La réponse n’est pas si évidente, selon l’enquête nationale COCONEL pour « COronavirus et CONinement : Enquête Longitudinale », réitérée régulièrement depuis le début du confinement.
Cette enquête en ligne déployée par l’institut de sondage IFOP auprès d’un panel d’un millier de personnes représentatif de la population française adulte explore divers aspects de la crise actuelle. Conduite par un consortium de chercheurs de l’unité mixte de recherche (UMR) Vitrome (Vecteurs – Infections TROpicales et MEditerranéennes), du Centre d’investigation clinique Cochin-Pasteur (Paris), de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) et de l’Observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’étude COCONEL* vise à suivre plus spécifiquement la réponse psychologique, émotionnelle et comportementale de la population française à l’épidémie de COVID-19 et au confinement. Outre l’étude des signes de détresse psychologique, ou les troubles du sommeil, etc., COCONEL a posé la question de l’acceptabilité par la population d’un éventuel vaccin contre le Sars-CoV-2 (vague 1, 27-29 mars 2020*).
Contre toute attente, il apparaît que les Français seraient plutôt réservés à l’égard d’un éventuel vaccin.
Un quart des Français refuseraient de se faire vacciner
Ce refus est plus fréquemment exprimé par les femmes (31 %, contre 21 % des hommes), les employés et les ouvriers (33 % et 30 %, contre 25 % parmi les professions intermédiaires, 16 % parmi les cadres et professions intellectuelles supérieures), ou encore par ceux qui estiment que le confinement est une mesure excessive par rapport à la gravité réelle de l’épidémie (38 %).
Ces opinions peuvent être reliées aux comportements vaccinaux antérieurs : 11 % de ceux qui ont été vaccinés contre la grippe saisonnière cet hiver refuseraient ce vaccin, contre 32 % de ceux qui ne l’ont pas été.
22 % des personnes vulnérables refuseraient la vaccination
Enfin, du point de vue de l’âge, le refus du vaccin concerne davantage les jeune entre 26 et 35 ans (39 %). Toutefois, dans la mesure où le COVID-19 est plus dangereux pour les plus âgés, il est inquiétant de constater qu’ à ce jour, 18 % des 66-75 ans et 22 % des plus de 75 ans refuseraient le vaccin.
Néanmoins, globalement, un vaccin est très attendu en France. Une situation paradoxale dans un pays où 40 % de la population déclarait en 2016 douter de la sûreté des vaccins ** où, face à une flambée épidémique de rougeole on est réticent à utiliser un vaccin dont l’efficacité et la tolérance ne sont plus à démontrer, et où 50 % des personnes invitées à se faire – gratuitement – vacciner contre la grippe omettent de le faire***. « Cette pandémie aura peut-être eu un mérite, reconnaît le Pr Daniel Floret, vice-président de la Commission technique des vaccinations attachée à la Haute autorité de santé, celui de faire prendre conscience que la gestion des maladies infectieuses transmissibles est difficile en l’absence de vaccin. C’est bien grâce aux vaccins que nous n’avons plus à gérer ce genre de situation pour la diphtérie, la poliomyélite et bien sûr la variole, maladies oubliées. »
Hélène Joubert
* École des hautes études en santé publique (EHESP)
*** https://www.mesvaccins.net/web/news/15315-covid-19-un-vaccin-va-t-il-nous-sortir-d-affaire
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