Les actus

« Conseiller en environnement intérieur, une mission de terrain »

Martine Ott, conseillère en environnement intérieur

Martine Ott travaille depuis 1991 aux côtés du Pr Frédéric de Blay, responsable du service d’allergologie, d’asthmologie et de pathologie respiratoire de l’environnement (Hôpitaux universitaires de Strasbourg). Elle encadre le diplôme interuniversitaire de Santé respiratoire et habitat *, obtenu par 220 conseillers depuis sa création en 2001.

A quelles mesures procédez-vous au domicile des patients ?

M. Ott : « Comme les patients reconnaissent difficilement la présence de moisissures ou d’autres allergènes et toxiques dans leur domicile, le médecin peut s’appuyer sur un conseiller en environnement intérieur. Celui-ci saura repérer toute pollution intérieure à l’origine de problèmes respiratoires, d’origine allergique mais aussi non allergique (phénomène irritatif par les composés organiques volatils émis par les peintures et les parfums d’intérieur ou encore les moisissures). Nous intervenons au domicile du patient sur prescription médicale, et la visite dure près d’une heure et demie. Dans un souci d’efficacité et d’exhaustivité, nous avons conçu un questionnaire sur tablette, qui nous permet de passer en revue les habitudes tabagiques, l’utilisation de parfums d’intérieur (qui sont tous irritants), les produits d’entretien usuels, les systèmes de ventilation et leur entretien, le mode de chauffage, l’aération à l’aide d’un appareil qui mesure le taux de CO2, témoin du renouvellement d’air dans une pièce, la température des pièces et le degré d’humidité, deux facteurs qui influencent la présence de moisissures et d’acariens. Afin d’évaluer la présence d’allergènes d’acariens, nous disposons d’un système pour prélever la poussière et la tester (Acari-test®)**, lequel permet de connaître la contamination de manière semi-quantitative. Pour estimer la présence des moisissures, notre odorat nous aide et, si les moisissures sont visibles, nous évaluons la surface moisie. Selon la pathologie du patient, nous pouvons être amenés à prélever et à identifier les moisissures en les prélevant par des scotch-tests ou écouvillonnage. Nous proposons, le cas échéant, les moyens pour remédier à la présence de moisissures (entretien du système de ventilation, travaux d’isolation, habitudes d’aération, limitation des plantes vertes, nettoyage des moisissures à l’eau de javel diluée….). Selon les allergies diagnostiquées, nous pouvons aussi rechercher les allergènes d’animaux vivant ou ayant vécu sur place.

Comment êtes-vous accueillie au domicile des personnes ?

De manière très positive, d’autant que le service est gratuit et que nous nous adaptons à leur emploi du temps. Par ailleurs, nous mettons les patients à l’aise pour qu’ils se sentent toujours chez eux. Nous utilisons par exemple des surchaussures pour ne pas salir et proposons à la personne de changer de pièce à visiter, sans jamais la précéder dans une nouvelle pièce.

Les patients sont très demandeurs d’informations sur les matériaux, les peintures, les étiquetages de produits, et je leur laisse des brochures informatives. L’avantage de se rendre sur place est de personnaliser les informations, les conseils en fonction des lieux et des personnes, par exemple, sur l’aération dans des habitats situés près d’un axe routier, ou encore en cas de saison pollinique (aération tôt le matin ou en fin de journée lorsqu’il y a moins de pollens dans l’air), etc. Nous avons ainsi une vision globale et concrète du logement, d’où notre action efficace car pragmatique et adaptée au cas par cas (par exemple, inverser le sommier tapissier du lit d’une personne allergique contre un autre à lattes utilisé par un familier non allergique, etc.), parfois en trouvant des compromis avec la personne, par exemple pour continuer à vivre avec un animal domestique en dépit d’une allergie à ses poils (nettoyage précis, choix des pièces réservées à l’animal, etc.). De nombreuses solutions ne sont pas coûteuses, voire font économiser de l’argent (comme le fait de diminuer le nombre de produits d’entretiens, etc.). »

* Renseignements sur le DIU : 03 68 85 49 23
** Ott M. et al. Revue Française d'Allergologie Volume 56, Issue 3, April 2016, Page 300

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