La FFEPGV est une fédération sportive pas comme les autres, pouvez-vous expliquer en quoi ?
La FFEPGV – 135 ans d’histoire, 410 000 licenciés, 5 000 clubs et 6 500 animateurs – se pose comme fédération leader dans le domaine du sport-santé. Elle a établi sa position de première fédération non compétitive et se classe septième parmi les fédérations françaises. Ce statut découle du fait qu’elle a été pionnière dans l’introduction du concept de sport-santé, et a développé l’intégralité de son fonctionnement autour de celui-ci. La FFEPGV est donc une fédération sportive tout en étant un organisme de formation. Sa structure ressemble à celle des autres fédérations nationales, comprenant des comités départementaux et des clubs. Cependant, ce qui la distingue est que ses ligues fonctionnent également en tant qu’organismes de formation. Ainsi, la FFEPGV est en mesure de dispenser des formations internes, en lien avec le concept de sport-santé.
Quel est l’objectif de la FFEPGV ?
Notre objectif est de guider nos adhérents vers un mode de vie actif et sain, aligné autant que possible sur les recommandations de la Haute Autorité de Santé. Les 4 piliers du sport-santé sont les suivants : renforcement musculaire / souplesse / équilibre / capacité cardiorespiratoire.
Nous encadrons un large public, du bébé jusqu’au senior ainsi que les personnes ayant des limitations fonctionnelles minimes. Pour les tout-petits, nous nous concentrons sur la relation parent-enfant, l’éducation motrice et le vivre-ensemble. Pour les adultes, adolescents et seniors, notre attention se porte sur l’optimisation ou le maintien de leurs capacités physiques.
Les clubs peuvent être créés en interne ou provenir d’organisations qui choisissent de s’affilier à la fédération, adhérant ainsi à notre philosophie. Nous proposons des formations tant pour les responsables que pour les employés, afin de les familiariser avec le mouvement sport-santé selon l’esprit de la FFEPGV.
Comment êtes-vous connus du public ?
Notre renommée dans le domaine médical découle principalement de notre travail effectué depuis environ 10 à 15 ans, notamment dans le domaine de l’activité physique et du cancer, qui débute immédiatement après l’annonce de la maladie au patient. Ce programme (Gym’Aprés Cancer®), reconnu scientifiquement par des professionnels de la santé et des centres hospitaliers, a contribué à notre réputation de sérieux et d’expertise. Nous avons également des programmes reconnus comme Diabète et surpoids et Acti’March®.
Cependant, en ce qui concerne le sport sur ordonnance, nous rencontrons les mêmes défis que d’autres acteurs. Actuellement, la majorité de nos participants viennent vers nous par le biais de la confiance et du bouche-à-oreille, plutôt que par prescription médicale. Cela s’explique en partie par le manque de directives homogènes pour les médecins concernant l’orientation des patients vers ces programmes, malgré l’existence d’outils et de réseaux dédiés. Nous observons que le lobbying et la communication des différentes instances influencent la manière dont les médecins orientent leurs patients vers ces programmes.
Quel est le mode de financement des clubs de la FFEPGV ?
Notre modèle économique, soutenu par nos 410 000 licenciés, nous permet de tisser un réseau territorial solide et de proposer des tarifs attractifs. Il est évident que nos licences au sein de la FFEPGV ne sont pas comparables à celles demandée par les fédérations du tennis ou du golf.
Concernant les activités physiques adaptées, en particulier dans le cadre du sport sur ordonnance, nous nous efforçons de trouver des solutions et des partenariats avec les municipalités, les ARS, et d’autres acteurs locaux pour rendre les programmes de 12 semaines financièrement très accessibles, voire gratuits, afin de susciter l’intérêt pour l’activité physique. Nous proposons des coûts très abordables pour un premier programme de 12 semaines.
Un second levier important est notre maillage territorial étendu. En France, nous avons souvent un club à proximité, ce qui réduit la distance entre les individus et leur club. Nous sommes conscients que cette proximité influe considérablement sur la motivation, ce qui fait de ce maillage territorial un élément clé pour encourager les personnes à s’engager dans ces programmes.
Comment, selon votre expérience, mettre le pied à l’étrier pour l’activité physique ?
Pour inciter les personnes, en particulier celles relevant du régime de l’ALD, à débuter une activité physique et à maintenir cette pratique dans la durée, nous menons certes des actions de sensibilisation, mais la majorité vient à nous par le biais du bouche-à-oreille, souvent initié par d’autres licenciés.
Le premier levier de motivation, comme mentionné précédemment, réside dans le coût et la proximité. Le deuxième levier essentiel est le groupe. Nos licenciés soulignent souvent que c’est cela qui les motive le plus. Lorsque nous leur demandons quelle est leur principale motivation, ils répondent souvent que c’est le groupe, les interactions avec les autres membres. Cela crée une dynamique d’entraide et de soutien, ce qui est particulièrement marqué dans les programmes Sport sur Ordonnance. Même s’ils ne partagent pas toujours la même pathologie, ils sont tous concernés par une condition médicale. La cohésion du groupe joue un rôle majeur dans leur engagement, particulièrement dans le contexte des programmes d’activité physique adaptée. Ils viennent aussi pour retrouver leurs amis et programmer des activités physiques, comme des marches ensemble, ce qui les motive à augmenter progressivement leur niveau d’activité physique.
Un autre levier important pour stimuler la motivation envers l’activité physique est notre expertise. Nous sommes en mesure de montrer à ces personnes ce dont ils sont capables. Nous administrons des tests de condition physiques, et des évaluations motivationnelles et de niveau de sédentarité dès le début de leur engagement dans l’activité. Cela leur permet de rapidement constater leurs progrès, non seulement sur le plan physique mais aussi dans leur ressenti quotidien. Nous mettons également l’accent sur la confiance en soi et l’estime de soi, des éléments qui les incitent à revenir, car ils réalisent qu’ils peuvent s’améliorer et se sentir mieux.
Un dernier levier crucial, lequel selon les retours est de plus en plus apprécié, est notre engagement en matière d’éducation à la santé. Bien que notre cœur de métier soit l’activité physique, nos animateurs sont formés pour transmettre des informations liées à la santé. Nous avons développé divers outils concernant entre autres l’alimentation, le stress, le sommeil… Nos animateurs disposent de ressources telles que des podcasts et des fiches à partager avec les pratiquants. Cette approche est très appréciée, car parfois, les pratiquants découvrent des éléments, comme l’importance d’une alimentation équilibrée ou les bienfaits de la cohérence cardiaque, améliorant ainsi leur sommeil ou la gestion de leur stress, de leur anxiété. Ils trouvent ainsi des avantages supplémentaires en plus de l’activité physique.
Quelles sont les clés d’une pratique durable de l’activité physique adaptée ?
Nous accordons une grande importance à l’accompagnement, surtout pour ceux qui adhèrent à un programme sur prescription médicale. Nous avons mis en place ce que nous appelons le « pack sport santé », une approche pour rendre l’activité physique plus accessible, alignée sur les recommandations de notre autorité de santé.
Concrètement, pour respecter ces recommandations, une personne devrait participer à 2 séances par semaine encadrées par un professionnel, mêlant éducation et autonomie. Cela fait partie de notre objectif d’instaurer des changements durables dans leurs habitudes de vie et de les éduquer pour qu’elles pratiquent de manière autonome.
Cependant, nous comprenons que chaque individu a ses propres besoins et capacités. Nous ne dirions pas à une personne en surpoids avec de l’asthme qu’il faut atteindre ces objectifs dès le début. L’idée est de les guider progressivement vers cet idéal, en les encourageant à progresser tout en respectant leurs limitations.
Pour nous, la pratique sur le long terme est primordiale. Nos deux principaux leviers pour maintenir leur engagement sont le groupe et l’animateur. Le groupe offre un soutien et une motivation, mais parfois, ils ont besoin de sortir de ce cadre pour des raisons personnelles, notamment par qu’elles ne sont plus malades ou ressentent moins le poids de la maladie. C’est là que l’animateur intervient en tant que pilier essentiel. Nous avons constaté que la fidélité des pratiquants est souvent liée à la relation qu’ils établissent avec leur animateur. C’est cette relation avec le groupe et l’animateur qui est la clé de la réussite pour favoriser leur engagement et instaurer une pratique à long terme.
Quelles compétences possèdent les animateurs de la FFEPGV ?
Nos animateurs, qui s’occupent de personnes atteintes de maladies chroniques, sont formés spécifiquement pour cela. Ce ne sont pas des professionnels de santé à l’origine, mais des animateurs que nous avons formés pour prendre en charge ce public. Nous avons conçu une formation appelée « module commun APA » qui a l’équivalence du diplôme « Activité physique sur prescription médicale ». Cette formation a été reconnue par le ministère des sports et de la santé, validée et intégrée dans un décret officiel. Nous mettons l’accent sur la partie médicale en premier lieu, en veillant à la sécurité des pratiquants, puis nous travaillons sur l’adaptation des séances en fonction de chaque pathologie et ses limitations associées et des recommandations de la Haute Autorité de Santé. A ce jour, nous avons formé environ 1 400 animateurs à travers le territoire.
Nous sommes actuellement en train de déployer un système de collecte de données, car nous avons l’intention de mener une étude scientifique pour évaluer l’impact de notre « pack sport santé » sur les personnes souffrant d’affections de longue durée. Nous prévoyons de présenter les résultats chiffrés de cette évaluation d’ici à 3 ans.
Quels sont vos messages aux patients vis-à-vis de l’APA à la FFEPGV, aux politiques, et aux médecins prescripteurs du sport sur ordonnance ?
Mon message à l’attention des personnes susceptibles de nous rejoindre est le suivant : « N’ayez aucune appréhension, venez expérimenter par vous-même ». Ce sont les mots d’une pratiquante qui résume parfaitement l’expérience. Nous savons gérer vos inquiétudes, et vous ressentirez des améliorations. Aux politiques, je serais plutôt directive : « Organisons-nous pour faciliter l’accès à cette pratique, communiquons de manière coordonnée, et mutualisons nos moyens financiers ». Et aux médecins, je dirais : « Découvrez la FFEPGV, et vous saurez où orienter vos patients. N’ayez pas d’inquiétude, nous savons ce que nous faisons ». J’ai conçu un Carnet de suivi du pratiquant, un outil qui facilite la communication entre l’animateur et le pratiquant et qui fait le lien avec le médecin, en intégrant des données sur les conditions physiques ainsi que des conseils pratiques sur l’alimentation, la cohérence cardiaque, l’échauffement, et les échelles d’intensité pour mieux gérer l’effort. C’est un guide pour le pratiquant, mais c’est aussi un excellent outil pour les médecins. Le médecin peut ainsi voir les tests de condition physique réalisés au début et à la fin du programme. Sur cette base, il échange avec le pratiquant, apprécie le sérieux de notre approche et constate la qualité des conseils santé et du suivi. C’est un moyen pour le médecin de s’armer d’informations tangibles, et d’adapter sa communication pour apporter davantage de motivation et de réassurance.
Pour en savoir plus. https://ffepgv.fr
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