« En vie « réelle », un objectif hebdomadaire en matière d’activité physique est plus adapté à la pathologie respiratoire qu’une pratique quotidienne. »
La grande majorité des personnes insuffisantes respiratoires qui ont répondu à l’enquête (88 %) considèrent l’activité physique comme bénéfique et sans danger. De manière intuitive, parce que l’on manque de données sur ce sujet, je pense que ce chiffre est bien supérieur à ce que l’on pourrait recueillir en population générale, les répondants étant a priori plus sensibilisés que les autres : ils ont potentiellement reçu une éducation thérapeutique, voire suivi une réadaptation respiratoire. Et pourtant, 44 % des répondants n’ont jamais entendu parler de l’activité physique adaptée (APA).
Concernant la fréquence de la pratique de l’activité physique, 27 % des répondants déclarent une activité quotidienne, et 45 % plusieurs fois par semaine. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de pratiquer au moins 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée ou 75 minutes d’activité intense chaque semaine, réparties sur au moins trois jours. Or, on entend trop souvent des messages de santé publique ou provenant de soignants qui insistent sur une pratique « quotidienne ». Attention, pour les patients respiratoires, cette fréquence n’est pas pertinente. En effet, dans l’enquête on constate une augmentation significative du nombre de personnes qui pratiquent de l’activité physique, de l’ordre de 20 %, lorsque l’on passe à une pratique hebdomadaire et non plus quotidienne. Cela correspond à une réalité. Il est donc essentiel d’inclure l’idée que, lorsqu’on parle d’activité physique adaptée, l’adaptation ne concerne pas exclusivement les exercices eux-mêmes, mais aussi le rythme. Un patient atteint de troubles respiratoires éprouve une fatigue accrue les jours où il pratique une activité physique. Par conséquent, il a besoin de jours de repos pour récupérer. La fréquence la plus adaptée est celle de la semaine, incluant des jours « off » indispensables pour récupérer et envisager de reprendre la pratique. Insister auprès des patients sur une pratique quotidienne, comme la consigne de marcher tous les jours comme je l’ai déjà souvent entendu de la part de soignants, est contre-productif. Ce qui part d’une intention louable et positive est, dans la vraie vie, au mieux inaccessible, et au pire décourageant et culpabilisant.
Un autre constat tiré de l’enquête est qu’une écrasante majorité des répondants, entre 85 et 90 %, sont d’accord sur l’importance de trois éléments fondamentaux : la prescription médicale incitative, la prise en charge financière de l’APA, et le besoin d’enseignants en APA dans chaque club.
En ce qui concerne les principaux obstacles à l’APA du côté des patients, le premier est l’essoufflement, suivi en deuxième position par les conditions atmosphériques. Surmonter ces obstacles passe par l’aide des associations de patients, l’éducation thérapeutique et la réadaptation respiratoire. Ces approches permettent d’acquérir des connaissances théoriques et pratiques sur la manière de réaliser des exercices, y compris à domicile, par exemple lorsqu’il fait froid dehors. Car l’activité physique est à mon sens trop souvent connotée « grand air » ou « marche », etc. La réadaptation respiratoire, et en particulier à domicile, permet d’ancrer la pratique de l’activité physique adaptée dans le lieu de vie. »
Enquête Santé respiratoire France 2023 : « L’activité physique chez les patients atteints de
maladies respiratoires chroniques » (RespiLab)
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