Etat-Assurance-maladie 2014-2017 confiait à l’Assurance-maladie (la CNAMTS) le développement d’un programme de prévention et de repérage de la BPCO, en renforçant le rôle du médecin traitant dans la prévention des maladies chroniques, dont la BPCO.
Une action pilote de détection précoce de la BPCO sera ainsi lancée en 2017 sur 3 département. Les assurés devraient être repérés pour être orientés vers le médecin généraliste possédant un spiromètre et les généralistes sont invités de leur côté à repérer dans leur patientèle les patients susceptibles d’avoir une BPCO. Ces nouvelles actions traduisent la nécessité de poursuivre “Moi(s) sans tabac” par d’autres canaux. Car la bataille contre la BPCO et son corollaire, la lutte contre le tabagisme, sont loin d’être achevées.
Jean-Jacques Cristofari